Betty Bites Back, anthologie compilée par Mindy McGinnis, Demitria Lunetta et Kate Karyus Quinn.15/9/2019
Publication le 16 Septembre 2019 "Mindy McGinnis" et "Féminisme" dans la même phrase? J'achète. The Female of the Species explore la culture du viol comme peu d'autres donc il ne m'en a pas fallu plus pour piquer mon intérêt, d'autant que j'adore les anthologies et sans blague, vous avez vu cette couverture de taré? Il me fallait ce bouquin. Un grand merci à Xpressobooktours et NetGalley pour m'avoir envoyé un exemplaire numérique gratuit! J'ai adoré. Sur les 16 nouvelles du recueil, seules deux ou trois ne m'ont pas tapé dans l’œil, ce qui est un ratio plutôt exceptionnel vu mon niveau d'exigence. Déjà, j'aimerais dire un mot sur cette couverture que je trouve extra. J'adore le style comic book d'horreur vintage et je le trouve parfaitement approprié pour le contenu du livre. Le dessin, les couleurs, la police, je suis complètement fan. 16 auteures, donc, et la seule que je connaissais déjà était Mindy McGinnis. Comme je l'ai déjà mentionné, c'était suffisant pour m'intéresser et j'avais hâte de découvrir les 15 autres auteures qui ont participé à cette anthologie. Vous connaissez la musique: quelques lignes sur chaque nouvelle, sans spoiler, une note pour chacune, et j'en profite pour mentionner d'autres textes féministes que les auteures citent dans un petit paragraphe à la fin de leur nouvelle. Vagina Dentata, de Mindy McGinnis Si on voit cette nouvelle comme une nouvelle seule, c'est plutôt décevant. Dans une anthologie féministe à tendance horrifique, l'idée d'un vagin entouré de dents, c'est de l'or en barre niveau inspiration. Et pourtant, tout ce qu'on a, c'est une scénette au sujet d'une femme qui va chez un médecin pour s'en faire poser. D'un autre côté, si on considère Vagina Dentata comme l'introduction de l'anthologie, ça a du sens. C'est la première nouvelle, celle où la femme prend les armes et se prépare à riposter. J'aime le symbolisme, même si je me sens quand même flouée d'une histoire bien gore où un violeur se ferait trancher le pénis. On va dire 7/10, parce que même si je comprends l'idée, je trouve quand même que le potentiel du thème est gâché. Texte féministe cité: No Immediate Cause, de Ntozake Shange. You wake with him beside you, de Cori McCarthy Wow. Je ne suis vraiment pas branchée poésie mais ce texte m'a beaucoup touchée. J'adore la comparaison entre l'homme et un bernard-l'ermite, qui s'introduit dans la coquille de sa partenaire et s'y installe comme un parasite. J'ai trouvé que ça illustrait parfaitement l'évolution d'une relation étouffante et toxique. 8/10. Un angle de vue un peu déstabilisant mais fin et subtil. Textes féministes cités: tous ceux nominés par le Amelia Bloomer Project. The Weight of Iron, d'Amanda Sun Ooooooh now we're talking. J'ai adoré. De l'héroïne blâmée accusée de sorcellerie parce que les hommes la désirent au soutien inexistant de la femme de son agresseur qui préfère rejeter la faute sur elle, en passant par "l'ami" qui l'abandonne quand ça devient difficile pour lui, j'ai tout aimé. J'admets quand même ne pas avoir complètement compris la fin et c'est dommage parce que le début était canon de chez canon. Mais j'aime l'idée que les femmes se soutiennent mutuellement et tirent leur pouvoir de leur communauté et si le détail m'échappe un peu, je pense que c'est ce qui s'est passé ici. 7.5/10. Un très bon début, mais la fin me laisse perplexe. What she left behind, d'E. R. Griffin WOW. OK, celle-là, elle était vraiment cool. J'ai adoré cette histoire de fantôme revenu pour venger son propre meurtre, et cette chute digne des meilleures nouvelles. Les raisons du meurtre auraient mérité qu'on prenne un peu plus le temps de les explorer pour les amener plus subtilement, parce que la rapidité avec laquelle on les évoque fait qu'elles paraissent un peu bancales, mais il y avait de l'idée et l'écriture est au point. C'est d'autant plus apprécié qu'il s'agit apparemment du premier texte publié par l'auteure. Bravo! 9.5/10. C'est bien écrit et maitrisé. Auteure féministe citée: Shirley Jackson. After the Foxes have their say, de Tracie Martin Celle-ci a demandé une relecture, mais j'ai beaucoup aimé aussi. On sort de la nouvelle pour entrer dans un conte et même si la symbolique m'échappe un peu, le style d'écriture est très plaisant. Un petit OVNI délicat, ça change un peu sans détoner dans le paysage. Pourquoi pas. 8/10. Je n'ai pas tout compris, mais c'est joliment écrit. Auteure féministe citée: Shari S. Tepper. Shadows, de Demitria Lunetta Probablement une des nouvelles les plus abouties du recueil. J'aime beaucoup la manière dont cette société de femmes impacte la vie du personnage principal. L'auteure a su rendre son évolution et son intégration progressive très subtilement et j'apprécie aussi que cette société n'ait pas été présentée comme parfaite. La nôtre ne l'est pas non plus, de toute façon. 9/10. Original, et un joli pied de nez à ceux qui disent que les femmes ne peuvent pas vivre sans les hommes. Auteures féministes citées: Margaret Atwood et Octavia E. Butler @Theguardians1792, de Jenna Lehne Je vais commencer par dire que je ne cautionne pas les actes des Guardians, MAIS. J'ai surkiffé cette nouvelle. @TheGuardians1792 combine deux éléments qui sont sûrs à 99% de me plaire, à savoir les retours de karma en pleine poire et les personnages moralement douteux. Mon seul regret serait qu'on passe un peu rapidement sur l'opinion du personnage principal pour que la fin soit plus naturelle. Ceci dit, le concept même du groupe de justicières qui a des ramifications suffisamment étendues pour réagir aussi vite et aussi fort en représailles d'actes misogynes, ça me botte. 9.5/10. J'adore l'idée, même si je trouve la progression un peu brusque. Aucun texte féministe n'est cité cette fois, mais dans le même genre, je recommande The Black Coats, de Colleen Oakes. Gravity, de Kyrie McCauley Sympa mais pas inoubliable, et un peu hors sujet. Il y a bien une tentative pour raccorder la malédiction avec la protection contre les hommes, mais je trouve qu'elle manque de logique. Du coup, c'est pas mauvais, mais je ne pense pas que je m'en rappellerai dans quelques semaines. 4/10. Désolée, c'est mignon, mais pour moi c'est hors sujet. Texte féministe cité: Her Body and other parties, de Carmen Maria Machado The Guardrail Disappears, de Melody Simpson Standing ovation. J'ai adoré du début à la fin. Je suis toujours impressionnée quand un auteur réussit à faire rentrer toutes les infos importantes dans un texte court sans pour autant pénaliser l'intrigue mais Melody Simpson y est arrivée avec beaucoup d'élégance. L'histoire de cette mère étouffante a tout ce que je pouvais espérer. De la tension, du cran, une fin dans les règles de l'art, ... Non, vraiment, je pense que c'est ma préférée de tout le recueil. 10/10. Rien à redire. Auteures féministes citées: Toni Morrison et Octavia Butler. Good Sister, Bad Sister, d'Azzurra Nox J'ai vraiment aimé celle-ci aussi. L'auteure dit s'être inspirée de Ginger Snaps, qui est sur ma liste de films à regarder, et le concept du beau visage qui peut cacher les ténèbres les plus sombres me plait beaucoup. La relation entre les deux sœurs me parait aussi plutôt réaliste (même si, étant fille unique, je ne suis pas experte en la matière) et cette rivalité constante qui s'efface quand l'une a désespérément besoin de soutien, ça me touche. Bref, j'adore. Et promis, je vais me trouver Ginger Snaps. 9.5/10 Textes féministes cités: The Handmaid's Tale, de Margaret Atwood, I Capture the Castle, de Dodie Smith, The Bluest Eye, de Toni Morrison, The hidden face of Eve, de Dr Nawal El Saadawi, et A Thousand splendid suns, de Khaled Hosseini. Vigilante Lane, de S. E. Green Celle-ci m'a un peu moins plu. Je trouve qu'on allait loin dans la violence, limite le sadisme, même si une Dexter au féminin sera toujours intéressante. Je ne sais pas ce qui m'a manqué exactement, peut-être que je n'ai pas suffisamment ressenti la colère du personnage principal, peut-être que la torture évoquée m'a dérangée, toujours est-il que je suis sortie de cette nouvelle plus écœurée que satisfaite. 6/10, mais pour le coup, je pense que c'est au moins en partie une question de goût. We have but lingered here, de Liz Coley Une histoire de fantômes et de théâtre, qui passe crème. Josh est un petit con pour l'instant, mais Jules ne laisse pas son comportement l'empêcher de remarquer son talent et j'ai bon espoir qu'il apprendra dans le futur. Ne pas faire de lui l'antagoniste principal était un bon choix. Ceci dit, je trouve dommage d'avoir eu autant d'exposition pour si peu d'action. La scène de fin était super cool, mais aurait mérité une scène de plus pour avoir le fin mot de l'histoire. 8/10. Il y a une idée très intéressante, mais je suis restée sur ma faim. Pour le coup, la fin ouverte l'est un peu trop à mon goût. The Whispers, de Lindsay Klingele Si vraiment on me mettait le couteau sous la gorge pour choisir une préférée, c'est celle-ci que je choisirais. C'est une histoire à vous coller le frisson, que je verrais bien être racontée autour du feu en camping. Le visuel correspond parfaitement aux murmures fantomatiques. Le glissement progressif de l'ambiance au fur et à mesure qu'on essaye de réduire ces femmes au silence est exécuté avec maestria, j'adore. On commence avec ce qui ressemble à une fiction historique tranquille pour s'enfoncer de plus en plus dans l'obscurité au point de terminer sur de l'horreur totale. Y a pas une fausse note, je suis à genoux. 10/10. Une histoire terrifiante et parfaitement construite, qui a tout ce qu'il faut pour devenir une nouvelle légende urbaine. Texte féministe cité: The Power (le Pouvoir), de Naomi Alderman. Smile, d'Emilee Martell Oh dear, c'était génial. Court mais parfaitement maitrisé. Si comme moi vous faites partie des nombreuses femmes qui en ont marre qu'on leur demande de sourire pour être plus jolies dans la rue, vous allez adorer cette bouchée d'horreur grotesque et d'humour macabre. Chapeau bas. 10/10. Rien à redire, c'est parfait. Potluck, de Kamerhe Lane Complexe et subtile. Tout est dans le sous-entendu avec une mise en page originale et l'exploration de ce que chaque plat représente dans la vie des femmes qui l'ont préparé. Des vies en apparence agréables, qui cachent un mal être particulier pour chacune. Le titre est on ne peut plus approprié parce que ces paragraphes du POV des différentes femmes présentes sont eux-mêmes un potluck. 9/10. J'ai mis du temps à prendre mes repères mais j'aime beaucoup. Textes féministes cités: Gertrude talks back, de Margaret Atwood, et Trainwreck: The Women we love to hate, mock, and fear... and why, de Sady Doyle. The Change, de Kate Karyus Quinn Une nouvelle parfaite pour clôturer l'anthologie. L'apparition de moyens de défense "naturels" chez les femmes au moment de la puberté est une idée intrigante et la réponse des hommes à cette évolution me parait tristement plausible. Les Soldats d'Adam existent déjà, en fait. Ils agressent les femmes qui refusent leurs avances, envoient des menaces de viol et de mort aux féministes qui les dénoncent via les réseaux sociaux, tournent les peurs légitimes des femmes en dérision, ... Mais les femmes ne se laissent plus réduire au silence et même s'ils n'en sont que plus violents, les femmes ripostent de plus en plus. Comme dans la nouvelle, la révolution est en marche: les femmes ne seront plus des proies. 9/10. On termine l'anthologie sur l'espoir que le féminisme gagnera la guerre contre la misogynie. Je valide sans hésitation. Textes féministes cités: Bet Me, de Jennifer Crusie, et Lord of Scoundrels, de Loretta Chase. Ma note 9/10, à mettre dans les mains de tous ceux qui aiment leur féminisme un peu macabre. Parfait pour Halloween. Je pense que je vais me commander un exemplaire, et peut-être même en offrir à Noël.
0 Commentaires
Laisser une réponse. |
Prochains articles:
White Smoke, de Tiffany D. Jackson.
Nos Jours Brûlés, de Laura Nsafou, en lecture commune avec:
Cadeau Muhayimana Moune La Booktillaise pour le Café Lithéraire Oddball, de Sarah Andersen.
Exemplaire numérique envoyé par Andrews McMeel Publishing (merci à eux!) Catégories
Tous
Archives
Décembre 2022
|