Je vous ai mis le résumé en français parce qu'il a récemment été traduit par Pocket Jeunesse sous le titre Ma Fureur. J'ai l’œil dessus depuis sa nomination l'année dernière pour le YA Book Prize, un prix du Royaume-Uni qui récompense le meilleur roman YA publié au RU cette année-là. Il a perdu face à Meat Market (Fashion Victim en français, toujours chez Pocket Jeunesse), mais je l'ai gardé dans un coin de ma tête. Merci à David Fickling Books et NetGalley pour l'exemplaire que j'ai pu télécharger gratuitement en échange d'une critique honnête. Je comprends qu'il ait été shortlisté pour le YA Book Prize. C'est un excellent roman. Outre la traduction française, j'ai choisi de recopier le synopsis français pour une autre raison: le synopsis original ne laisse pas entendre la raison de la colère de Lexi, et ne mentionne pas l'agressivité de son beau-père. Ce qui m'amène aux TW: la violence domestique dont Lexi est victime aux mains de John et sa relation HYPER limite avec le fils de John, Kass. C'est adressé dans le roman, mais si ça peut vous mettre mal à l'aise, vous êtes maintenant prévenus. Sur le papier, Lexi est un personnage dans lequel j'aurais pu me reconnaitre. Ma mère a rencontré mon beau-père quand j'étais adolescente et dire que je n'étais pas spécialement enthousiaste à l'idée d'agrandir la famille serait un euphémisme. En plus on a le même prénom. Ceci dit, la comparaison s'arrête là parce que mon beau-père est adorable, même s'il râle à chaque fois que j'ouvre la porte aux chats au lieu de les pousser à utiliser la chatière. Franchement, je n'ai pas à me plaindre. Lexi, en revanche, ... Disons qu'on comprend vite ce qui se passe chez elle. D'un côté, elle cherche désespérément à avoir l'approbation de John, pour faire plaisir à sa mère. Elle veut qu'il l'apprécie, elle en rêve, elle se fait des tas de films à ce sujet, ça fait mal au bide de lire à quel point elle en a besoin. De son côté, il fait tout pour la lui refuser. La moindre maladresse, le moindre faux pas, il la blâme, il l'humilie, il reproche à sa mère de ne pas savoir la contrôler. Le rejet de John apparait tôt dans la relation qu'il a avec sa mère. Du moment même où il découvre son existence, il blâme sa mère de l'avoir induit en erreur d'une certaine manière, alors même que lui est marié avec deux enfants. Hypocrite much? Plus tard, il va jusqu'à régulièrement envoyer Lexi chez son grand-mère pour passer du temps seul avec sa mère. Pour toutes les mères célibataires qui peuvent lire ce post un jour: ces occurrences sont de gros drapeaux rouges. Si un homme cherche déjà à éloigner votre enfant dès le début de votre relation, c'est un signe clair et net qu'il ne l'accepte pas. Dans le cas de Lexi, ça se traduit par les brimades constantes, et même par la menace de se débarrasser d'elle en l'envoyant en pension. Même vis-à-vis de sa mère, John est abusif. Gaslighting, victimisation, manipulation, blâme constant au sujet de Lexi, ce n'est pas un comportement acceptable. Pas étonnant que Lexi ait développé cette technique de diversion qui consiste à faire quelque chose de répréhensible à chaque fois qu'il s'acharne sur sa mère, histoire de détourner son attention et ses reproches de sa mère. Spoilers ! Ce qui peut surprendre, c'est que ni John ni la mère de Lexi n'ait remarqué cette technique, alors qu'Iris, pourtant très jeune, a tout compris. Encore une fois, les enfants comprennent beaucoup plus que ce qu'on veut bien croire, et ça devient évident qu'Iris n'est pas dupe quand elle demande explicitement à Lexi de faire sa "furious thing" quand elles rentrent et que leurs parents se disputent. Je crois que même Lexi ne s'était pas rendu compte qu'elle le faisait. Et évidemment, les autres, qui n'assistaient pas aux crises de John, se disaient que c'était une crise adolescence ou que Lexi avait des problèmes pour maitriser sa colère et devait apprendre à se calmer. C'est étrange, cette manie qu'on a de dire aux femmes dès leur jeunesse qu'elles doivent maitriser leur colère et leurs émotions, au lieu de leur demander ce qui les met dans cet état. Et quand je dis "étrange", je veux dire "à vomir". J'ai apprécié que la relation entre Lexi et Kass soit pointée du doigt. Lexi a beau répéter qu'elle va avoir ou a 16 ans, ça reste bizarre et malaisant. Je n'étais pas trop certaine de comprendre pourquoi ça me dérangeait à ce point jusqu'à ce que Lexi mette le doigt dessus: le comportement de Kass est tout aussi problématique que celui de son père. Il ghoste Cerys, embrasse Lexi dès qu'elle s'intéresse à un autre garçon pour jouer le roi des glaces juste après, et il va jusqu'à trouver des moyens détournés de la blâmer pour ses propres manquements, comme lorsqu'il ne dit pas stop et se défend en disant qu'il pensait qu'elle arrêterait d'elle-même. Tout ça pour ensuite parler de dignité comme si Lexi devait avoir honte d'être explicite dans ce qu'elle veut de lui. Non, f*ck off, dude. Je suis contente que Lexi l'ait mis devant son comportement et qu'il ait fini par se remettre en question et faire quelque chose pour changer. Honnêtement, j'aurais dû voir venir Monika à des kilomètres. John avait divorcé de son ex-femme quand la mère de Lexi s'est retrouvée enceinte, après des années de relation adultère. On va clarifier quelque chose tout de suite: un homme qui a trompé sa femme pour vous, il vous trompera aussi. Dans 99% des cas, il n'est pas digne de confiance, vous n'êtes pas exceptionnelle et vous serez cocue à votre tour. C'est bel et bien le cas pour Georgia ici. Georgia était la maitresse, mais John a eu plusieurs aventures, dont Monika. J'ignore si elle croyait sincèrement qu'il arrêterait de la tromper une fois qu'ils seraient mariés, mais soyons honnêtes, c'était peu probable qu'il tiendrait sa promesse. Pas avec un tel historique. Et ça m'a frustrée encore plus parce que j'espérais, comme Lexi, que c'était le prétexte idéal pour mettre John à la porte. J'étais dégoûtée. Je ne sais pas trop si je suis satisfaite de la fin, en fait. Je suis ravie que tout ait éclaté au mariage. Il fallait vraiment que John se mange un retour de manivelle dans la poire et j'aurais crisé si ça n'avait pas été le cas. Par contre, Georgia ne l'a pas jeté dehors et ça, ça m'enchante moins. Bien sûr, John a perdu son boulot, mais ça me dérange qu'il ait pu jouer la carte santé comme si Lexi et les autres femmes concernées l'avaient agressé, et je n'aime pas non plus qu'il se laisse vivre tranquille à la maison pendant que Georgia bosse et qu'il ne fasse rien de ce qu'elle lui demande de faire pour l'aider. C'est trop facile, je trouve. Au moins, il est suivi pour voir d'où lui vient cette obsession du contrôle, mais je ne trouve pas qu'il ait été suffisamment puni. Question de réalisme, peut-être. Ma note 7.5/10. Si la fin m'a un peu déçue, je trouve que c'est un roman important qui aborde des thématiques difficiles avec délicatesse. Je recommande, et je vais même conseiller We Are Young, de Cat Clarke, pour ceux qui veulent en lire plus sur le sujet.
0 Commentaires
Laisser une réponse. |
Prochains articles:
White Smoke, de Tiffany D. Jackson.
Nos Jours Brûlés, de Laura Nsafou, en lecture commune avec:
Cadeau Muhayimana Moune La Booktillaise pour le Café Lithéraire Oddball, de Sarah Andersen.
Exemplaire numérique envoyé par Andrews McMeel Publishing (merci à eux!) Catégories
Tous
Archives
Décembre 2022
|