Publication prévue le 02 Octobre 2018. Si vous ne connaissez pas Alice Kuipers, foncez vous trouver Ne t'inquiète pas pour moi, un roman écrit sous la forme de post-its qu'une mère et sa fille se laissent sur le frigo. J'avais adoré ce livre, donc quand j'ai vu Me and Me sur NetGalley, j'ai été curieuse de lire un autre roman du même auteur. Un grand merci à Kids Can Press et NetGalley de m'avoir envoyé un exemplaire de ce roman en échange d'une critique honnête. Il y a peu de choses que je déteste plus que lire un mauvais livre, mais écrire un article sur un mauvais livre en fait partie, en particulier quand je ne vois RIEN de positif à dire pour équilibrer un peu. Malheureusement, c'est ce que je vais devoir faire pour Me and Me. Et j'en suis la première navrée. Honnêtement, j'ai eu un mal de chien à le terminer. Je n'arrivais pas à avancer plus d'un chapitre à la fois, et à chaque fois que j'essayais de m'y mettre, je m'ennuyais déjà tellement dès les premières phrases que j'abandonnais pour la journée en me disant que je réessaierais plus tard, jusqu'à qu'on arrive au 24 septembre (donc déjà bien à la bourre sur la date à laquelle je voulais publier cet article) en étant au TIERS du livre. Donc... deux ou trois chapitres de lus. C'était à ce point-là. Il y a pas mal de tropes que je n'aime pas, à commencer par les paroles de chansons dans la narration, et surtout, c'était plat. Le dilemme de Lark se passe au tout début du roman, mais une fois que c'est fait, on continue avec sa vie comme s'il ne s'était rien passé, à part quelques mentions par-ci par-là. OK. Sauf que sa vie était ennuyeuse à crever. J'en étais à un point où j'étais tellement enlisée dans dans l'ennui que même les sms étranges que Lark recevait me passaient à des kilomètres au-dessus de la tête alors que c'était précisément ce que j'attendais: voir les deux vies parallèles s'infiltrer l'une dans l'autre. Les personnages ne sont absolument pas remarquables. Peut-être que c'est en partie dû à mon rythme de lecture, mais j'ai lu les deux derniers tiers hier sur la journée et je n'arrivais toujours pas à situer exactement qui était qui tellement ils se ressemblent tous et parlent de la même manière. Je me souvenais de Lark, Alec et Annabelle. C'est tout. Les autres, je voyais leur nom arriver et il me fallait le temps de remettre qui c'était avant de continuer. Si le livre avait été plus long, j'aurais fait une liste en guise de pense-bête parce que c'était pénible. Les dialogues étaient aseptisés, il n'y avait aucune alchimie entre les personnages, rien ne paraissait naturel. C'est ça, c'était forcé. Artificiel. Presque robotique. Impression renforcée par le fait qu'une bonne partie des dialogues se faisait par sms interposés. Niveau communication écrite, Kuipers a fait beaucoup mieux et, étrangement, beaucoup plus personnel dans Ne t'inquiète pas pour moi. N'ayant pas de réelle passion pour le parcours ou la musique, j'imagine qu'il est possible que mon désintérêt total pour ces parties de l'intrigue vienne de moi et pas du livre? Je suis loin d'en être convaincue mais je veux bien laisser le bénéfice du doute. Le lycée et le job de Lark, par contre, étaient complètement négligés et ne servaient que de décor à quelques interactions. Au final, on ne parle réellement que de Lark, Lark et son amour pour Alec, Lark et ses paroles de chansons qui s'incrustent dans le récit (malgré une scène où Lark elle-même dit que les textes de chansons passent mal à l'écrit parce qu'il manque la musique!), et rien de tout ça ne m'a intéressée. Les éléments de sa vie qui m'auraient intéressée sont passés sous silence, comme la maladie et la mort de sa mère, par exemple. Pourtant Me and Me aurait pu être une chouette exploration du deuil. Spoilers! Au niveau des deux vies de Lark, il y a aussi de quoi dire. D'un côté, Lark a sauvé Alec. Elle s'est fait virer de son groupe de musique, sèche les cours, s'est disputée avec sa meilleure amie et est probablement sur le point de se faire virer de son job. Pourquoi? Parce qu'elle passe tout son temps avec Alec, qui est jaloux et s'avère, à la fin, avoir des tendances violentes que son ex a apparemment déjà subies (même si on n'en saura pas plus). Une vie pourrie, donc, qui fait largement pencher la balance en faveur du sauvetage d'Annabelle, d'autant que la vie de la Lark qui a effectivement décidé de sauver Annabelle se passe plutôt bien au début: un super show avec le groupe, beaucoup d'inspiration, son père a rencontré quelqu'un, la mère d'Alec a quitté son mari violent, Nifty n'a pas rompu avec Cole, ... ça ne va pas pour le concept du roman. Pour que le dilemme en reste un, il faut équilibrer les conséquences pour qu'aucune des deux alternatives ne soit meilleure que l'autre. L'auteure l'a bien compris. Mais comment elle fait ça? En incluant des tendances kleptomanes, qui vont la fâcher avec ses amis, son père et le groupe. C'est n'importe quoi. J'ai rarement lu un plot device aussi ridicule. Je ne suis pas experte en maladie mentale, mais ça sort de nulle part, ce n'est pas une réponse appropriée à un deuil, d'autant qu'elle n'était pas vraiment proche d'Alec au moment de l'accident, donc non, je ne vois pas dans quel univers ce serait plausible. Il faudra attendre de passer plus de la moitié du livre pour qu'on ait enfin un début d'explication à ce qu'il se passe. Les vies parallèles, un éventuel portail à traverser pour revenir au commencement, tout ça, et c'est grâce à la mère de Lark, pour une raison indéterminée. Il semblerait que sa mère ait eu un choix à faire elle aussi et ce serait génétique. Hum... Hein? Le principe de base est intéressant: il y a des moments dans la vie, appelés "infinity points" (même si Google ne me trouve rien de pertinent sur la question), où un choix important est fait et la vie de la personne se sépare en deux vies parallèles en fonction de l'alternative qui a été choisie. Là où je suis moins fan, c'est qu'il faut que les deux versions de la personne communiquent et fusionnent pour revenir au moment du choix et en faire un définitif. Mais si la personne revient et refait un choix, il devrait toujours y avoir les deux possibilités, non? Donc en fait, Lark devrait être coincée dans une boucle, pas réunir les deux vies. Et pour les signes, pourquoi uniquement sur son téléphone et au portail? Pourquoi pas dans le reste de sa vie aussi? Pourquoi pas à chaque fois que les deux Lark sont au même endroit, comme si la superposition des deux créait la connexion? Et gommer la composante génétique qui ne sert à rien et n'est de toute façon pas expliquée? Même la magie a des règles et répond à une logique, surtout que là, on parle d'une pseudo-science. Une science sans logique? Nope. Concernant la fin, je trouve que l'épilogue aurait dû être supprimé. J'aurais amplement préféré qu'on termine sur "I swim", sans savoir qui Lark allait décider de sauver. Je trouve que l'auteure a cédé à la facilité en se disant "le choix est difficile? Alors on ne choisit pas", et pas dans le bon sens. Pour moi, il aurait fallu ne pas choisir pour garder l'idée du dilemme jusqu'au bout, oui, mais justement, arrêter juste avant pour que le lecteur puisse se demander "et moi, j'aurais sauvé qui? J'aurais sacrifié qui?". Au lieu de ça, on piétine tout le principe du livre en annulant carrément le dilemme qui en est le fondement. Lark a sauvé les deux, donc plus de questionnement. Une fin facile pour dire d'avoir un happy ending, qui ruine tout. Si j'avais écrit ou édité ce roman, j'aurais plutôt suggéré que les deux vies parallèles de Lark soient un genre de projection qu'elle aurait imaginée en une fraction de seconde, pendant qu'elle décidait de qui sauver dans le lac. Et qu'une fois revenue à elle à la fin, elle avait fait son choix. Mais ne l'aurait pas dit au lecteur, pour que le lecteur puisse se demander qui il aurait choisi et pourquoi. Ou pire, l'épilogue aurait été Lark expliquant comment son indécision avait coûté la vie à Annabelle ET Alec, et le roman serait l'expression de ses regrets. Ou encore autre chose. Je ne sais pas, ça aurait dépendu du reste du roman, bien sûr. Mais le happy ending, non, je trouve que ça manque cruellement d'audace en plus de ne pas être très plausible. C'était un concept intéressant, malheureusement je ne trouve pas que Me and Me ait tenu ses promesses. Au-delà de l'intrigue que je trouve très mal exploitée, les personnages sont plats, leurs interactions sans intérêt. Rien ne m'a plu et dans deux jours, j'aurai déjà tout oublié de ce livre. Ma note 1/10, pour le concept, mais l'exécution est entièrement à revoir. Malgré un potentiel certain au niveau de l'intrigue, l'auteure a fait ce que j'estime être des mauvais choix et je me suis rarement autant ennuyée en lisant un livre. Pas pour moi.
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