Je me souviens de ce titre parce qu'il faisait partie d'un cours de LGC proposé par mon université, il y a quelques années. J'étais tranquillement en train de faire mon inscription pédagogique quand j'ai entendu quelqu'un dicter sa liste de livres à lire à un autre étudiant et le titre à retenu mon attention. J'ai fini par mettre la main dessus et j'avais envie de SF ce mois-ci. Je crois que la première chose que je me suis dite en commençant le livre était du genre de "c'est vachement pompeux, quand même". Mr Mauméjean a la métaphore facile et il semble adorer la filer, ce qui rend certains passages un peu difficiles à suivre si on n'est pas concentré. C'est un style particulier, qu'on aime ou qu'on n'aime pas. Sans être très fan du procédé, ça ne me dérange pas vraiment. En revanche, je le trouve un peu déplacé au début du roman, quand le narrateur interpelle le lecteur, parce que je trouve que ça manque de naturel. Mais bon, s'il y a bien une chose que j'ai retenue du Pacte des Loups, c'est qu'à cette époque, les gens s'exprimaient très précieusement, même à l'oral. D'autant que ça nous donne des joutes verbales très fines. Les dialogues sont très bien ciselés. Le contexte historique est très présent et surtout très précis. Il m'est arrivé de me perdre un peu en route (j'ai confondu plus d'une fois Maurepas et Maupertuis, par exemple) parce que, et je suis navrée de le dire, mon niveau d'Histoire n'a jamais été particulièrement fameux. J'ai souvenir d'avoir été réveillée en cours par mon propre téléphone qui sonnait, un jour, c'est vous dire à quel point j'étais peu attentive. Mais le contexte historique est un élément important du roman, donc j'aurais apprécié des notes supplémentaires, ou quelques indications à la fin du roman. Et attention, spoilers. Ce contexte historique ne laisse en théorie que peu de place à des personnages féminins. Heureusement, il y en a quand même, deux pouvant même être considérés comme des personnages de premier plan. La première femme importante est pour moi Geneviève Beaumont. En laissant de côté la réalité historique, le personnage apparait le plus souvent comme une femme. Le second est Olympe de Pierre-Franche. Malheureusement, en ce qui la concerne, je suis moins enthousiaste parce qu'elle meurt très vite pour servir de base à la nouvelle Eve. Et ça ne me plait pas. J'aurais préféré qu'elle ait un peu plus de présence dans le roman, pourquoi pas même apparaitre dès la première moitié, pour qu'on puisse voir se développer son amitié avec La Mettrie et apprécier pleinement le parallèle entre Olympe et Olympe 2.0. Olympe n'est pas le seul personnage dans ce cas. Dès qu'un personnage est en position d'être apprécié, il est mis à l'écart. Geneviève, Carreau, le Marquis de la Rothière, même Casanova. En fait, je crois que mon problème avec ce livre, c'est que je l'ai trouvé très froid, très clinique. La "Science sans conscience". Les personnages ne montrent que très peu, voire pas, d'émotion, au point qu'Olympe 2.0 m'a semblé plus humaine qu'eux quand elle réclamait un baiser. Je me suis même demandé qui étaient les véritables automates dans cette histoire. Je n'ai ressenti aucune empathie pour La Mettrie, Fragonard ou Vaucanson. Leur implication extrême dans leur science les déshumanise. J'imagine que c'était le but de l'auteur, et j'aurais peut-être applaudi l'idée dans la nouvelle de base, mais tout un roman avec des personnages qu'on ne me laisse pas apprécier, c'est beaucoup me demander. Parce que si je ne les apprécie pas, ce qui leur arrive ne m'intéresse pas vraiment. Au niveau de la structure, le roman est divisé en deux parties à peu près égales. La première en France, où le Marquis de la Rothière recrute son équipe d'experts et où on nous explique en gros qu'ils doivent aller à Berlin pour participer à un concours. Beaucoup d'embûches, de questions, d'attaques, ... mais peu de réponses. C'est seulement à Berlin, après presque trois quarts du livre, qu'on nous parle enfin du sujet du concours: créer un automate. Ce que le lecteur sait déjà grâce au titre et au quatrième de couverture. R.I.P. le suspense. Idem pour la petite épreuve à laquelle est soumis La Mettrie à Paris, le lecteur a déjà deviné qu'il s'agit d'un automate, mais on doit quand même attendre que La Mettrie s'en rende compte à son tour. Je ne sais pas vous, mais personnellement, qu'on me monte un suspense sur un élément que je sais déjà, ça me déçoit un peu parce que j'ai l'impression qu'on me l'a spoilé, et ça m'agace parce que j'ai envie de secouer le héros en lui disant "c'est un automate, nom d'un chien, on peut passer à la suite, maintenant?". Je sais, je manque cruellement de patience. Toujours est-il qu'à mes yeux, le titre et le quatrième de couverture ne conviennent pas à la structure du roman. Dommage, parce que je soupçonne que le clin d’œil à la Vénus Métaphysique était le point de départ du roman. Toujours sur la structure, à ma grande surprise, il n'y a pas vraiment de chapitres. Les scènes sont séparées par un saut de quelques lignes et j'avoue que ce détail m'a un peu étouffée. Était-ce pour donner une impression de monotonie? Ça me semblerait approprié. Les implications philosophiques et religieuses d'une telle épreuve ne sont pas des moindres. Qu'est-ce que l'humanité, finalement? Qu'est-ce que l'âme? Peut-on les reproduire artificiellement? À l'époque du roman, c'était un terrible blasphème d'espérer remplacer Dieu en tant que Créateur. L'emblème de Jésus supplicié sur un engrenage m'a paru très bien trouvé parce qu'il est très vrai et fort de sens. La science met la religion au supplice parce que la connaissance et la foi sont par définition incompatibles. L'une consiste à savoir, l'autre à ne pas savoir mais croire quand même. Même si les deux voies arrivent à la même destination, elles s'excluent l'une l'autre. Le débat devait être particulièrement houleux à l'époque des Lumières, et l'extrémisme religieux particulièrement violent. Je ne suis pas grande fan de ce procédé qui consiste à faire des tas de clins d’œil et références à d'autres personnages connus, réels ou fictifs. Je sais, c'est marrant de lire ça de la part d'une fan de Penny Dreadful (entre autres). Dans la Vénus anatomique, ce qui me pose problème, c'est que si les personnages principaux s'intègrent plutôt bien, ce n'est pas forcément le cas de toutes leurs références. Je pense à Diderot, Madame de Pompadour et Louis XV en particulier, qui sont sans cesse mentionnés pour finalement n’apparaitre que dans une scène, à Voltaire, qu'on ne voit même pas mais qui passe son temps à se faire dénigrer, et surtout, surtout, à la toute fin du roman. NON. On est resté dans le médical, l'historique, bref, le scientifique pendant tout le roman et paf, à la toute dernière ligne, on nous met une référence fantastique. Je trouve ça dommage de terminer là-dessus, d'autant que je n'ai pas compris la fin du concours. Concrètement, qu'est-ce qui s'est passé? Si quelqu'un veut bien m'expliquer, ce serait sympa. Au final, on se retrouve avec un livre dépouillé. En tout cas, c'est l'impression que j'ai parce que, pour une fois, je trouve que le fond a été travaillé au détriment de la forme (d'habitude je vois plutôt l'inverse) et on voit la mécanique du roman. On discerne les os sous la peau parce que ça manque de muscle, si vous préférez. Ma note Je donnerais 6/10, même si je n'ai pas accroché. L'idée est là, les personnages tiennent la route à défaut d'être aimables, les dialogues sont fins, le contexte historique est scrupuleusement respecté, mais certains choix de l'auteur, même si je les comprends, me déplaisent vraiment trop. Le mois prochain J'ai choisi le premier tome de la saga The Mortal Instruments, La Cité des Ténèbres, de Cassandra Clare.
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