Le fameux Little Fires Everywhere, dont j'entends énormément parler depuis un moment, débarque enfin en français chez Sonatine. Ça tombe super bien: je suis d'autant plus curieuse de ce roman depuis que je sais que Reese Witherspoon prépare une adaptation en mini-série. Parce qu'elle a quand même tout déchiré avec Big Little Lies. Merci à Sonatine et NetGalley pour cet exemplaire numérique envoyé en échange d'une critique honnête. La provenance de cet exemplaire n'influence en rien mon opinion. J'ai trouvé la Saison des Feux vraiment sympa. Sans devenir un de mes livres préférés, je trouve que c'est un très bon roman et je le recommanderai volontiers. Le début m'a rappelé Big Little Lies, dans le sens où on a un premier chapitre qui raconte plutôt la fin de l'histoire, puis on retourne au début, environ un an plus tôt, pour découvrir ce qui a amené à la situation présente. La maison des Richardsons a été incendiée, volontairement, apparemment par la fille cadette de la famille, Mia et sa fille sont passées rendre la clé de leur appartement et déménagent, et le roman va revenir environ un an plus tôt, là où la chaine d'évènements qui a amené à ça a commencé. J'adore ce genre de principe. En réalité, tout commence quand Elena Richardson commence à se sentir menacée par la présence de Mia Warren. Mia ne rentre pas dans le moule, elle ne réagit pas comme Elena, qui ne jure que par les règles, estime qu'elle devrait réagir, et ça dérange profondément Elena. Cette anxiété face à l'inattendu est compréhensible vu ce qu'elle a vécu à la naissance d'Izzy, mais elle s'est transformée en véritable haine envers tout ce qui transgresse les règles qu'elle respecte scrupuleusement. Si ça ne respecte pas les règles, c'est mauvais et ça doit rentrer dans le rang ou disparaitre. Mia, en revanche, ne vit que par les règles qu'elle s'est fixée. C'est le caillou dans la chaussure d'Elena et Elena ne fait que ronger son frein en attendant l'occasion de la contrôler ou de la faire partir. Laisser Mia et Elena vivre dans la même communauté, c'est tout bonnement s'asseoir sur un baril de poudre et jouer avec des allumettes. Les hostilités se déclenchent à cause d'une petite phrase innocente de Lexie, qui a permis à Mia de faire le rapprochement entre Mirabelle et May Ling. S'ensuit un procès qui divise la communauté et évidemment, Mia et Elena sont dans deux camps différents. La guerre est déclarée au moment même où Elena s'en rend compte et tous les coups sont permis. Spoilers! Il faudra attendre la seconde moitié du roman pour connaitre les origines de Pearl, et je pense que ça va lancer de sacrés débats dans les clubs de lecture. Mia avait-elle le droit de disparaitre avec Pearl? Sa situation est-elle comparable à celle de Bebe? Au niveau littéraire, je reconnais que l'histoire est quand même plutôt longue et que pendant qu'on est concentré dessus, le reste est sur pause, ce qui m'embête. J'aurais préféré glaner des infos ça et là plutôt que de prendre d'un coup 50 pages de backstory (à peu près, mon exemplaire n'est pas hyper précis sur les numéros de page). Je trouve qu'Elena Richardson est une horrible personne. Peu importe ce qu'elle en dit, RIEN de ce qu'elle fait n'est pour aider les autres, son unique but est de nuire à Mia pour la seule raison qu'elle ne l'aime pas, et ses justifications concernant les McCullough ou le bien de Pearl ne sont que des excuses hypocrites pour qu'elle ait la conscience tranquille en le faisant. Sciemment nuire à une autre personne est déjà moche, mais avoir le culot de se planquer derrière de fausses bonnes intentions, c'est carrément ignoble. Elle est allée très loin dans ses démarches, en plus. ça lui a demandé beaucoup de temps et d'efforts, comme quoi elle pensait sincèrement que punir Mia parce qu'elle ne correspondait pas à sa vision étriquée du monde méritait tout ça. Que ça valait le coup de faire tout ça juste pour faire souffrir Mia. C'est complètement dingue et c'est d'une mesquinerie inimaginable. C'est d'autant plus flagrant que peu après avoir compris l'histoire, Elena ressent "une pointe de compassion", rapidement étouffée par un jugement: "je ne me serais jamais mise dans cette situation, se dirait-elle, j'aurais fait de meilleurs choix". Alors qu'au paragraphe suivant, Mia est confrontée à l'avortement de Lexie, et c'est dit que même si elle aurait imaginé jubiler face à cette situation, elle n'a ressenti qu'une "profonde compassion". Le parallèle et la différence entre les deux femmes crèvent les yeux. Mia a fait des mauvais choix mais c'est quelqu'un de bien. Elena Richardson se croit meilleure que les autres avec sa vie parfaite (selon ses propres standards), mais elle est rongée par la peur de l'inattendu et cette peur la rend monstrueuse. J'ai toujours eu du mal à croire qu'Izzy était responsable de l'incendie. C'est une adolescente en rébellion contre les règles imposées par sa mère, il en faut plus que ça pour déclencher un incendie criminel et fuguer pour toujours. Pour le coup, même avec l'influence de Mia, ça me parait gros à avaler. Et finalement si, c'est bien elle. J'avoue avoir été un peu déçue de m'en rendre compte. Les actes de Bebe, en revanche, étaient faciles à prévoir, et je ne comprends pas comment les McCulloughs ont pu croire qu'elle ne tenterait rien et laisser la porte déverrouillée. Je ne cautionne pas l'enlèvement, mais quelle mère n'aurait pas au moins envisagé de faire exactement la même chose? Le coup des photos à la fin, c'était du pur génie. Je me demande si Celeste Ng est photographe, aussi, parce qu'elle a vraiment l'air de quoi elle parle. Les images décrites correspondent parfaitement aux personnages qu'elles sont sensées représenter, jusqu'à la perception des Richardsons de celle qui représente Izzy, qui ne voient que le négatif. Ils ne l'ont jamais vue comme elle était, ça parait normal que l'image qui la révèle soient perçue à l'envers elle aussi. Même le questionnement sur celle d'Elena est justifié. En bref, je trouve que La Saison des Feux raconte de manière intéressante, bien qu'un peu maladroite, comment nos choix et nos jugements peuvent nous hanter et nous gâcher la vie. C'est une lecture sympa, même si vu tout le tintouin qui a été fait autour, je m'attendais à plus exceptionnel. Adaptation Comme je l'ai mentionné, une série de huit épisodes est en cours de production pour Hulu, avec Reese Witherspoon et Kerry Wahsington. J'ai hâte de voir ce que ça va donner. Ma note Je vais donner 7/10. C'était vraiment pas mal, j'ai adoré le personnage de Mia, sa passion, sa vision des choses et des gens, mais j'aurais aimé un peu plus de surprise sur la fin.
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