Publication le 20 Mars 2019. Je ne vais pas mentir: c'est la couverture qui m'a complètement hypnotisée. Je n'ai même pas lu le synopsis jusqu'au bout, je pense, parce que cette couverture et le premier paragraphe m'ont suffi. Un grand merci à Grasset et NetGalley pour m'avoir envoyé un exemplaire numérique gratuit de ce roman en échange d'une critique honnête! Je ne peux pas noter ce roman. C'est la première fois que je me trouve dans cette situation, mais La Saison des Ouragans m'a à la fois passionnée et complètement dégoûtée. J'ai des griefs que je vais développer, mais au final, je pense que ce livre occasionne un genre de fascination morbide tellement il s'enfonce dans... ben dans le dégueulasse. Désolée mais j'ai pas plus élégant, comme synonyme. Je vais commencer avec quelques remarques sur la forme. Déjà, niveau formatage de mon exemplaire numérique, j'espère sincèrement que c'est un bug ou une mauvaise compatibilité entre le fichier et mon logiciel de lecture parce que voilà à quoi ressemblait le texte: Ça pique. Et c'était comme ça pour tout le roman. Pas de sauts de lignes et même pas de paragraphes. Les seuls moments où je pouvais respirer ou faire une pause dans ma lecture sans perdre l'endroit où j'étais arrivée, c'était à chaque chapitre et il y en a huit, dont quatre qui sont particulièrement longs. Le roman n'est pas encore publié et je n'ai reçu qu'un exemplaire numérique, donc je ne peux pas encore vérifier si c'est pareil pour la version papier, mais je n'avais JAMAIS vu une mise en page aussi étouffante. Au niveau de l'écriture, ça ne plaira clairement pas à tout le monde. Ce qui m'a le plus dérangée, moi, c'est la longueur des phrases. Il n'y a pas de dialogue, que du récit avec du discours indirect libre, et les phrases sont interminables. Pour exemple, j'ai repris la même page qu'au-dessus et j'ai surligné UNE phrase: Et c'est même pas la plus longue, je pense. C'est probablement la raison de l'absence de paragraphes. J'ai aussi été déroutée par un changement de perspective à la fin du chapitre IV, quand la narration à la troisième personne est passée à la première, puis retour à la troisième, parce que je n'avais pas compris qu'il s'agissait de discours, quand Munra parlait aux policiers chargés de l'enquête, et plus de narration. Autre détail qui risque de dégoûter des lecteurs: la vulgarité et la violence du langage. Personnellement, je lis Saphia Azzeddine (que j'aime beaucoup!) donc ça me fait sourciller mais sans plus, par contre je m'attends à voir pas mal de lecteurs ne pas terminer La Saison des Ouragans parce que le langage les aura dégoûtés. La misogynie, le slut-shaming, l'homophobie, la drogue, la violence domestique, le viol (en réunion ou sur mineurs), le meurtre, l'avortement "à la sauvage" d'une jeune fille de 13 ans, une touche de zoophilie, ... Je me doutais que ça ne respirerait pas la joie de vivre, mais je ne m'attendais pas non plus à ça. À cause d'un tel contenu, je vous conseille vivement de lire l'extrait disponible sur le site de Grasset, même si ça ne suffira pas à illustrer à quel point on descend dans l'atrocité. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai flouté une partie du texte que j'ai utilisé pour montrer le formatage: il y avait la mention d'un viol en réunion. Ceci dit, le reste du texte sur la page peut vous donner une idée du style, pour voir si ça vous convient. En ce qui concerne les évènements en soi, il n'y a aucun mystère. On sait dès le synopsis (la version longue, pas juste le bout que j'ai mis au début de ce post) qui sont les coupables. La vraie questions posée par le roman, c'est pourquoi, presque une analyse sociologique du meurtre. Pour ça, on a la version de quatre personnages. Yesenia, qui a vu son cousin Luismi et un autre homme sortir de chez la Sorcière en portant ce qui ressemblait à un corps, Munra, qui conduisait la voiture dans laquelle ils sont arrivés et partis, Norma, la femme de Luismi, et enfin Brando, l'homme qui était avec Luismi ce jour-là. Sans paragraphes et avec des phrases aussi longues, les souvenirs s'emmêlent et sont parfois difficiles à replacer, mais une fois que tout s'imbrique, on a une vision rudimentaire du contexte. La misère ambiante, la peur que la Sorcière inspirait avec son indépendance et son activité. Quelque part, c'est douloureusement actuel, cette idée que la misère et la peur de ce qui est différent font péter les plombs et poussent des gens à agir comme de véritables bêtes sauvages. On le voit régulièrement aux infos. Spoilers!J'ai eu un sacré choc quand j'ai percuté que l'histoire se passait de nos jours. Toute cette histoire de sorcière, de maléfices, d'avortements clandestins, ça me donnait l'impression que l'histoire se passait à une autre époque, les années 70-80, peut-être, je ne connais pas l'Histoire et la culture du Mexique, mais j'étais surprise à chaque fois qu'un téléphone portable était mentionné tellement l'ambiance diffère de la modernité que je connais. C'est difficile à digérer, de se dire que les horreurs racontées dans ce roman existent toujours. Le cadre peint par Melchor est fascinant mais aussi très dépaysant. Moi qui ne connais pas du tout la campagne Mexicaine, j'ai voyagé dans un autre pays mais aussi presque dans un autre temps (de mon point de vue d'Européenne, s'entend). C'est un choc des cultures qui m'a frappée en pleine face. Je crois que mon plus grand regret sera qu'on n'a eu finalement que très peu de véritables informations sur la Sorcière, mais je comprends l'intérêt. Cette Sorcière est presque une figure mythologique locale au lieu d'un être humain et c'est ce qui a occasionné toutes les horreurs de sa vie, quand on y pense, y compris son meurtre. Assassinée pour un trésor inexistant que la rumeur lui prêtait. Le point de vue de Chabela aurait aidé à comprendre quel genre de personne elle était mais elle n'était même pas le sujet de sa propre histoire. Je pense aussi que j'aurais aimé avoir la version de Luismi, qui était un des premiers concernés, après tout, mais pareil, il était sans doute trop proche de la sorcière. Je ne sais pas si je n'aurais pas apprécié de voir aussi l'humaine derrière le mythe, pour comparer sa vie normale à l'image que s'en faisait les villageois, ou si justement, le récit de sa vie aurait gâché une partie du roman en sapant le mystère qui l'entourait. J'ai l'impression de ne pas avoir été très détaillée, dans cette critique, j'en suis désolée, mais j'ai terminé La Saison des Ouragans avec beaucoup d'interrogations. Pas dans le mauvais sens, mais je reste perplexe. C'est un OVNI qui ne plaira pas à tout le monde, c'est certain. Est-ce qu'il m'a plu? Je l'ignore. Ce qui est sûr, en revanche, c'est qu'il m'aura fait pas mal réfléchir. Ma note Pas de note. La Saison des Ouragans est un roman qu'on aime ou qu'on déteste, mais qui ne laissera pas indifférent. Est-ce que je le recommanderais? Oui. Mais pas à tout le monde, et pas sans avertissement.
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