J'avoue avoir été carrément hypnotisée par la couverture de ce roman. Je ne sais même plus comment je suis tombée dessus, mais quand mes yeux se sont posés sur cette image, j'ai su qu'il me le fallait. En plus, l'intrigue se passe dans un désert, et j'ai beau détester avoir chaud et brûler au soleil, je raffole de ce genre de paysages. Avant de commencer, petit avertissement: il y a une relation homosexuelle avec quelques scènes un peu osées et j'ajoute un Trigger Warning pour consentement douteux (rituel sexuel). Ceux que ça dérange feraient mieux de choisir un autre livre. Le style est plus soutenu que ce dont j'ai l'habitude, mais pas pompeux. L'auteure n'en fait pas trop au niveau des descriptions, même si elle est très friande de métaphores, laissant l'imagination du lecteur compléter les tableaux, ce que j'apprécie beaucoup. Je me suis sentie bercée par les phrases et j'ai voyagé. L'univers est absolument fascinant. Je crois que je lisais avec des yeux aussi écarquillés qu'Aspel devant les murs des cavernes souterraines. Les nomades, les anciennes traditions du désert, la magie, des ruines, une touche de dragons, je prends tout. Finement ciselé et magnifique. C'est vraiment le point fort de ce roman. Attention spoilers. Malheureusement, l'intrigue ne suit pas. On passe facile la moitié du roman avant de sentir un quelconque danger. Je trouve dommage, avec un univers aussi intéressant, de se contenter d'une intrigue aussi maigre et superficielle. On n'a eu aucun signe avant-coureur, Aspel et Menât sont tombés sur le problème complètement par hasard. Le but de la sorcière était presque cataclysmique, pourtant je n'ai pas été effrayée. Je pense que c'est en grande partie dû au fait que l'intrigue n'a pas eu l'introduction qu'il lui aurait fallu. On nous dit que la sorcière fait quelque chose de mal, mais on ne nous montre pas vraiment sa dangerosité. L'inquiétude d'Aspel pour Menât ne m'a pas non plus convaincue parce que je n'ai pas réussi à apprécier Menât autant que je l'aurais voulu (je reviendrai sur le pourquoi). Je n'ai donc pas paniqué comme j'aurais dû pendant la fin, ce qui est bien dommage parce qu'il y avait largement le potentiel pour. Ceci dit, l'intérêt principal de l'intrigue, c'est de constater l'évolution d'Aspel et en ça, c'est réussi. À la fin du roman, on est loin du jeune homme courageux mais effrayé et avec un niveau de confiance en lui proche de zéro. Vu de cet angle, le roman est à peu près équilibré avec une moitié consacrée à l'initiation d'Aspel et l'autre à la mise en application que ce que Menât lui a appris. Il a trouvé sa voie et la suit, jusqu'au point où il aide à empêcher une catastrophe et découvre le secret qu'il garde. Seulement la transition entre les deux parties ne me semble pas suffisamment fluide pour ne pas couper la courbe d'évolution d'Aspel. L'évolution d'Aspel, justement, est plutôt réussie. Il commence par se sacrifier pour sauver sa sœur de la prostitution, puis pour sauver la vie d'un enfant qui avait été capturé. Dès le premier chapitre. C'est important parce qu'aucun de ces choix ne lui apportaient quoi que ce soit. Aussi j'ai été contente que l'auteure ait mis l'accent sur sa décision de rester avec Menât comme étant le premier choix de sa vie qu'il a fait pour lui-même. Bien sûr, il continue à se sacrifier sur la fin, hein, mais pour des raisons qui le concernent. Parce qu'il ne veut pas vivre sans Menât et parce qu'il comprend la souffrance de Sémiramis. Plus parce qu'il estime que sa vie vaut moins que celle d'une autre personne. Les autres personnages, et aussi Aspel en-dehors de l'aspect que je viens de mentionner, manquent un peu de personnalité à mon goût. Je peux comprendre qu'on ne fait que croiser la plupart des personnages, après tout ce sont des nomades, donc ils vont et ils viennent, mais je les trouve tous un peu plats. Même Menât ne me parait pas très creusé. On a bien quelques indications sur son passé via Hetep, mais une biographie sommaire ne suffit pas à créer une personnalité marquée. Je n'ai pas pu m'y attacher parce qu'à aucun moment il ne m'a semblé se détacher de l'arrière plan. J'ai plusieurs fois dû relire quelques dialogues pour comprendre qui disait quoi, signe qu'ils parlent tous d'un voix trop similaire pour que je les distingue. Le rituel sexuel est un thème avec lequel j'ai généralement du mal pour des raisons de consentement douteux. C'est un écueil que l'auteure a réussi à éviter ici en insistant plusieurs fois sur le fait que Menât ne pousse Aspel à rien. Aspel choisit de rester de lui-même, et même si on pourrait arguer qu'il n'a plus de vie à Tès de toute façon, le fait est qu'il aurait pu partir n'importe où ailleurs, à commencer par ces forêts qu'il rêvait de voir quand il était enfant. Non, il a choisi de rester avec Menât. Ce qui me fait d'autant plus plaisir que la scène du rituel était franchement belle, je trouve. Bon, je ne suis vraiment pas fan du mot "intimité" comme euphémisme pour les parties génitales, mais d'un autre côté, je concède que "pénis" et "anus" auraient probablement cassé l'ambiance poétique et mystique de la scène, donc je me suis fait violence. Pas de chance, j'ai déchanté face au fait que Menât a omis de préciser qu'il s'agissait d'une relation "suivie" et monogame. Je pense que c'est une information qu'il aurait pu et dû mentionner avant d'entamer sa relation avec Aspel. Certes, dans notre texte, ça tombe vachement bien parce qu'Aspel est raide dingue de Menât, mais les quelques mentions de la relation de Menât avec Hetep m'ont fait tiquer. Comprenez moi bien, les relations sexuelles comme expression de confiance, je n'ai rien contre, bien au contraire, mais savoir que Menât se donnait de mauvaise grâce à son maitre ne m'a pas beaucoup plu. En particulier le passage qui mentionne qu'il y avait été obligé parce qu'il était blessé. Mouais... Bien qu'il y ait "standalone" écrit sur la couverture, la fin du roman laisse la porte ouverte à une éventuelle suite. Les sphinges se sont visiblement entendues pour réunir Aspel et Menât et leur faire parvenir l'arme jumelle de celle de Menât. J'ai du mal à imaginer que c'était simplement par bonté et je ne serais pas surprise que dans une suite, on découvre qu'en fait, Aspel et Menât devaient se trouver pour faire revenir les dragons, ou quelque chose de ce genre. J'encourage vivement l'auteure à écrire une suite si elle en a l'envie et l'inspiration parce que même si l'intrigue de Sortie des Sables m'a laissée sur ma faim, je pense que l'univers qu'elle a créé a énormément de potentiel. Ma note J'ai un cas de conscience, parce que si l'univers est remarquable, l'intrigue et les personnages manquent énormément de consistance. L'accent a été mis sur l'atmosphère et de ce côté-là, il n'y a rien à redire, mais les bases mêmes du roman sont trop négligées pour que ça me suffise. 5/10 avec de vifs encouragements à creuser les personnages, écrire une intrigue plus complexe et l'amener plus progressivement. Au sujet de MxM Bookmark (la maison d'édition) Pour ceux qui jonglent entre livres et liseuse, grâce à leur opération 1 livre = 1 ebook, vous pouvez recevoir gratuitement une version numérique de votre livre papier sur présentation d'une preuve d'achat. J'ai reçu ma copie à peine trois jours après en avoir fait la demande. C'est vraiment très sympa de leur part, je trouve, donc merci à eux. Le mois prochain J'ai choisi Inferno, de Dan Brown. Je ne l'avais pas acheté à sa sortie parce que j'avais été très déçue du précédent, mais le film va sortir bientôt et j'ai envie de lui donner une chance.
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