Strange Grace est un de plus flagrants exemples de cover lust ever (même si je le trouvais plus joli en gris foncé sur internet qu'en mauve). Je l'ai trouvé l'année dernière, dans une liste Goodreads de publications prévues en 2018 et je suis tombée raide dingue de la couverture et du synopsis. Un pacte avec le Diable, des sorcières, des sacrifices, j'étais à fond, les gars, au point de précommander un hardback, ce que je ne fais que très rarement. Strange Grace est objectivement un bon roman, mais il n'est clairement pas pour tout le monde et je pense qu'il n'est pas pour moi. Dans bien des aspects, il m'a rappelé Fairytales for Wilde Girls, qui ne m'avait pas convaincue non plus, même si Strange Grace est quand même mieux passé. Je pense qu'il y a eu malentendu sur le genre du roman dès le départ. La couverture, le synopsis, j'attendais du paranormal sombre qui me collerait des frissons, un peu sanglant et inquiétant, avec une vibe un peu le Village. Au lieu de ça, on est à mi-chemin entre le conte de fées et la vie quotidienne d'un village de l'époque préindustrielle (avec des principes modernes), donc j'étais loin du compte. Très honnêtement, si j'avais su que c'était un roman plus fantasy que paranormal, je ne l'aurais probablement pas acheté. Vu que c'était trop tard pour ça, je lui ai donné sa chance et sur le principe, j'aurais pu m'accommoder du genre, même si la fantasy et l'historique sont deux des genres que je lis le moins parce que je n'aime pas vraiment ça, mais même en adaptant mes attentes, ça a coincé. Mon principal problème, c'est qu'il est long. Pas long en nombre de pages, on n'est qu'à 380 environ pour mon édition, j'ai déjà avalé en quelques jours des livres qui faisaient plus du double, mais l'action est très, très lente. Je crois que tout se passe sur trois jours, et on assiste plutôt à des scènes de vie qu'à de véritables scènes d'action. C'est très contemplatif et niveau structure, on a beaucoup de retours en arrière sur les évènements qui se sont passés dans la forêt, qui arrivent un peu au hasard des souvenirs qui leur reviennent, et ça m'a donné une impression d'éparpillement qui m'a laissée perplexe, et même un peu irritée. J'ai cru que ça allait enfin décoller quand Mairwen, Arthur et Rhun sont entrés dans la forêt, mais non. Ils en ressortent presque aussitôt sans nous dire ce qui s'est passé, et il faudra choper les bribes de souvenirs ci et là pour reconstituer les évènements. Du coup j'étais plus frustrée qu'intéressée parce que j'avais attendu pendant des pages et des pages pour enfin arriver à ce qui allait se passer dans cette fichue forêt, tout ça pour retourner à la vie des personnages dans le village sans rien de consistant à me mettre sous la dent. Le style de Tessa Gratton est très descriptif, très "poétique", j'imagine, avec beaucoup de métaphores et un langage que je qualifierais de précieux. Quiconque aime les beaux mots sera comblé à ce niveau-là, mais c'est pas mon truc. J'ai étudié la littérature, je vois bien que c'est bien écrit, c'est juste que ma préférence personnelle va aux plumes plus directes parce que j'ai du mal à visualiser la scène quand elle est décrite avec beaucoup de fioritures. Alors déjà que ce qui se passait ne m'intéressait qu'à moitié, si on ajoute un style qui me tient à distance, ce n'est pas vraiment étonnant que j'aie fini par décrocher et perdre le fil. Spoilers! Des trois personnages, j'ai préféré Arthur et de loin. Rhun ne m'a pas paru particulièrement remarquable et Mairwen... Whatever. Pas que je les ai détestés, c'est juste qu'ils ne m'ont pas touchée particulièrement. Les trois ont souffert du style d'écriture, qui m'a empêchée de m'immerger pendant tout le roman, donc je n'ai pas vraiment pu m'attacher à aucun d'entre eux. Néanmoins, je trouve que l'évolution d'Arthur, qui commence terrifié par les avances homosexuelles de Rhun à cause des moqueries sur sa virilité du fait qu'il a grandi persuadé d'être une fille, est intéressante et pertinente de nos jours. Parce qu'après la forêt, il sait. Il sait que son amour pour Rhun et les robes qu'il portait petit ne remettent pas en question le fait qu'il est un homme parce qu'il est le seul à pouvoir se définir. Il me semble même qu'il dit explicitement que ce n'est pas aux autres de décider qui il est. C'est un principe très juste et très actuel, que je suis contente de voir apparaitre dans la culture. Je n'ai aucune idée de comment fonctionnent les relations polyamoureuses, donc je me contenterai de mentionner que Mairwen, Arthur et Rhun en ont une sans commenter sur la justesse de la représentation. Je préfère laisser à ceux qui s'y connaissent mieux que moi le soin de le faire. Je ne peux pas dire que Vaughn en tant que Diable/old god m'a surprise. J'ai commencé à le soupçonner vers la moitié du roman (je crois?) parce que l'idée que les saints survivants soient partis pour revenir me paraissait moins farfelue que l'idée qu'ils ne soient jamais partis. Et vu que c'était Vaughn qui leur "donnait de l'argent pour partir", il devait être dans le coup d'une manière ou d'une autre. Je ne pensais pas qu'il était le père de Mairwen, ceci dit. Son attraction à elle pour la forêt m'est un peu passée au-dessus. Peut-être que j'aurais fait le rapprochement si la plume avait été moins fleurie, peut-être que je n'aurais toujours rien vu venir et que j'en serais tombée de ma chaise de surprise, je ne le saurai jamais. J'imagine que ça a du sens, après tout, Mairwen a toujours semblé plus attirée par la forêt que sa mère, même si sa mère disait que c'était le lot de toute leur lignée. Par contre, que sa mère ne soit pas au courant... Autant je veux bien croire que l'histoire de comment le pacte est né à pu être déformée et embellie au fil du temps pour donner la jolie histoire d'amour entre le Diable et la plus jeune sorcière, autant les multiples utilisations de l'amnésie ont vraiment fini par ressembler à une manière bien pratique et un peu paresseuse d'expliquer des plot twists improbables. "Comment ça se fait qu'ils ne savaient pas? Ils avaient oublié." Moui. Non. Il me faut un peu plus que ça pour ça passe, désolée. Ils ont oublié l'histoire du pacte, ils ont oublié ce qui se passe dans la forêt, la mère de Mairwen a oublié que c'était avec Vaughn qu'elle avait couché et pas le supposé père de Mairwen, ... Au bout d'un moment, ça fait fait quand même beaucoup d'oublis et même avec l'aide de la magie, c'est difficile à gober. Et je ne suis pas certaine d'avoir compris la fin. Donc un saint venait tous les sept ans mourir dans la forêt pour "remplacer" le dieu de la forêt, j'imagine, ça, je pense que je l'ai. Et le fait que John ait vraiment réussi à s'échapper et que Braedan ait lié une partie de son corps au lieu du corps entier a raccourci la durée du pacte à ce moment-là, admettons. Tant de mystères pour une explication aussi simple, mais OK. Par contre, l'histoire de la sorcière, et Mairwen qui se laisse brûler dans l'arbre pour finalement être vivante (je crois?) dans l'épilogue, je suis passée complètement à côté. Je n'ai rien compris, et de toute façon, à ce stade, ça ne m'intéressait plus vraiment. Plus de 350 pages à ne RIEN me dire pour garder le suspense ou faire une grande révélation à la fin, c'est trop pour garder mon attention et mon intérêt jusqu'au bout. J'aurais amplement préféré le récit de la nuit passée dans la forêt que trois jours à essayer de se rappeler pour finalement revenir dans la forêt se faire expliquer ce qui se passe. Donc nope, pas pour moi. Et pour le coup, j'en suis la première déçue parce que j'y voyais beaucoup de potentiel. Oh well... Ma note S'il ne m'a pas particulièrement plu, je pense que les amateurs de styles sophistiqués pourraient apprécier Strange Grace. Peut-être même un coup de cœur. Pour moi, par contre, c'est un 5/10. Le mois prochain La première vraie anthologie de ce blog! J'ai choisi Feral Youth, un recueil d'une douzaine de nouvelles, rassemblées et reliées entre elles par Shaun David Hutchinson.
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