Foul is Fair est un achat impulsif, que j'ai fait parce que le concept des femmes qui mordent la main qui les agresse m'a rappelé Betty Bites Back, l'anthologie que j'avais adorée l'automne dernier. TW à foison: viol en réunion (et récidives), meurtres, relations abusives, une scène de transphobie, et j'en passe. Bref, je savais que ce ne serait pas très jovial, mais j'étais fascinée et j'ai craqué. Holy sh*t. Hannah Capin n'est pas là pour rigoler et elle ne nous épargne rien. C'est gonflé, c'est sanglant et nom d'un chien, ça fait du bien. Ce roman est le fantasme de revanche ultime d'une victime de viol ou d'agression. C'est aussi une histoire librement adaptée de la pièce écossaise de Shakespeare. Je pense que ces deux éléments sont capitaux pour qu'un lecteur puisse déterminer si oui ou non Foul is Fair lui plaira, parce que si vous espérez du réalisme ou des gentils, vous allez être franchement déçus. D'autres lecteurs l'ont décrit comme un genre de mélange de Kill Bill et The Heathers, pour vous donner une idée. Elle/Jade, notre héroïne, n'est autre qu'une incarnation de Lady Macbeth et si vous connaissez un peu la pièce, les parallèles vous seront évidents grâce à leur nom. Mais contrairement à Lady Macbeth, elle est à l'origine des évènements. Suite à son viol, elle identifie ses agresseurs et avec l'aide de ses trois amies (son coven, parce qu'elles incarnent le trio de sorcières de Shakespeare), monte un plan machiavélique qui lui permettra de se venger d'eux. Je ne sais honnêtement pas quoi penser d'elle. Je ne peux pas dire que je l'ai appréciée en tant que personne, par contre j'admire sa détermination et je comprends son besoin de revanche. J'avais déjà mentionné que rien ne m'éclate autant que des personnages détestables qui se font massacrer quand j'avais lu Dix, et Foul is Fair m'a donné exactement ça. Comme je l'ai dit, il ne faut pas compter sur le réalisme dans ce roman. Entre Mack qui tombe tout de suite raide dingue de Jade, les parents qui approuvent le désir de vengeance de leur fille sans la pousser à porter plainte, les mecs qui ne sourcillent même pas à l'idée de tuer un des leurs et le simple fait que quatre adolescentes, même particulièrement brillantes, réussissent à monter un plan aussi complexe et tordu malgré tous les risques que ça foire, le but n'est clairement pas de rendre le récit crédible. Au contraire, l'accent est mis sur le côté théâtral. De nombreuses scènes vont dans ce sens, comme celle au théâtre (ça s'invente pas) ou le duel d'escrime, donc je le répète: ceci n'est PAS un roman réaliste. C'est du théâtre écrit sous forme de roman. Spoilers ! Je comprends l'idée de suivre les évènements de la pièce écossaise, mais j'ai quand même tiqué quand Duncan a été tué. Je l'aurais plutôt gardé pour la fin, à la manière de Kill Bill. Pour qu'il puisse voir tous ses amis mourir un par un et comprendre que Jade se rapprochait de lui. Ceci dit, la manière dont les évènements se déroule est presque jouissive. Voir ces mecs se retourner les uns contre les autres, et le piège se resserrer autour d'eux alors qu'ils y passent un par un en se demandant qui sera le suivant... Vu les personnages, ça fait quand même bien plaisir de les voir souffrir. D'autant qu'on rappelle régulièrement que Jade n'est pas la première victime du groupe, et que le personnage de Lilia en remet une couche parce qu'il est clair qu'elle ne reste avec Duncan que parce qu'elle a peur de ce qu'il pourrait lui faire si elle le quittait. Je me demande d'ailleurs si elle n'a pas vaguement flairé la raison de l'apparition de Jade. Elle l'a adoptée très rapidement, beaucoup plus facilement que Piper, et j'aime le fait qu'elle ait rejoint le coven sur la fin. J'aurais aimé qu'on en ait un peu plus sur son évolution, histoire de vraiment la voir s'épanouir une fois Duncan mort. La fin me laisse perplexe, aussi. Je ne sais pas ce que j'aurais voulu. Peut-être que Jade s'en sorte. Après tout, au niveau moral, le roman était déjà foutu, pourquoi ne pas laisser le génie du mal s'en tirer. Au final, je suis comme je l'étais au début: j'ai envie de féliciter Jade pour l'exécution de sa vengeance, mais en même temps je suis horrifiée par tout ce qu'elle a fait pour l'avoir. Parce qu'autant je pouvais soutenir Alex dans The Female of the Species, autant il n'y a aucun moyen de dédouaner Jade. Elle est monstrueuse et je pense que ce qui résumerait le mieux le roman, c'est de dire qu'une bande de monstres ont fini par s'attaquer à un monstre plus fort qu'eux et se sont fait bouffer. C'est bien fait pour leur tronche et on est content qu'ils crèvent, mais on n'irait pas prendre le thé avec leur meurtrier. Bref, ce n'est clairement pas un roman qui laissera quiconque indifférent, c'est certain. Après, est-ce qu'on aime ou on déteste, je pense que ça dépend du degré auquel on le lit. Ma note 9/10. C'est très cultivé et c'est hyper gonflé. Bon, c'est hyper théâtral et c'est pas réaliste pour un sou, mais quand on a les références et envie d'un protagoniste à la moralité discutable, ça se savoure. Le mois prochain J'ai choisi This is how you lose the Time War, d'Amal El-Mohtar et Max Gladstone.
0 Commentaires
Laisser une réponse. |
Prochains articles:
White Smoke, de Tiffany D. Jackson.
Nos Jours Brûlés, de Laura Nsafou, en lecture commune avec:
Cadeau Muhayimana Moune La Booktillaise pour le Café Lithéraire Oddball, de Sarah Andersen.
Exemplaire numérique envoyé par Andrews McMeel Publishing (merci à eux!) Catégories
Tous
Archives
Décembre 2022
|