Encore un livre du mois relativement connu, non seulement grâce à l'adaptation au cinéma de Henry Selick (réalisateur entre autres de L’Étrange Noël de Mr Jack), mais aussi grâce à son auteur, Neil Gaiman. J'étais dubitative, je l'avoue. J'avais déjà eu l'occasion de lire Neil Gaiman sans en sortir convaincue. L’Étrange Vie de Nobody Owens m'avait laissée avec beaucoup de questions sans réponses et ne m'avait pas suffisamment plu pour que je m'intéresse aux autres œuvres de l'auteur. Du coup, quand on m'a reparlé de ses livres en des termes très élogieux, j'ai décidé de lui redonner une chance et Coraline s'est naturellement imposé à moi. Eh bien j'ai le regret de vous annoncer que je n'ai pas non plus accroché à Coraline. L'intrigue était prometteuse, mais ce n'est pas passé. Déjà, partout où je m'étais renseignée sur Coraline, on me le décrivait comme un nouvel Alice au Pays des Merveilles. C'est même écrit sur le quatrième de couverture de mon édition. Les gens étant prompts à faire des comparaisons pas toujours appropriées (combien de fois ai-je entendu "Roméo et Juliette avec des vampires" pour décrire Twilight?), je me suis dit que c'était le principe de la réalité alternative qui leur faisait dire ça. Mais il n'y a pas que la petite fille qui se retrouve propulsée dans un autre monde, il y a des références un peu partout. Le miroir, l'absence de noms, le chat, ... De manière générale, les références externes nombreuses me dérangent, parce que ça biaise ma lecture. Plus il y a d'éléments qui renvoient à d'autres œuvres, plus je suis distraite de l'histoire que je lis, ce qui me conduit à ne plus remarquer ce qui s'y passe et à manquer des éléments importants. C'est le cas pour ma lecture de Coraline, et c'est probablement une des raisons qui ont fait que je n'ai pas réussi à accrocher. A force de clins d’œil à Alice au Pays des Merveilles, j'ai été distraite de l'intrigue et d'un axe capital: le fait que les enfants ne sont jamais écoutés/ crus par les adultes. L'auteur insiste pourtant bien sur ce point avec les personnages que Coraline doit sans cesse reprendre sur son prénom, mais c'est un détail qui ne m'est revenu qu'en écrivant. Et c'est dommage, parce que c'est un thème intéressant. Le fait que la narration se fasse du point de vue de Coraline aurait dû me faire réaliser ce point dès le départ. Mais au lieu de voir une petite fille incomprise par ses parents, je ne voyais qu'une gamine hyperactive et enquiquinante qui ne peut pas se tenir tranquille plus de quelques minutes. Ma distraction a fait que moi non plus, je n'ai pas écouté Coraline et je suis passée à côté d'une bonne partie du roman parce que je ne l'ai pas comprise. C'est extrêmement rageant de s'en rendre compte a posteriori. Et maintenant, ATTENTION SPOILERS jusqu'au prochain titre. Autre thème intéressant que j'ai loupé: celui de l'amour maternel et l'opposition entre le réel et celui fantasmé par Coraline. L'autre mère n'est pas stupide. Je ne sais pas pourquoi elle a besoin de se nourrir d'enfants ni si elle les aiment vraiment, mais elle a une manière bien rodée pour les attirer, si on se fie aux fantômes que Coraline a rencontrés dans le placard. Elle ne cherche ni à forcer l'amour de Coraline, ni à l'acheter. Elle se contente de lui faire miroiter l'amour et l'attention dont elle pense manquer. Coraline voit en l'autre mère tout ce qu'elle aimerait que sa propre mère soit (un point souligné dans le film de Selick par la ressemblance entre les deux personnages au début et la fonction de la poupée). C'est un point important parce que, si elle est allée enlever les parents de Coraline, elle la laisse venir d'elle-même. Elle ne veut pas que Coraline reste contrainte et forcée, elle veut qu'elle le décide. C'est dans les termes de leur pari. Je vais sans doute un peu loin avec ça, mais je pense que c'est une manière de montrer une version pervertie de l'amour maternel. L'autre mère est passive-agressive: "Je t'aime très fort, tu dois donc m'aimer en retour. Je serai ce que tu as besoin que je sois si tu combles mes propres besoins". Alors que l'amour, maternel ou non, est par nature désintéressé, celui de l'autre mère est égoïste et motivé par sa faim. Coraline finit d'ailleurs par s'en rendre compte et apprécier ce qu'elle a puisqu'elle dit elle-même que sa vraie mère est "formidable, en fin de compte" et elle est bien plus indulgente envers la cuisine de son vrai père à la fin. Coraline a aussi confirmé une impression que j'avais déjà eue avec l’Étrange Vie de Nobody Owens: je n'arrive pas à entrer dans l'univers de Gaiman. Dans les deux livres, j'ai eu cette horrible sensation d'artificiel, comme s'il décrivait l'univers de quelqu'un d'autre. A la réflexion, je pense que là aussi, j'ai eu trop tendance à la comparaison, notamment avec celui de Burton. Certes, ils ont des points communs, mais leurs œuvres sont très différentes. Peut-être que je ne suis pas sensible à Gaiman, ou que j'ai inconsciemment cherché Burton là où il n'a pas à être. Je ne sais pas. J'ai même vu du Labyrinthe de Pan dans la scène avec son autre père dans la cave (le film est sorti plusieurs années après Coraline) donc c'est une possibilité qui n'est pas à exclure. Par contre, autant je veux bien être indulgente pour les éléments que j'ai ratés, autant pour la fin, le coup de la main qui revient, j'ai trouvé ça limite grotesque. Les enfants qui insistent: "Elle a juré sur sa main droite, mais elle a menti." Oui, bon, ça va, on a compris, hein. Il n'y a que Coraline qui n'a pas fait le lien avec la chose bizarre qui la suivait dans le couloir pour rentrer chez elle. En plus, le chat ne parle plus une fois dans le monde réel, pourquoi la main peut continuer à bouger, elle? On en avait fini avec cette histoire, ça n'apportait rien de plus, à part peut-être forcer Coraline à se débarrasser de la clé. Je laisse quand même un bon point pour l'ingéniosité de Coraline, c'était malin de penser au puits. Adaptation J'ai voulu voir le film ensuite pour comparer et j'avoue ne pas avoir grand chose à en dire. Certains changements et ajouts s'incrustent parfaitement dans l'histoire, je l'ai déjà mentionné. C'est une bonne adaptation et j'aime la patte de Selick, même s'il ne fera pas partie de mes films préférés. Ma note Je vais donner 6/10. Beaucoup de potentiel, mais j'ai vraiment été trop distraite par les références à Alice au Pays des Merveilles pour apprécier pleinement ma lecture. On m'a fait remarquer que Coraline, comme Nobody Owens, est un livre jeunesse et que d'autres romans de Gaiman auraient beaucoup plus de chances de me plaire. Je reste sceptique mais pourquoi pas. Et puis ça ne coûte rien de glisser American Gods dans ma PAL. Jamais deux sans trois, non? Le mois prochain J'ai choisi Warm Bodies, d'Isaac Marion, pour Octobre. Halloween oblige. Et je suis curieuse de voir si c'est vraiment un "Roméo et Juliette avec des zombies".
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