Marina est le roman qui a été choisi pour lancer le club de lecture YAinTranslation. Le chat Twitter aura lieu dimanche prochain à 20h heure anglaise (donc 21h en France), via le #YAinTranslation, avec Sophie Cameron. Vu que j'avais voté pour ce titre, j'ai pensé qu'un article s'imposait pour l'occasion. Notez qu'une version française existe au format poche et que la langue n'est pas imposée par le book club, j'ai choisi de le lire anglais uniquement parce que je trouve la couverture à tomber par terre. Ouais, je suis vaine comme ça, parfois. Je suis ruinée. Ce bouquin m'a dévastée comme c'est rarement arrivé et je suis ravie d'avoir commandé une belle édition parce que je vais le garder très, très longtemps. Je m'incline humblement devant le talent de Zafon tandis que Marina rejoint le panthéon des plus beaux livres que j'ai lus de ma vie. Marina est profondément nostalgique, j'irais même jusqu'à dire gothique. L'ambiance du Barcelone de la fin des années 70, les rues désertes, le manoir de German et Marina, le cimetière, le pensionnat, la serre, le théâtre, la brume, ... Tout ce cadre spatial contribue à l'atmosphère fantastique du roman. C'est le cadre rêvé pour une histoire de fantômes, et c'est un peu ce que c'est, avec les souvenirs d'une Barcelone passée en guise de spectres. Mais ces spectres ne sont pas que métaphoriques, on a droit à plusieurs scènes qui semblent tout droit sorties d'un film d'horreur et qui m'ont fait froid dans le dos. L'écriture fait parfaitement passer les émotions. Non seulement Carlos Ruiz Zafon est un excellent écrivain, mais en plus, la traductrice Lucia Graves a su lui rendre justice au point que je suis tentée de lire d'autres romans de Zafon en anglais si c'est elle qui a fait la traduction. Au niveau de l'intrigue, ça tourne autour de cette femme entièrement voilée de noir, qui vient chaque mois déposer une rose rouge sur une tombe anonyme. C'est en la suivant pour découvrir qui elle est qu'Oscar et Marina vont sans le vouloir ramener à la vie une vieille histoire qui aurait dû rester oubliée de tous. Une histoire romanesque, pleine d'amour, d'ambition et de trahison. Marina dépoussière avec brio des tropes de la littérature classique, ce qui, avec les adultes qui racontent leur propre histoire à plusieurs endroits du roman, contribue d'autant plus à cette impression d'hommage à un passé révolu qu'on n'arrive pas à laisser partir. Parce que Marina est une histoire de deuil, au sens littéral et métaphorique. Spoilers! L'histoire d'Eva et Mijail est profondément triste et d'une injustice criante. Tous les deux ont été victimes de la méchanceté et de l'envie de ceux avec qui ils travaillaient et ils y ont tout perdu. Je comprends l'acharnement de Mijail à vouloir tout réparer, même si j'admets qu'il a fait de mauvais choix en cours de route. Il aimait tellement Eva, peut-être même qu'il se sentait responsable de son agression, d'une certaine manière. Et je ne vais pas dire que je suis désolée que Sergei et Tatiana soient les deux cadavres retrouvés dans les décombres après l'incendie, mais ça n'a rien changé au fait que la vie d'Eva et Mijail était brisée. Ils ont tout perdu. L'amertume de Mijail est compréhensible, mais c'est cette amertume qui a fait de lui un monstre et causé la mort de plusieurs autres personnes. Ce que je retiens surtout de Marina, c'est que s'accrocher au passé ne sert qu'à se faire du mal. C'est douloureux de lâcher prise, mais tout a une fin et il faut savoir en faire son deuil. Mijail devait renoncer à la vie, Eva à l'amour de sa vie, German au souvenir de sa femme, Oscar à Marina, même Carlos Ruiz Zafon avait le sentiment d'être arrivé au moment de sa vie où il devait accepter que sa jeunesse et la Barcelone dans laquelle il avait grandi n'étaient plus. Cette acceptation du deuil a frappé fort chez moi parce qu'à 29 ans, je pense que je vais y passer bientôt moi-même. Ce moment de la vie où on se rend compte que notre jeunesse est derrière nous... Je n'ai pas hâte d'y arriver mais c'est inévitable et il faudra bien l'accepter. Laisser le passé reposer et continuer à vivre, comme Oscar. Ou se laisser consumer par l'amertume comme Mijail. Bref, une standing ovation pour Zafon et Marina. C'est un livre magnifique et j'ai hâte de pouvoir en discuter avec d'autres lecteurs. Ma noteAprès une telle critique, il n'y a pas beaucoup de suspense: 10/10. J'aime tout: l'ambiance, les personnages, l'intrigue, le message, le style, tout. Marina gardera une place de choix dans ma bibliothèque pour longtemps. Le prochain livre choisi Le sondage n'a pas encore été lancé, donc il n'a pas encore été annoncé. Je pense que j'éditerai ce post quand ce sera fait. Vous pouvez aussi suivre Sophie Cameron sur Twitter ( @toomanysophies ) pour suivre le processus de sélection complet.
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