Je préfère annoncer la couleur tout de suite: j'évite les mémoires comme la peste. Parce que je trouve la démarche un poil prétentieuse, déjà, mais aussi que les gens qui les écrivent ont rarement quelque chose d'intéressant à raconter. Du coup, If you feel too much est arrivé dans ma PAL un peu par hasard. Presque par accident. Ce serait vraiment trop long d'expliquer comment il a atterri chez moi, je me contenterai donc de dire qu'il faut remercier la fan fiction, Jared Padalecki et ma curiosité naturelle. J'ai choisi de le lire ce mois-ci parce que je suis toujours un peu déprimée et/ou grincheuse pendant les fêtes de fin d'année. If you feel too much est un recueil de posts de blog écrits par Jamie Tworkowski. Il les a sélectionnés avec soin, les a classés, a pensé à écrire quelques mots au début de chaque section du livre pour nous rappeler le contexte de ces posts. Ce n'est pas une simple compilation comme j'ai pu le lire dans d'autres critiques au moment où je l'ai acheté. Tout a été soigneusement organisé, jusqu'au titre, If you feel too much, qui revient dans son introduction et dans le post "There is still some time". Ceci dit, je reconnais que pour ceux qui suivent le blog de TWLOHA, il y a peu de contenu inédit. J'ai pris la claque de ma vie. Je ne sais même pas par où commencer. J'ai eu l'impression d'être submergée par tant de justesse et de beauté. Ceux qui ont déjà pleuré devant un tableau comprendront ce que j'ai ressenti parce que c'était exactement ça. Les posts qu'il a choisis racontent des évènements qui l'ont marqué et à travers son histoire, on comprend mieux la nôtre. "Voilà qui je suis. Je souffre comme vous. Je vous comprends." Et en lisant ses réflexions, on se sent inspiré à gérer nos propres problèmes. Il ne se contente pas de nous raconter sa vie, ce que je reproche habituellement aux mémoires, il réfléchit, il questionne et il partage. C'est basé sur des évènements de sa vie, oui, mais c'est tellement plus que ça parce qu'en réfléchissant sur sa propre vie, il nous fait réfléchir sur la nôtre parce qu'il y a une certaine universalité dans l'angoisse, la solitude et la douleur, même si on ne s'en rend pas forcément compte. Les chapitres étant des posts de blog, ils peuvent tous se lire séparément. Je ne le conseille pas, ceci dit, parce qu'ils ont un ordre chronologique et on voit l'évolution de l'association au fur et à mesure des posts. Ils couvrent pas mal de situations où on se sent seul et/ou sans valeur, et je pense que chacun pourrait trouver au moins un texte qui lui correspondrait. Bien sûr, on ne vit pas les mêmes évènements que Jamie, mais ce qu'il ressent en les vivant, ça, on peut s'y identifier. Jamie Tworkowski écrit juste. Vrai. Chaque mot résonne profondément parce qu'on sent la sincérité derrière sa plume. Il se met complètement à nu (je vous jure, c'est vraiment l'impression que j'ai eue), sans embarras et sans provocation, rien. Il pose son cœur sur la table comme si c'était la chose la plus naturelle du monde, avec l'espoir que le constat qu'on n'est pas seul à avoir des complexes nous aidera à les accepter et à être plus indulgents envers nous-mêmes et nos propres défauts. Ce naturel est complètement désarmant. Tout le livre pousse à ne pas rester seul. Jamie décomplexe complètement le fait de se sentir seul ou hanté (son expression dans le chapitre ). C'est important parce qu'on a tendance à se sentir marginal, faible et à s'isoler quand on ne va pas bien alors que c'est normal, et très répandu, d'avoir besoin d'aide. Ce n'est pas grave d'être imparfait parce que tout le monde l'est et on n'a pas moins de valeur en tant qu'individu parce qu'on a des cicatrices. Ça a l'air stupide, dit comme ça, mais je pense qu'on ne s'en rend pas vraiment compte tant qu'on ne voit pas une autre personne traverser la même chose et c'est exactement qu'on voit dans ce livre. Un homme avec des angoisses et des cicatrices. Comme nous. Et si on compatit à sa douleur, si on le soutient lui, pourquoi être aussi durs avec nous-mêmes? Pourquoi ce serait acceptable pour d'autres de demander de l'aide et pas pour nous? Pourquoi avoir honte de nos imperfections alors qu'on est indulgent envers celles des autres? Parce qu'on a peur que les autres ne soient pas aussi indulgents que nous. C'est une autre idée que Jamie défend: donner un peu de crédit aux autres et leur faire confiance pour nous soutenir. On peut demander de l'aide parce qu'il y a des gens prêts à nous aider. J'ai lu que certains athées avaient été dérangés par les nombreuses mentions de Dieu, comme s'il n'y avait pas de bonheur en-dehors de Lui. Je ne suis moi-même pas croyante et je ne l'ai pas compris comme ça. "For David", par exemple, s'appuie sur le fait de prier pour le rétablissement de David Kuo, même si le propos de l'article n'a aucun rapport avec la religion, mais je pense que c'est peut-être "Dear Valentine's Day" qui a pu faire tiquer. Jamie y parle de remplir un "God-shaped hole" mais encore une fois, je pense qu'il n'y a pas de réel rapport avec Dieu. Parce que Jamie est chrétien et croyant. S'il suffisait d'avoir la foi pour ne plus ressentir ce vide, il ne le ressentirait plus depuis longtemps. Je pense qu'il s'agit surtout de ne plus idéaliser une autre personne au point d'être déçu lorsqu'on se rend compte que cette personne n'est pas parfaite. Être indulgent envers ses propres erreurs mais aussi envers celles des autres, parce que ça arrivera forcément. Je peux me tromper, bien sûr, mais le fait est que même étant athée, ses références à sa foi ne m'ont pas dérangée. J'étais évidemment curieuse de cette fameuse histoire, "To Write Love on her Arms". L'histoire de la première personne que Jamie et ses amis ont envoyée en désintox. Et si je comprends que ce soit ce récit qui ait donné son nom à l'association, dites vous bien que ce n'est qu'un exemple de ce que trouverez dans le livre. TOUS les chapitres de ce livre sont saisissants. "Dear Valentine's Day", "Telling ghosts to go" et d'autres sont des textes qui, j'en suis persuadée, ont trouvé une grande résonance parmi les lecteurs. Je sais que c'était mon cas. Finalement, mon opinion sur ce livre pourrait se résumer à une phrase de l'auteur: "There is something about hearing or seeing or feeling something that is true." C'est aussi vrai pour la lecture et c'est exactement ce que j'ai ressenti avec If you feel too much. C'est magnifique parce qu'il trouve les mots justes et il trouve les mots justes parce qu'il est sincère. C'est beau, c'est touchant, c'est vrai, c'est inspirant, c'est tout ce qu'une autobiographie devrait être. Je suis vraiment contente d'avoir laissé une chance à ce livre. Peut-être même que je tenterai d'autres mémoires à l'avenir. Adaptation Il existe un film tiré du chapitre To Write Love On Her Arms, avec Kat Dennings, Chad Michael Murray, Rupert Friend et Corbin Bleu. Je n'ai malheureusement pas encore eu l'occasion de le voir, mais j'y compte bien. Ma note Honnêtement, je n'étais même pas encore arrivée à la moitié du livre que je savais déjà quelle note j'allais donner. Un 10/10 amplement mérité. Je crois que je n'ai jamais lu un livre aussi touchant et aussi bien écrit. En plus Vous pouvez soutenir l’association TWLOHA via leur site Internet, en faisant une donation ou en achetant leurs produits (méfiez-vous des frais de port et de la taxe d’importation, ils expédient depuis les US). N'hésitez pas à passer lire le blog pendant que vous y serez. Pour soutenir les campagnes Always Keep Fighting de Jared Padalecki, n’hésitez pas à le suivre sur Facebook. Vous serez prévenus quand il lancera les prochaines campagnes. Edit: une "expanded version" sera disponible dès le 6 Septembre 2016. Le mois prochainEncore un livre en anglais pour le mois prochain, désolée! Mais c'est mon cadeau de Noël, donc vous n'y couperez pas. Il s'agit des Time Lord Fairy Tales, écrits par Justin Richards et illustrés par David Wardle. Des contes de fées pour Seigneurs du Temps. Je ne pouvais pas rater ça.
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