J'ai commencé à entendre parler de Morrigan Crow l'an dernier, quand l'éditeur US a fait parvenir un exemplaire à quasiment tous les booktubeurs que je connais. Difficile de passer à côté. Je ne m'étais pas vraiment penchée dessus, vu que je me lasse rapidement d'entendre tout le monde parler des mêmes livres, mais Pocket Junior va publier une traduction en Octobre et Nevermoor, la saga dont les Défis est le premier tome, est pressentie pour devenir le prochain Harry Potter en matière de qualité/succès. Rien que ça. Donc OK, on va lui donner une chance. Je ne peux pas dire que je suis complètement sous le charme et j'ignore encore si je lirai la suite, mais Les Défis de Morrigane Crow est un bon roman qui plaira facilement au public qu'il vise et propose un univers complexe, parce que j'en ai ma claque des histoires lisses et édulcorées qu'on nous sert en guise de littérature jeunesse comme si les enfants étaient incapables de comprendre et apprécier des textes subtils. Rien que pour ça, ce bouquin mérite les louanges qu'il a reçus. Déjà je vais débarrasser les comparaisons avec Harry Potter d'entrée de jeu. Au début, si vraiment on cherchait après, on pouvait voir quelques similitudes. Un enfant rejeté par tous voit un émissaire d'une école magique et inconnue débarquer chez lui le soir à son onzième anniversaire après lui avoir fait parvenir une mystérieuse lettre, admettons. Rassurez-vous, la ressemblance, si on peut parler de ressemblance pour des éléments aussi basiques, s'arrête là. Nevermoor n'a rien à voir avec Hogwarts et pas de Golden Trio à l'horizon. Le seul véritable point commun que je vois entre les deux univers, c'est leur complexité. Est-ce que Nevermoor pourrait devenir la nouvelle saga jeunesse à succès? Peut-être. Est-ce qu'elle ressemble à Harry Potter? Non. Et je ne pense pas que comparer les deux soit une bonne idée. J'ai eu un peu de mal à entrer dans le livre au début parce que j'avais du mal à distinguer ce qui était "normal" de ce qui ne l'était pas. Nevermoor est clairement un endroit où la magie est présente, mais j'ai l'impression qu'elle existait aussi dans la République où vivait Morrigan. Une fois à peu près correctement située, j'ai pu apprécier l'étendue de l'univers décrit. Il y a visiblement beaucoup de travail et de minutie dans la création de l'univers et je pense que ça va donner des situations finement ciselées dans les prochains tomes, à la manière de la fin, sur laquelle je reviendrai dans la partie spoilers. L'attitude du père de Morrigan est déplorable. J'ai été choquée qu'il refuse de payer pour l'éducation de Morrigan parce qu'elle allait mourir jeune. Et alors? On va tous mourir un jour, certains meurent très jeunes, c'est pas pour autant qu'on doit tout laisser tomber. Le principe même de la vie est qu'elle s'arrête à un moment. Je comprends que ça le ronge de savoir que sa fille va bientôt mourir, qu'il la considère comme déjà morte, même, mais elle est là, elle est bien vivante et elle a besoin de l'amour de son père. C'est triste de voir qu'il fait son deuil avant l'heure, en entrainant Morrigan dans sa peine. Alors qu'il pourrait justement profiter de sa présence tant qu'elle est encore là. J'ai été étonnée par le choix de l'auteur vis-à-vis des enfants concurrents de Morrigan. Hawthorne est un ami, Cadence est neutre, Noelle est une ennemie. Mais Jack aussi accepte difficilement Morrigan. Je m'attendais à ce que Morrigan se fasse quelques amis, une fois sa malédiction neutralisée, mais elle est quand même rejetée parce qu'elle n'est pas originaire de Nevermoor. J'étais triste pour elle, mais contente qu'elle ait au moins Hawthorne, et je pense que Jack et Cadence finiront par l'apprécier. Pour l'instant, ils se jaugent, mais j'ai bon espoir. Morrigan mérite d'avoir des amis sur qui compter. Spoilers! Ezra Squall sera donc notre antagoniste principal, ça me va. J'apprécie qu'il ait pu intervenir à plusieurs endroits du roman sans que je ne le soupçonne. Et j'aime l'idée que le croquemitaine soit en fait le patron de la plus grosse entreprise du pays. Les monstres vivent avec leur temps et deviennent corporate, en éliminant la concurrence au berceau ou presque. Je n'avais pas du tout vu venir que Mr Jones était Ezra Squall, donc ce petit plot twist m'a bien plu, d'autant qu'il a fallu réconcilier le gentil Mr Jones avec le monstrueux Wundersmith. Il a bien trompé son monde, et moi avec. L'idée de la fausse malédiction était surprenante et en même temps logique, que ce soit par son origine ou par ses effets. C'est triste à dire, mais je ne suis pas surprise que tout le côté "c'est la faute de l'enfant maudit" se soit développé à ce point. Les gens aiment avoir un coupable à blâmer dès que quelque chose de déplaisant arrive. C'est jamais la faute à pas de chance, c'est la faute de l'enfant maudit. Parce que si les problèmes viennent d'une personne particulière, on peut exclure la personne pour que les malheurs n'arrivent plus. C'est une vérité tristement actuelle. Quant au talent de Wundersmith de Morrigan, l'arbre qui la brûle m'a mis la puce à l'oreille assez tôt. Je suis d'ailleurs surprise que Morrigan elle-même n'ait pas compris, parce que quand on a onze ans, on se laisse d'autant moins convaincre par les autres qu'on a rêvé quelque chose. En attendant, les manifestations de son pouvoir sont infimes pour l'instant. Il faudra voir dans la suite si elle a plus d'occasions de s'en servir, et comment. Après tout, le seul autre Wundersmith qu'on connait, c'est Ezra Squall, et j'espère qu'il n'est pas représentatif de tous ceux avec le même talent. Dans l'ensemble, j'ai trouvé ça sympa et je suis toujours contente de croiser des livres jeunesse de qualité. Je pense que Nevermoor a beaucoup de potentiel et plaira à beaucoup. Ma note Je vais rester sur 7/10. C'est purement subjectif, pour le coup, parce que je n'ai pas été aussi charmée que les autres. J'ignore encore si je lirai la suite. Mais l'univers est créatif et ça se lit facilement, donc je pense que les fans de merveilleux adoreront Nevermoor et ses habitants. Et je resterai sur cette réplique d'Ivy, que je trouve tellement vraie: "I everyone were educated, where would servants come from?". À méditer. Le mois prochain Pour Septembre, j'ai choisi une duologie qui me tente depuis un moment maintenant: The Call et The Invasion, de Peadar O'Guilin. Je ne suis pas encore certaine de comment je vais goupiller mon article, ni même d'avoir le temps ou l'envie de lire les deux d'un coup, mais j'ai envie d'essayer.
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