Quelques mois après la sortie de Ma Sœur, Serial Killeuse, j'ai cédé à la hype. On en parlait beaucoup et ça a fini par me rendre curieuse. Puis je l'ai oublié dans ma PAL jusqu'à ce que Karifuna mentionne qu'elle avait besoin de parler de la fin avec quelqu'un. Donc je l'ai exhumé de ma PAL et j'ai promis de le lire pour pouvoir en discuter avec elle. Et boy I have some thoughts. Si certains éléments m'ont laissée perplexe à chaud, je peux quand même dire sans hésitation que c'est un excellent roman. Commençons avec Korede. Korede est la grande sœur d'Ayoola. Elle est infirmière, craque pour Tade mais surtout, ce sur quoi le roman insiste, c'est qu'Ayoola envahit chaque partie de sa vie. Korede l'aime beaucoup, c'est sa petite sœur, après tout, et elle ferait tout pour la protéger. Mais Ayoola... Ben on se demande si elle ressent la même chose, ou même si elle se rend compte d'à quel point elle écrase Korede. Outre le fait que leur mère semble toujours la préférer, Ayoola est aussi décrite comme beaucoup plus attirante et sa nonchalance au sujet de ses meurtres m'a hérissé le poil comme pas permis. Korede risque gros pour la protéger mais Ayoola ne semble jamais s'en rendre compte, pire, elle donne l'impression de s'en moquer complètement. Elle ne cherche même pas à passer pour innocente, c'est toujours Korede qui doit s'occuper de tout et l'empêcher de se trahir toutes les cinq minutes. Franchement, elle m'épuise par procuration. Le boulot que Korede se tape pour la protéger, pour même pas le moindre signe de reconnaissance ou même de remords, vu qu'il s'agit d'après elle de légitime défense, ça m'a rendu dingue. Et donc Tade entre en scène. Séduisant médecin, collègue de Korede, qu'elle essaye timidement de séduire. Un homme bien avec qui elle espère débuter une relation un jour. Et là, patatras, Ayoola déboule sur son lieu de travail et rencontre Tade, qui est tout de suite sous son charme. Encore un aspect de la vie de Korede qu'Ayoola vient ruiner, en tout cas c'est l'impression que j'ai eue au départ, d'autant qu'elle a bien compris qu'il plaisait à Korede. Limite on peut soupçonner que c'est fait exprès, de quoi rager. En tout cas, jusqu'à ce qu'on rationalise en se disant que si Tade était si prêt à se jeter aux pieds d'Ayoola, ça aurait pu être n'importe quelle autre belle femme, et Korede aurait été malheureuse de toute façon. C'est moche que la belle femme en question soit sa propre sœur, mais elle n'est clairement pas la seule à blâmer dans l'histoire. N'empêche, on ne peut pas ne pas ressentir de la peine et de la frustration pour Korede, qui ne peut décidément rien avoir à elle dans sa propre vie. Spoilers ! J'ai été dégoûtée par la réaction de Tade quand Korede a essayé de le mettre en garde contre les tendances meurtrières d'Ayoola. Il est tellement aveuglé par la beauté d'Ayoola qu'il n'envisage même pas la possibilité que Korede, qu'il connait depuis bien longtemps qu'Ayoola, puisse dire la vérité. Je comprends qu'il ne l'a pas crue. C'est une accusation très sérieuse, qui sort de nulle part, et personne n'a envie de croire une chose pareille de son partenaire. Il y a aussi ce biais inconscient qu'on a face à une personne comme Ayoola, jolie, à l'air vulnérable: on a du mal à les envisager comme des agresseurs potentiels. Korede, que Tade semble trouver moins jolie et moins menue que sa sœur, lui parait une coupable bien plus plausible. Grossière erreur de sa part, bien sûr, et il l'apprendra à ses dépens, mais si son refus de croire Korede peut s'expliquer, le fait qu'il accuse en retour Korede de vouloir nuire à sa sœur par pure jalousie et méchanceté, ça a failli me faire péter un plomb. Cette mauvaise foi, purée, j'ai eu envie de le gifler. Muhtar était une addition inattendue mais oh combien bienvenue. Pendant tout ce temps, Korede était seule. Ayoola ne faisait que lui ajouter des soucis, ses collègues ne semblaient pas l'apprécier à sa juste valeur, quant à Tade, il la négligeait au profit d'Ayoola. Muhtar était donc une bouffée d'air frais dans la solitude suffocante de Korede. Le fait qu'il l'écoute et essaye de la conseiller sans la juger n'a fait que renforcer mon amour pour ce personnage, parce qu'avec la police qui rôdait dans le coin depuis le dernier meurtre, j'avais sincèrement peur qu'il la balance et que le roman se termine avec Korede en prison. Elle mérite beaucoup, beaucoup mieux que ça, au point que je me suis surprise à me dire que la vie de Korede serait tellement plus simple si Ayoola venait à disparaitre. Pas la livrer à la police, hein. La tuer. J'admets avoir envisagé cette possibilité. Mais vu l'origine de leurs soucis, à savoir le meurtre de leur père quand il voulait vendre Ayoola pour son business, je pense que Korede n'y aurait jamais pensé. Elle protège sa sœur depuis leur enfance, jamais elle ne ferait quoi que ce soit contre elle. Et puis cette fin. Honnêtement, j'ai été sonnée et j'ai mis du temps à la digérer. Du côté de Tade, déjà, zéro pitié. C'est moche parce qu'il est innocent, c'est sûr, mais entre sa sœur, qu'elle a passé sa vie à protéger, et le type qui était prêt à l'accuser elle de meurtre quand elle a essayé de le prévenir, le choix de Korede me parait évident. Le reste, en revanche, m'a laissée pantoise. Déjà, la confession d'Ayoola. Pour la première fois, elle n'a pas parlé de se défendre, mais de protéger Korede. Tade n'était pas une menace pour Ayoola, il en était une pour Korede et c'est ce qui a poussé Ayoola à l'attaquer. Apprendre ça m'a menée à deux conclusions: la première est qu'Ayoola est prête à protéger Korede autant que Korede la protège elle. Son comportement dans le reste du roman ne le laissait pas vraiment voir, il laissait même supposer le contraire, mais non. Et je pense que c'est pour ça que Korede a brûlé le numéro de Muhtar, parce qu'elle s'est rendu compte qu'elle n'était pas seule, que sa sœur était avec elle. Donc première surprise. La seconde, c'est que Korede ne saura jamais si Ayoola aurait fait du mal à Tade si elle n'avait pas essayé de le mettre en garde contre sa sœur. Il est permis de penser qu'Ayoola aurait tout de même fini par le poignarder en "légitime défense", mais Korede se demandera toujours si elle n'est pas au moins en partie responsable de l'attaque. On termine avec des questions, c'est certain. La principale restant "est-ce que tous ces meurtres ne sont vraiment que de la légitime défense?". Mais je ne trouve pas que ce soit une mauvaise chose. Au contraire, je trouve que ça permet de laisser l'attention sur le vrai sujet, à savoir la relation entre Korede et Ayoola. Surprenant, mais pas désagréable. Ma note Disons 9/10. J'aime le cadre, les personnages, les relations entre eux, le concept, tout. J'ai été désarçonnée une paire de fois, mais ça valait le coup. Je le recommande sans hésiter. Quelques reviews ownvoices Étant blanche et résidant en France, il y a des aspects du romans comme le colorisme et la vie au Nigeria que je ne suis pas en mesure de juger correctement. Donc pour des chroniques mieux renseignées, je vous invite à aller lire les posts suivants: - Lettresnoires.com (blog) - Karifuna (blog) - Caroline (Instagram) - Monica (Goodreads) Le mois prochain Je ne suis pas encore certaine à 100% mais ce sera probablement Cadavre Exquis, d'Agustina Bazterrica.
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