Feral Youth est une anthologie, menée par Shaun David Hutchinson, et vu que je suis en train de remonter sa backlist livre par livre, ce n'était qu'une question de temps avant que je ne tombe dessus. We are the Ants m'a mise à genoux et j'aime les anthologies, donc la perspective de retrouver la plume de SDH et de découvrir neuf autres auteurs était trop belle pour que je la laisse passer. Par contre, y a du TW à la pelle: jurons, automutilation, pyromanie, détournement de mineur, agression sexuelle, viol, misogynie, homophobie, drogue, ... Et je suis quasi certaine que j'en oublie. Je suis très contente de ce que j'ai lu, dans l'ensemble. Il y a bien longtemps que je n'ai pas lu une anthologie, et c'est bien dommage parce que j'adore ça. Ce n'est pas le cas de tout le monde, et c'est vrai qu'il est difficile de les noter, parce que les nouvelles sont souvent inégales entre elles. Mais ce que j'aime, dans les recueils de différents auteurs, c'est le fait qu'on ait un échantillon du travail de chacun et que ça permet de tous les découvrir en un seul livre. Pour cette raison, je serai moins précise que d'habitude dans cet article, mais il sera divisé en fonction des nouvelles. Chacune sera présentée rapidement, commentée et notée. Donc ce sera un peu long, désolée. Mais c'est pour la bonne cause. PS: Fatalement, il y aura des spoilers dans les commentaires pour certaines nouvelles, même si j'essaierai d'en évoquer le moins possible. Si vous tenez à découvrir Feral Youth sans rien savoir, allez le lire et revenez plus tard. The Butterfly Effect, de Marieke Nijkamp. Je ne connaissais Nijkamp que de nom, à cause de son roman Before I let go. Vu les critiques mitigées, je suis contente d'avoir pu découvrir son style dans Feral Youth pour me faire une idée de son style. Je ne peux pas dire que je suis séduite. J'ai trouvé que sa nouvelle ferait une bonne ouverture pour une nouvelle plus longue, mais en l'état, c'est trop court et il manque une chute. Je comprends qu'elle soit en fait en deux parties, avec The Chaos Effect à la fin du livre, mais je trouve la coupure gênante et l'histoire elle-même pas assez remarquable pour que je m'en rappelle une dizaine de nouvelles plus tard. Je pense que j'aurai plus apprécié cette nouvelle si elle n'avait pas été divisée en deux. Pour couronner le tout, la plume de l'auteure ne m'a vraiment pas convaincue. Ce n'était pas inintéressant, mais je ne pense pas que Nijkamp soit une auteure pour moi. Ma note: 3/10. Mais pour le coup, c'est une histoire de goût. A Ruthless Dame, de Tim Floreen. J'étais hyper excitée à l'idée de lire cette histoire. Tim Floreen m'a tuée avec Tattoo Atlas cet été, donc j'étais très impatiente de le retrouver dans Feral Youth. Tim Floreen est un génie du mal. S'il y a bien une manière de me plaire, c'est de sortir la justice karmique. C'était super bien ficelé, tout se met en place petit à petit jusqu'au bouquet final où le piège se referme sur sa victime, bref, niveau exécution: c'était parfait. Le côté hommage aux films noirs était un angle intéressant et même si je ne suis pas ravie que Cody se soit servi de l'homosexualité d'un autre personnage pour arriver à ses fins, je dois bien reconnaitre qu'il avait magnifiquement bien planifié son coup. Cody fait honneur à ses héroïnes de cinéma, et très honnêtement, voir un mec comme Mike se mettre la rate au court-bouillon par peur de voir son attitude déplorable lui revenir en pleine poire, c'est jubilatoire. Drôle et stylé. Ma note: 8/10. Je serais curieuse de voir une adaptation, parce que je suis persuadée que cette nouvelle serait canonnissime à l'écran. Look Down, de Robin Talley. Robin Talley est apparue sur mon radar grâce à Ces Mensonges dans nos têtes et As I descended, une réécriture de MacBeth aux critiques mitigées. Que j'ai achetée dès que j'ai lu sa nouvelle. Look Down est entre le paranormal et l'horreur. On a des jeunes filles dans un camp de vacances, qui se racontent des histoires de fantômes pour se faire peur et se font des farces pas très sympas, on s'y croirait. C'est un décor parfait pour l'ambiance recherchée. Du côté surnaturel, c'est tout bon aussi. Georgia entend des voix, que Hailey attribue à la Mort, venue la rendre folle. Même si ça parait dingue et s'il est plus plausible que Hailey ait tout inventé, on en viendrait à se poser la question. Le suspense et le frisson d'un film d'horreur sont parfaitement rendus, la chute est inattendue mais plausible, et je serais bien en peine de trouver la part de vérité et de mensonge dans cette histoire. Je suis conquise. C'est une des meilleures nouvelles du recueil, à mes yeux et j'ai hâte de lire d'autres textes de Robin Talley. Ma note: 10/10, sans la moindre hésitation. Big Brother part I, d'E. C. Myers. Celui-là, je ne le connaissais pas du tout, du coup je suis un peu déçue d'avoir abordé son travail avec ce que j'estime être un ratage complet. Je ne peux pas dire que j'ai aimé. Comme la nouvelle de Nijkamp, je pense que la diviser en deux était une erreur. En plus de ça, j'ai beaucoup de mal à apprécier le personnage parce qu'il espionne sa petite sœur de 13 ans en train d'avoir un orgasme et balance la vidéo sur Youtube. Je comprends que le personnage soit un peu présenté comme un pervers, mais entre un mec qui aime le sexe et la masturbation, et le combo inceste + voyeurisme + pornographie infantile, il y a un GOUFFRE qui n'aurait pas dû être franchi. J'ai lu la seconde partie donc je sais qu'il y a une raison aux actions de David, mais comme elle n'est pas dans cette partie de l'histoire, je n'en tiens pas compte pour l'instant. Et ce qu'il reste est extrêmement dérangeant. Ma note: 1/10, parce que cette histoire de disparition m'intrigue. Le reste est à jeter. The Subjunctive, d'Alaya Dawn Johnson. Encore une découverte, donc pas d'attentes particulières ici non plus. Je ne connaissais pas du tout Alaya Dawn Johnson avant de lire sa nouvelle. Cette nouvelle m'a laissée très perplexe. Je pense que si on veut faire une métaphore un peu fantasy, la nouvelle n'est pas forcément le meilleur format pour ça. Le récit est un peu perché, mais surtout j'étais perdue parce que l'univers n'est pas présenté. Les évènements arrivent grâce à une magie qui parait évidente dans la nouvelle sans qu'on ait suffisamment d'explications pour la comprendre, des expressions que je prenais pour des métaphores littéraires n'en étaient pas et j'ai eu du mal à comprendre exactement ce que je lisais. Tout ce que j'ai compris, et je ne suis même pas sûre de mon interprétation, c'est que Jaila était shootée. Et que les pouvoirs/démons de Tizco, Ursula et Jaila représentaient une addiction. Peut-être. Ma note: 4/10. C'est confus. C'était pas désagréable à lire mais j'ai rien pigé. A Cautionary Tale, de Stephanie Kuehn. Découverte, encore et toujours, et je pense me pencher sur la bibliographie de Stephanie Kuehn à l'avenir. Deuxième carton plein du recueil. Mini-slasher avec un plot twist final gonflé, une atmosphère à la I know what you did last summer et des remarques pertinentes sur le privilège (de l'argent en particulier), je pouvais difficilement espérer mieux. Stephanie Kuehn a parfaitement compris comment on écrit une excellente nouvelle et même si on aurait pu étoffer un chouïa l'histoire des tueries pour que le twist passe plus naturellement, j'ai trouvé le style percutant, les personnages suffisamment consistants malgré le texte court et la tension parfaitement distillée. Ma note: 9/10. J'aimerais lire plus d'histoires comme ça. Jackie's Story, de Justina Ireland. Je connaissais Justina Ireland de nom, depuis la parution de Dread Nation, dont le concept m'avait intriguée. Elle signe aussi des posts engagés que je vois souvent passer sur Twitter. Je ne comprends pas pourquoi il a fallu passer par la fanfiction, histoire de perdre quelques pages, mais je m'en serais bien passée. Sean et Dean Williamson, avec leur amie Cass... J'ignore si c'était sensé me faire penser à Supernatural mais ça ne me ferait pas tomber de ma chaise et c'est pas à une auteure publiée que je vais apprendre que vendre de la fanfiction est considéré comme du plagiat. Heureusement, ça tourne court et on a droit à une réécriture des Trois Petits Cochons, qui n'est pas du tout inintéressante. Le format du conte est approprié, la réécriture est inventive et c'est très bien ficelé au niveau de l'intrigue, mais je pense qu'elle souffre un peu de passer après la nouvelle précédente, notamment vis-à-vis du twist, et j'avais du mal à me représenter le décor. Ça reste un très bon texte, ce qui ne me rend que plus triste que mon expérience de lecture soit entachée par de la fanfiction médiocre. Ma note: 6/10. Je serais montée à 7 voire 8/10 si on m'avait épargné le bout de fanfiction façon ménage à trois incestueux. Big Brother part II, d'E. C. Myers. On sauve les meubles. ça reste bancal, cette histoire d'autoupload sur Youtube, et vu qu'on parle d'une vidéo de sa sœur de 13 ans en plein orgasme, filmée sans son consentement, bancal, c'est pas suffisant. Et pourquoi Youtube n'a pas supprimé la vidéo? Et pourquoi, s'il préférait la garder en ligne pour éviter les copies pirates, ne pas l'avoir mise en privé? Je veux bien qu'on inclue du dérangeant mais la condition pour que ça passe, c'est que ce soit parfaitement intégré. Là, ça ne l'est clairement pas. C'est dommage parce que la présence fantomatique et même les aliens étaient de très bons éléments, surtout avec la fin qui nous ferait presque nous demander "et si ça m'était arrivé aussi?". L'idée était bonne, mais le côté inceste borderline pornographie infantile n'était pas justifié, à mon sens, et la tentative de rattrapage n'était pas assez au point pour que ça passe. C'était bien tenté, mais on ne peut pas aller aussi loin sans avoir une justification en béton armée et là, c'était trop faible. Ma note: 6/10, et ça aurait pu être 9 voire 10 si la vidéo n'était pas sur Youtube et si le héros n'avait pas des pensées plus que perturbantes envers sa sœur, qui en plus d'être sa sœur, a TREIZE ANS. L'auteur s'est loupé sur ce coup-là, mais il y avait de l'idée et de l'ambition. Je serais curieuse de lire un autre de ses textes. Self-Portrait, de Brandy Colbert. Brandy Colbert est une autre auteure dont j'étais curieuse de découvrir la plume après avoir entendu parler de Little & Lion et Finding Yvonne. Je pense sauter le pas bientôt et tenter un de ses romans. Elle fait mal, celle-là. Sunday, promise à un bel avenir, voit sa carrière académique ruinée parce qu'elle a refusé les avances d'un mec qui l'a mal vécu. Douloureusement plausible. Limite, je serais allée plus loin, moi. J'aurais fait que Sunday avait fini par dénoncer Eli mais qu'il avait nié, et que comme c'était sa parole contre la sienne, "innocent jusqu'à preuve du contraire", et la preuve en question ayant été trouvée sur Sunday et pas Eli, elle aurait quand même pris la sanction à sa place. Parce que c'est ce qui arrive toujours quand une femme accuse un homme plus influent qu'elle de lui avoir fait du tort. C'est de la victime qu'on fait le procès. Au lieu de ça, Sunday a préféré ruiner son avenir pour protéger Micah, au cas où Eli le jetterait sous le bus lui aussi. Désolée, Micah est sympa, mais jamais je ne ruinerais ma vie pour protéger un dealer qui peut-être risque de se faire dénoncer par son propre frère. D'autant que Micah aurait pu nier en bloc lui aussi, mais bon. En attendant, Sunday n'est là que parce qu'elle a rembarré un mec. Quoiqu'on pense des raisons des autres, ils sont tous plus ou moins coupables de quelque chose, mais pas elle. Elle, sa présence est vraiment injuste, ce qui rend la nouvelle plutôt triste, je trouve. Ma note: 7/10. Je trouve que le concept aurait pu être poussé un peu plus loin, ce qui lui aurait fait gagné en impact et en cohérence, mais c'était un très bon texte. A Violation of Rule 16, de Suzanne Young. Je connais vaguement le nom Suzanne Young, mais je ne m'étais jamais penchée sur ses romans. Je compte bien le faire, en commençant probablement par Girls with Sharp Sticks, qui sort en début d'année prochaine et qui me parait très prometteur vu ce que je viens de lire. S'il y a un truc qui m'a marquée, dans cette nouvelle, c'est la colère de Lucinda. Elle est furieuse et en lisant l'histoire, je l'étais tout autant qu'elle. J'ai ressenti ce dégoût envers Mme Montgomery, la haine de cette prof à l'égard des jeunes filles du lycée, l'humiliation que ça représentait et cette horrible impuissance d'une unique adolescente face à un système entier qui ne veut que l'asservir. A Violation of Rule 16 est en gros ce que Moxie aurait été si Vivian avait dû se battre seule. Lucinda n'avait pas le pouvoir de combattre le système, alors elle a fait un geste symbolique en y foutant le feu. Je comprends parfaitement, j'applaudirais presque. Je ne cautionne pas la violence ni l'incendie criminel, mais quand on atteint un tel niveau de rage face à l'injustice dont on est victime et aux outrages qu'on subit, on pète un plomb. On renverse des tables, on cogne des murs et on crame des symboles. Suzanne Young a parfaitement su retranscrire cette colère sourde, au point que j'avais moi-même envie de hurler en lisant. Rien que d'y repenser, ça me hérisse le poil. Ma note: 8/10. A Violation of Rule 16 résonnera avec n'importe quelle féministe. The Chaos Effect, de Marieke Nijkamp. Suite et fin de l'histoire de la pyromane, donc. Malheureusement, toujours pas impressionnée. Là aussi, je comprends ce qui a poussé à incendier la voiture de son grand-père. Comme pour l'uniforme de A Violation of Rule 16, c'était un symbole parce que cette voiture avait beaucoup de valeur aux yeux de son grand-père et elle voulait lui faire de la peine. Mais le style de l'auteure ne me laisse pas entrer dans l'histoire, donc je n'ai quasiment rien ressenti. Et il ne s'est quasiment rien passé dans l'histoire. Jenna fantasme sur le feu, mentionne des abus sexuels presque en passant et met le feu à une voiture (en tout cas, c'est tout ce que j'ai retenu). Est-ce qu'il y avait vraiment besoin de deux nouvelles pour raconter si peu de choses? Ma note: 5/10. Il y avait du potentiel mais la division de la nouvelle en deux a tué l'évolution de l'intrigue et je ne suis vraiment pas fan du style de l'auteure. En général Bien que très différentes en genre et en qualité, toutes les nouvelles ont des thèmes en commun. Tous les personnages sont des adolescents qui ont subi une injustice et ont refusé de se soumettre. Ils n'ont de sauvage que leur volonté de se battre contre des gens et des systèmes qui les écrasent et j'aurais beaucoup de mal à le leur reprocher. Ma fascination pour les bons méchants mise à part, je pense sincèrement qu'aucun de ces personnages ne méritait d'être puni, même David parce qu'il avait de bonnes intentions en filmant sa sœur (même si je condamne toujours la méthode et l'exécution). Ils sont là parce qu'ils ont fait des vagues, ils ont protesté, chacun à leur manière et selon leurs capacités, contre ce qui leur semblait injuste. Un parallèle avec les Millenials/ la Génération Z, souvent critiqués parce qu'ils vivent différemment de leurs parents? Disons que je n'en tomberais pas de ma chaise. Ma note Comme je le disais au début, les anthologies sont difficiles à noter. Je vais donner 7/10, parce que même si quelques nouvelles ne m'ont pas impressionnée du tout, celles qui m'ont plu sont vraiment, vraiment bonnes, et méritent carrément d'être lues. En plus, l'idée que ces jeunes soient considérés comme des délinquants pour avoir refusé d'encaisser en silence les injustices qu'on leur jette au visage me parle beaucoup. Le mois prochain J'ai choisi Reflection, d'Elizabeth Lim. C'est une réécriture/suite de Mulan de la série Twisted Tales et j'adore Mulan, donc j'ai hâte de m'y mettre.
0 Commentaires
Laisser une réponse. |
Prochains articles:
White Smoke, de Tiffany D. Jackson.
Nos Jours Brûlés, de Laura Nsafou, en lecture commune avec:
Cadeau Muhayimana Moune La Booktillaise pour le Café Lithéraire Oddball, de Sarah Andersen.
Exemplaire numérique envoyé par Andrews McMeel Publishing (merci à eux!) Catégories
Tous
Archives
Décembre 2022
|