Je lorgne sur ce bouquin depuis des mois. Sans blague, une fan de Harry Pot... Pardon, Simon Snow qui écrit de la fanfiction sur son héros préféré et se retrouve un peu paumée en arrivant à la fac, ça me parle énormément. J'étais hyper emballée par le concept depuis le moment où j'en ai entendu parler, donc j'ai sauté sur la première excuse venue pour me l'acheter. Merci le challenge ABFA. Eh ben ça m'est vite passé. Dès les premières pages, je me suis rendu compte qu'en fait, Cath et moi n'avons quasiment rien en commun. Cath n'est pas juste une closeted-fangirl un peu mal à l'aise en société comme je le croyais à la lecture du synopsis, elle a une sorte de phobie sociale et se sert de la fanfiction pour se planquer, comme elle l'admet elle-même lors de son premier cours d'écriture fictive. Elle est terrifiée par l'idée de devoir aller manger au réfectoire au point de ne se nourrir presque exclusivement des barres protéinées qu'elle a stockées dans sa chambre, panique à l'idée de laisser un ami de sa colocataire entrer dans leur chambre pour l'attendre tranquillement à l'intérieur, appelle Wren toutes les cinq minutes, ... Elle présente les symptômes d'une forte anxiété et le seul point commun qu'elle a avec une fangirl, c'est sa passion pour Simon Snow. Rien de plus. Cath n'est donc pas du tout l'héroïne que je voulais en choisissant ce livre, ce qui est dommage parce que c'était justement pour ça que je l'avais choisi. Attention, spoilers. Ce qui m'a tout de suite fait flairer la supercherie, c'est l'absence du fandom. Je vais casser tout de suite le mythe de la geekette exclue parce qu'elle est bizarre: à moins de consommer sa passion au fond d'une grotte, la fangirl n'est pas isolée. Elle fait partie d'un fandom, dont elle rencontre obligatoirement d'autres membres en prenant part à n'importe quelle activité en rapport avec cette passion. Les memes, la fanfiction, les réseaux sociaux, les forums, les conventions, les fan events, et j'en passe. Parce que les fangirls sont enthousiastes et ont envie d'échanger, comme les passionnés de sport ont envie de se réunir pour regarder la Coupe du Monde. Cath, certes, échangeait surtout avec sa jumelle, mais elle a aussi des milliers de lecteurs sur son compte de fanfiction. Il y a des tas de gens avec qui elle pourrait devenir amis, discuter de Simon Snow, organiser des rassemblements, ... Et pourtant, non seulement ces gens "ne comptent pas" aux yeux des autres personnages (ce qui est assez proche de la réalité, je le reconnais), mais en plus, même l'auteure ne fait aucun effort pour les inclure dans l'intrigue. Peut-on vraiment parler d'une fangirl sans même évoquer le fandom auquel elle se rattache? Non. Et le pire? On a une scène où Cath rencontre une véritable fangirl, qui lit Carry On et est venue lui en parler pour partager son enthousiasme parce qu'elle a remarqué le t-shrit qu'elle portait. Voir Cath minimiser son implication dans le fandom face à une vraie fangirl qui a sauté sur l'occasion de partager sa passion avec une autre fangirl m'a confortée dans l'idée que non, Cath n'en est pas une. C'est une fan, point, qui écrit de la fanfiction parce qu'elle aime écrire et se sent plus à l'aise avec l'univers de quelqu'un d'autre parce qu'elle peut se cacher derrière l'auteur. Et c'est tout à fait acceptable, hein, je ne la dénigre pas pour autant, mais on m'avait promis une fangirl et surtout, à aucun moment l'auteure ne détrompe son lecteur, faisant donc passer clairement les fangirls pour des inadaptées sociales aux yeux des profanes. Très mauvais point pour elle. Tant que je suis lancée sur le sujet de Cath, elle ressemble vraiment à une Mary Sue à mes yeux, ce qui est plutôt ironique dans un roman traitant de fanfiction. Elle n’est ni particulièrement jolie, ni particulièrement sociable, drôle ou intéressante de manière générale, pourtant un jeune homme présenté comme adorable et très apprécié s’intéresse tout de suite à elle. Elle est dans une classe d’écriture fictive avancée alors qu’elle est en première année, ce qui sous-entend qu’elle écrit magnifiquement bien, au point qu'un étudiant plus vieux va lui voler "son travail", pourtant elle semble incapable d’écrire autre chose que de la fanfiction (comment diable a-t-elle intégré cette classe au départ ?). Elle termine le roman avec un petit ami, elle a réussi à écrire une nouvelle pour son cours d’écriture, elle s’est réconciliée avec sa sœur, … et tout ça, sans réel effort de sa part. Un roman d’initiation, ça ? Non. J'ai déjà fait la remarque avec Demain est un autre jour: je ne suis pas fan(!) de ces romans où tout tombe tout cuit dans le bec du héros, à plus forte raison quand on me vend le dit roman comme un récit d'initiation. On n'est pas chez Disney. Un autre point qui me fâche : sa prof « méprise » la fanfiction. Je ne l’invente pas, c’est écrit dans le résumé. D'où ça vient? Cath a rendu une fanfic comme devoir et sa prof l’a recalée d'office en disant que c’est du plagiat. Mais d’après Cath, sa prof n’a pas compris ce qu’est la fanfiction. Ah bon ? Parce que la fanfiction reprend les personnages et très souvent les univers d’autres auteurs. Par définition, C’EST une forme de plagiat. Du plagiat autorisé par l’auteur la plupart du temps, certes, mais du plagiat quand même. Et malheureusement pour Cath, rendre un devoir signifie rendre un travail original, ce qui exclut la fanfiction par définition. C'est d'ailleurs ce que sa sa prof essaye de lui expliquer, mais non, Cath ne comprend pas pourquoi elle a eu un F et va même jusqu'à affirmer que c'est sa prof qui a tort et n'a rien compris au principe de la fanfiction. Parce qu'elle est géniale, Cath, elle a beau n'être qu'en première année, elle sait mieux que sa prof de fac. Et je passe sur le film qu'elle s'est fait quand sa prof a demandé à lui parler de son devoir comme quoi c'était sûrement parce qu'elle l'avait sûrement adoré. Bref, sa prof ne méprise pas du tout la fanfiction, elle dit seulement, et à juste titre, que Cath ne peut pas en rendre comme devoir. Mais au lieu de se remettre en question, Cath encaisse mal la remarque et elle a l'arrogance de dire que non, sa prof n'a rien pigé et est complètement injuste envers elle. Il est complètement inenvisageable pour elle de penser qu'elle a pu se planter. Lévi, lui, est un personnage qui a TOUT pour plaire, il est adorable, il a beaucoup d'humour et il adore qu'on lui lise des livres. Il rend sans arrêt service à Cath, qu'elle l'en remercie ou non, et ne lui reproche jamais rien, sauf une fois, vers la fin, de l'ignorer en faveur de Carry On. Une fois. Et il s'en excuse quelques minutes après. Et c'est en partie à cause de ça que j'ai fini par détester Cath. La manière dont elle traite Lévi quand ils se mettent finalement ensemble me choque. Elle lui reproche d'être gentil avec tout le monde, est jalouse du passé de Reagan avec Lévi, lui aboie dessus quand il l'aide à porter son linge sale avec l'argument feminazi suprême "en voulant m'aider, tu insinues que je ne peux pas le faire moi-même". Non. Il sait très bien que tu peux le faire, il a juste voulu être sympa. Rendre service à quelqu'un, peu importe son genre, ce n'est pas sous entendre que la personne est incapable de le faire elle-même, c'est juste lui éviter le désagrément de le devoir. Par gentillesse, pas par pitié ou manque de respect. Et puis se permettre une réflexion sur le Secret de Terabithia parce que c'est un livre jeunesse quand on est obsédé par Simon Snow, c'est quand même l'hôpital qui se fout de la charité. Lévi n'est pas le seul personnage à en faire les frais. Le personnage de Wren est complètement diabolisé. Dès le départ, elle a "trahi" Cath en refusant d'emménager avec elle, ne répond pas à ses dizaines de messages par jour, Cath mentionne même que Wren a coupé ses cheveux sans lui en parler d'abord (quand je pense qu'elle dit ensuite que Wren a passé sa vie à "siphonner son énergie vitale"!). Puis, sa colocataire est stupide, elle se prend des cuites à toutes les soirées possibles jusqu'à en arriver à faire un coma éthylique, sa mère, avec qui elle a renoué contre l'avis de Cath, la plante à l'hôpital, donnant ainsi raison à Cath (évidemment), bref, RIEN de ce qu'elle fait n'est bien jusqu'à ce qu'elle se réconcilie avec sa sœur et ne l'aide avec Carry On. Leur père va même pousser le vice jusqu'à les comparer l'une à l'autre pour passer à savon à Wren, histoire de bien enfoncer le clou. Ce que j'ai compris de ces choix de l'auteure, c'est que Wren ne fait absolument rien de bien quand Cath n'est pas concernée. Je trouve ça d'autant plus injuste qu'il est normal pour Wren de se chercher en arrivant à l'université et qu'au lieu de la soutenir, on la juge sévèrement tant qu'elle ne revient pas vers Cath. Tout le monde fait des erreurs (enfin, sauf Cath...) mais l'auteure prend bien soin d'insister sur celles de Wren en ne mentionnant que rapidement le seul bon choix qu'elle ait fait: son petit ami. Alors que, vous savez quoi? Le même roman, du point de vue de Wren, aurait été un roman d'initiation beaucoup plus intéressant selon moi. Parce que c'est en faisant des expériences et des erreurs qu'on mûrit et que Cath semble n'en faire aucune. J'ai peu de choses à dire de Reagan, ce qui est dommage parce que c'est un personnage que j'ai beaucoup apprécié. Elle est dure envers Cath mais c'est elle qui la pousse à sortir, qui la soutient dans sa relation avec Lévi alors qu'elle a dit clairement que ce ne serait pas facile pour elle, ... En tout cas, au début. Son personnage prend du recul quand la relation entre Cath et Lévi se développe, d'autant que Wren revient dans la vie de Cath peu après, mais je l'aime bien et j'aurais aimé qu'elle ait un peu plus de place à la fin du roman. Le parallèle avec Simon Snow ne m'a pas sauté aux yeux. Je me suis longtemps demandé à quoi servaient ces passages insérés entre les chapitres et c'est seulement en arrivant au dernier quart du livre que j'ai fait le rapprochement. Simon est l'alter ego de Cath. D'une certaine manière, elle vit les mêmes aventures. Ça devient évident sur la fin, lorsqu'on apprend que la Monotonie Rampante est la soif de pouvoir de Simon, de la même manière que Carry On représente le besoin de Cath de se cacher des autres. Quand cette partie d'eux arrive à sa fin, les héros peuvent enfin vivre réellement. Transposer son histoire dans un monde fantastique peut avoir son intérêt (je fais partie des quelques uns qui avaient apprécié Sucker Punch) mais je n'ai pas eu l'impression que Cath en ait appris quoi que ce soit. Ce qui est dommage parce que Simon Snow représente une partie très importante de sa vie et j'aurais aimé que sa passion ait un impact plus bénéfique sur son évolution. La fin est assez décevante à ce niveau-là : elle a fini Carry On, finalement, ou elle a fait comme Simon avec la Monotonie Rampante et décidé d’arrêter de se battre contre elle-même? Je n'ai pas compris. Les passages insérés de Simon Snow et des fanfics de Cath sont beaucoup trop courts pour que je les commente seuls. Je signale cependant pour ceux que ça intéresse que Rainbow Rowell a publié Carry On, la fanfic fictive écrite par Cath. Je ne sais pas ce que ça vaut et j'avoue que les extraits présents dans Fangirl ne m'ont pas donné envie de m'y intéresser. Par contre, étant donné qu'il s'agit d'une fanfic d'un équivalent fictif de la saga Harry Potter, je serais curieuse de savoir ce que J. K. Rowling en pense. Et j'ai relevé un petit anachronisme: Un article fictif datant de fin 2007 mentionne le succès de Lady Gaga alors que son premier single Just Dance n'est sorti que six mois plus tard. Bref, je pensais que j'allais adorer Cath, et en fait, j'avais envie de la gifler. Grosse déception à ce niveau-là. Heureusement, le roman est tout de même très bien écrit, c'est fluide, c'est plein de répliques drôles. Je pense que l'auteure a du talent mais que son idée de départ l'a desservie. Je ne lirai pas Carry On mais je m'intéresserai peut-être à d'autres de ses romans. Ma note Rainbow Rowell a un style agréable à lire, mais quand il n'y a pas de réelle intrigue, il faut un personnage principal solide et intéressant. Malheureusement, je n'ai pas trouvé que Cath remplissait correctement ce rôle. Je vais donc donner 4/10 et je me trouve sympa de ne pas sanctionner plus que ça les titre et synopsis trompeurs. Le mois prochain Vous saviez que Tim Burton allait réaliser une adaptation de Miss Peregrine et les enfants particuliers? Il n'est pas question que je rate ça et il se trouve que j'aime lire les livres avant de voir les adaptations, donc le premier tome de la trilogie de Ransom Riggs sera mon livre du mois.
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