Pour être honnête, je n'avais même pas lu le résumé avant de précommander Boy Queen. J'en ai entendu parler juste après avoir avalé l'intégrale de Rupaul's Drag Race, avec le peu de All Stars et Untucked disponible sur Netflix, j'en voulais encore, donc quand j'ai compris que Boy Queen était une histoire de drag queens racontée par une drag queen, je n'ai pas cherché plus loin. Et quand j'ai reçu mon exemplaire, j'ai plongé dedans avec plus d'enthousiasme que Picsou dans ses pièces d'or. Sans être le roman de l'année, je trouve que Boy Queen est fun, plein d'humour et d'optimisme. TW pour homophobie et agression homophobe, par contre. Je pense que l'auteur est fan de Rupaul's Drag Race aussi, à en juger par le nombre d'expressions qui en viennent. Et je ne parle pas uniquement du lexique drag, dont la narration est truffée, ou du nombre incalculable de références qui y sont faites, je parle d'expressions comme le "brown cow stunning" de Monique Heart (RPDR saison 10). Les fans de la série aimeront avoir une vision plus approfondie de ce que peut représenter la scène drag. Ceux qui sont déjà plus expérimentés dans ce domaine, en revanche, y trouveront pas mal d'infodumping inutile parce que destinées aux novices. C'est le revers de la médaille: je pense que même si George Lester est lui-même une drag queen, son roman s'adresse plus à des fans "touristes" que des natifs. Si le drag fait déjà partie de votre culture, les moments d'apprentissage de Robin ne vous apprendront sans doute pas grand chose. Pour ma part, j'ai apprécié de voir passer plusieurs autres formes de drag, avec des femmes drag queens, des drag queens trans et même des drag kings (ce qui manque cruellement dans RPDR) et ça m'a donné envie d'en savoir plus. Robin, donc, est notre personnage principal. Il arrive à la fin du lycée et voit ses rêves de grandes écoles de théâtre s'écraser au sol devant lui, puis se tourne vers le drag après avoir vu un spectacle pour son anniversaire. Honnêtement, je suis un peu surprise qu'il n'ait pas tout de suite fait le rapprochement entre le théâtre et le drag dès le départ, parce que c'est une forme de performance sur scène qui rejoint exactement ce qu'il pratique déjà. Mais ce qui rend son initiation importante, c'est qu'il prend en assurance au fur et à mesure qu'il pratique. Comme dit Mama Ru, le drag ne transforme pas qui on est, il révèle qui ont est. C'est exactement ce que Robin vit dans Boy Queen. Il sait déjà qui il est, plus ou moins, mais s'investir dans le drag est ce qui lui donne l'assurance de l'assumer Spoilers! Un autre point intéressant dans le roman aurait pu être son amitié avec Natalie, mise à mal par sa nouvelle obsession pour le drag. En tout cas, c'est comme ça qu'elle le décrit. Ceci dit, je ne suis pas tout à fait convaincue par ce qu'elle lui reproche. Est-ce qu'il passe tout son temps avec Kaye? Oui. Parce qu'il a un temps très, très court pour monter tout un numéro et ça demande du boulot. Et ce n'est pas non plus comme si c'était une lubie, il s'agit d'un job payé et la situation financière de la mère de Robin n'est pas suffisamment aisée pour refuser une telle opportunité de se faire un peu d'argent et un début de réseau qui pourrait en rapporter plus dans l'avenir. En revanche, je trouve que la relation de Robin avec sa mère est très touchante. Je la trouve très émouvante, en particulier la manière qu'elle a de soutenir son fils inconditionnellement, même si parfois, elle se laisse dépasser par ses angoisses à l'idée que le reste du monde ne soit pas aussi ouvert. Je n'ose pas imaginer à quel point elle a dû avoir peur quand Robin s'est fait agresser pendant l'été et la possibilité que ça se reproduise est plus qu'elle ne peut supporter. Alors oui, ça la pousse à prendre des décisions discutables, comme interdire à Robin de faire son numéro, mais quand il désobéit, elle est tout de même au bar pour l'admirer sur scène et l'applaudir. Greg aussi a droit à une mention parce que même si je comprends le besoin de Robin de protéger Connor, la colère et la frustration de Greg sont parfaitement compréhensibles. Son meilleur ami s'est fait agresser deux fois par les mêmes personnes, et Robin en fréquente un? Moi aussi, je pèterais un plomb et je passerais mon temps à lui conseiller de le larguer une bonne fois pour toutes. Et Dieu merci, il l'a fait! Et pour les bonnes raisons, en plus. Robin mérite mieux que ce que Connor est prêt à lui offrir, et Connor a ses propres problèmes liés à sa sexualité à régler avant d'entrainer qui que ce soit avec lui. Seth, par contraste, semble plutôt à l'aise avec qui il est et surtout, il soutient Robin dans ses décisions. Jamais il ne l'a rabaissé ou ne s'est moqué de lui, il est derrière lui à 100%, sans aucune réserve. #BoyfriendGoals. Et ce qui est encore mieux, c'est qu'on n'a pas de triangle amoureux inutile ou de tromperie. Robin a mûri, compris que la situation dans laquelle il était n'étais pas saine et décidé de se protéger. C'est tout ce que j'espérais pour lui, et Seth est un bonus agréable. Bref, c'est sympa, et je trouve qu'il y aurait même matière à faire une suite, quelques mois plus tard, pour faire le point sur l'évolution des personnages. Tous ont un chemin devant eux et ça me plairait de savoir ce qu'ils deviennent. Ma note 7.5/10. C'est très fourni en explications mais l'intrigue est sympa et les personnages tiennent la route. Ceux qui, comme moi, découvrent plus ou moins le drag avec Rupaul's Drag Race seront ravis. Le mois prochain J'ai choisi Le Dernier Juif d'Europe, de Joann Sfar.
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