Moi, Simon, 16, Homo Sapiens est apparu dans mes recommandations quand je me suis intéressée à Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers. C'est assez étonnant que je ne le lise que maintenant, vu que ça fait un bon moment que j'y pense et qu'il est sorti en format poche au mois d'Avril, mais à chaque fois que je voulais le prendre, j'ai été distraite par un autre titre. Pardon. Mais cette fois, je ne me suis pas laissé distraire et je l'ai attaqué. Pour le terminer quelques heures plus tard. Je n'avais pas lu un livre d'une traite depuis une éternité. On se laisse tranquillement emporter par l'histoire, on avance, et on veut connaitre la suite donc on continue "encore un chapitre" et woops, ça y est, fini. C'est passé tout seul, comme un médicament avec un morceau de sucre. Merci Julie Andrews pour cette image indémodable. La grande force de ce roman, c'est la galerie de personnages. Simon est un personnage principal sympathique et attachant. On s'entiche facilement d'Abby, même si le fait qu'on ait rencontré Leah d'abord nous donne envie de la détester par solidarité. Martin est une ordure, même s'il arriverait presque à se rendre tolérable. Nora est une petite sœur sympa qui soutient son frère. Les parents n'ont que peu de temps de parole, comme dans la majorité des romans YA, mais ils sont là et ils font leur boulot. Et ce qui est vraiment cool, c'est que les amis de Simon ne sont pas négligés au profit de Blue. Certes, Simon pense souvent à lui, mais il passe tout de même son temps avec ses amis et leur accorde de l'attention. On pourrait croire que c'est un détail, mais je vois encore trop de romances YA où le personnage principal largue d'un coup amis et famille pour se consacrer entièrement à son nouvel amour (*tousse* Twilight *tousse*) et/ou où la romance prend tellement de place que les autres personnages font de la figuration, comme dans When Dimple met Rishi pour prendre un exemple récent. Les amis de Simon, et Martin, apportent du réalisme et de la diversité dans le paysage, ce qui est franchement appréciable. Leur présence permet aussi de faire avancer la partie de l'intrigue qui ne concerne pas directement Blue, à savoir le chantage de Martin. Les chapitres sont entrecoupées des mails que Simon échange avec Blue. Je trouve ça sympa parce que ça nous fait alterner entre le Simon du lycée, qui doit parfois prendre des décisions par "obligation" pour ne pas se trahir, et le Simon plus détendu, plus authentique, quelque part, out and proud, qui ne cherche finalement même pas à dissimuler son identité. Même Blue lui fait remarquer à un moment qu'il donne beaucoup plus d'indices qu'il le devrait et je pense que ce n'est pas vraiment volontaire. Je pense que Simon se sent tellement libre de parler de tout avec Blue que certains détails lui échappent sans même qu'il ne s'en rende compte. Constater cette différence entre un Simon un peu effacé et un Simon qui laisse tomber sa garde permet vraiment de se rendre compte d'à quel point il a l'impression de porter un masque au lycée. C'est extrêmement drôle. Simon se fait des réflexions franchement hilarantes, parfois, et ce qui est vraiment appréciable dans ce roman, c'est que cette histoire de chantage mise à part, on baigne dans les papillons, les bébés chiens, les arcs-en-ciel et les nuages. Ouais, c'est mignon et doux à ce point. Je vous mets au défi de ne pas refermer le livre avec la banane. C'est vraiment une bouffée d'air frais. Attention spoilers! On a de belles leçons sur la tolérance, dans ce livre. La plus marquante, pour moi, c'est le coming out forcé de Simon. J'ai beaucoup aimé qu'il balance à Martin qu'il n'avait aucun droit de décider pour lui qui était au courant de son orientation sexuelle. Parce qu'il a raison: ce ne sont les affaires de personne d'autre que lui et de ceux à qui il décide LUI d'en parler. C'est quelque chose d'important et qui, je trouve, n'est pas suffisamment respecté de nos jours. Simon aurait dû pouvoir faire son coming out quand il le voulait et de la manière dont il le voulait, pas forcé par une annonce immonde postée sur Internet par une ordure. Et je suis bien contente que le frère de Martin lui ait passé un savon à ce sujet parce qu'il ne l'a vraiment pas volé. Même si Simon n'avait reçu que du soutien à cette annonce, et c'est même pas le cas, Martin est clairement allé trop loin, et par dépit, en plus. Juste parce que Simon ne pouvait pas convaincre son amie de sortir avec lui, comme si l'avis d'Abby sur la question n'était pas pertinent. D'ailleurs j'aurais aimé que ce point soit adressé aussi parce que le "tu m'arranges le coup avec Machine", c'est tout aussi détestable. On a aussi tout le côté "on considère que les gens sont hétéros par défaut". Là, je tique un peu dans le sens où je ne suis pas d'accord sur la raison. Pour moi, ça vient du fait qu'une petite portion de la population ne l'est pas, donc sans annonce du contraire, c'est statistiquement plus probable qu'une personne soit hétéro. Maintenant, je rejoins Simon sur le fait qu'il ne devrait pas y avoir besoin de faire un coming out. On aime qui on aime et au final, qu'est-ce que ça change? Rien. En plus, ça ne regarde personne. Je trouve triste qu'il y ait besoin d'annoncer qu'on est homosexuel comme si c'était une maladie incurable ou d'avoir peur d'être rejeté pour ça. On est qui on est, on aime qui on aime. J'aimerais qu'un jour, il soit possible de dire "je suis gay" pour la seule raison que ce serait pertinent dans la conversation, pas parce que c'est une annonce qui pourrait choquer tout le monde. Parce que ça ne devrait pas. Personne ne devrait avoir peur d'être rejeté à cause de quelque chose qui ne se contrôle pas. Exemple de coming out possible: "J'aimerais t'organiser un blind date avec une de mes amies." "Désolé, je suis gay." "Ah, OK, tant pis." FIN. Un autre exemple? "Quand est-ce que tu nous présentes ta petite amie?" "Je suis gay." "Pardon, ton petit ami, alors?" Aimer les hommes, les femmes et/ou tout ce qu'il y a entre les deux, je trouve que ça ne devrait pas avoir plus d'importance qu'aimer le beurre ou ne pas aimer le poisson et ça ne devrait donc pas nécessiter un coming out et le stress qui va avec. Donc Blue s'avère être Bram. Je ne peux pas dire que je l'avais vu venir, mais je suis contente parce qu'il a l'air de sincèrement apprécier Simon. Pas que je n'aurais pas été contente avec Cal, mais c'était un peu trop évident. Quant à l'idée qu'il soit Martin, ça ne m'a même pas effleuré l'esprit: pourquoi: 1) s'aliéner Simon en le menaçant de l'exposer sur Tumblr? 2) draguer sa meilleure amie? Non, pour moi, ça n'avait aucun sens. Outre le fait que Blue me semblait beaucoup trop bienveillant pour ça, je n'imaginais tout bonnement pas qu'une personne ayant du mal à faire son propre coming out à ses parents puisse menacer de forcer celui d'un autre, en particulier d'un garçon dont il est amoureux, d'une manière aussi dégueulasse. Il y avait des manières beaucoup moins hostiles d'attirer son attention, et surtout, quitte à le faire chanter pour passer du temps avec lui, je pense qu'il y avait d'autres excuses possibles que de faire croire qu'il s'intéressait à une autre personne, en particulier une fille. Lui demander de l'aider à faire ses devoirs dans une matière quelconque, par exemple. Certes, Martin ne me parait pas particulièrement brillant, mais ça aurait été un plan complètement stupide. La réaction d'Abby au chantage m'a fait tiquer mais quelque part, je la comprends. Chantage ou non, c'est limite si Simon n'en était pas à la prostituer pour son propre intérêt. MAIS. Déjà, au début, Simon était complètement dans le placard et ne pouvait rien lui expliquer. Ensuite, même quand il lui avait avoué être gay, il ne pouvait pas être certain qu'elle n'allait pas tout faire foirer en allant confronter Martin, ce que j'aurais été tentée de faire à sa place. Peut-être qu'elle aurait décidé, à raison, que ce n'était pas à elle de prendre cette décision et aurait passé du temps avec Martin à la demande de Simon (à condition que ça se limite à des rencontres amicales, évidemment), mais peut-être aussi qu'elle aurait estimé, à raison aussi, que le chantage était inadmissible et serait allée lui expliquer sa façon de penser. Ce qui aurait fait comprendre à Martin que ses chances avec elle étaient complètement ruinées, et il aurait pu poster son annonce par dépit (et Simon avait raison de le craindre, vu que c'est exactement ce qu'il a fait). Simon ne pouvait pas prendre ce risque. Le côté "on a merdé tous les deux, donc on se pardonne l'un à l'autre" me convient très bien dans cette situation. Donc je suis conquise, et je regrette d'avoir tant attendu pour le lire. Je jetterai peut-être un œil à l'autre roman de Becky Albertalli, Mes Hauts, mes bas et mes coups de coeur en série, qui sort en français dans quelques jours, et je vais surveiller la sortie du prochain, qui mettra Leah en vedette. Cool. AdaptationLe film adapté du roman est prévu pour Février 2018. Nick Robinson jouera Simon. Le cast comptera aussi Alexandra Shipp, Logan Miller, Katherine Langford, Miles Heizer, Josh Duhamel et Jennifer Garner. J'ai super hâte de le voir! Ma note C'était drôle, adorable, ça aborde des thèmes importants pour les ados, donc 8.5/10. Petit coup de cœur. Le mois prochain Vu que j'étais un peu en avance, j'ai commencé The Creeper Man, de Dawn Kurtagich. J'ignore si j'aurai le cran d'aller jusqu'au bout parce qu'il parait qu'il fait très peur, mais j'avais envie d'essayer et pour l'instant, je tiens le coup. Pourvu que ça dure!
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