The Call et The Invasion sont les deux tomes d'une duologie que je vais essayer de présenter un peu plus précisément que le synopsis. Dans le futur, les Sidhe ont soudainement isolé l'Irlande du reste du monde et commencé à Appeler les adolescents pour les chasser et les tuer. Pendant cet appel, l'adolescent disparait, téléporté dans le Grey Land, où il sera traqué par les Sidhe dans un environnement hostile. Au bout d'une journée dans ce monde, ce qui fait environ trois minutes chez nous, l'adolescent est renvoyé dans notre monde. Tous seront appelés, un sur dix en moyenne reviendra vivant, atrocement mutilé par les Sidhe. Personne ne pense que Nessa survivra parce qu'elle est handicapée à cause de la polio et n'est physiquement pas capable de courir. J'ai beaucoup aimé. J'ai trouvé le concept très original et j'ai dévoré les deux tomes en quelques jours, même si ce n'était pas tout à fait ce que je m'attendais à lire. Pour commencer, je suis étonnée qu'on m'ait vendu ça comme une histoire horrifique. OK, y a du gore et du dégueulasse, mais du terrifiant? Je ne comprends pas. Je suis une trouillarde, j'ai flippé en lisant Anna il y a deux ans et ni The Creeper Man l'an dernier ni The Call cette année ne m'ont fait peur. Je deviendrais blasée? En revanche, je ne crois pas avoir jamais lu quelque chose de similaire à cette duologie. J'ai lu de la fantasy, des dystopies, des histoires qui se passaient dans des mondes complètement différents, des pays aux coutumes qui n'avaient rien à avoir avec les miennes, pourtant je n'ai jamais été aussi dépaysée que dans cette Irlande brute et mystique. Si j'ai du mal à voir le potentiel effrayant de The Call et The Invasion, je les recommande sans hésiter à quiconque cherche un cadre qui ne ressemble en rien à ce qui existe ailleurs. Les chapitres sont courts et le point de vue saute de personnage en personnage. Il y en a que ça rebute, pas moi. Au contraire, je trouve que ça donne une meilleure vue de chaque personnage. Dans The Call, Nessa, Megan et Anto sont les personnages principaux qu'on veut voir survivre, respectivement l'héroïne, la meilleure amie et le love interest. Mais celui qui m'intéressait le plus, c'était Conor. Conor est un mec violent et colérique, habitué à avoir ce qu'il veut. Son attitude envers les autres, en particulier ses sentiments d'attirance et de dégoût pour Nessa, le rend antipathique mais aussi fascinant. C'est un bon antagoniste parce qu'il représente un danger supplémentaire pour Nessa et Megan, d'autant qu'il a une bande prête à le suivre et martyriser quiconque il prendrait en grippe. Comme quoi, le mal n'est pas que dans le Grey Land et si les Sidhe sont monstrueux, les humains peuvent l'être au moins autant. Au niveau de l'intrigue, j'ai trouvé le concept inventif et surtout, bien fignolé. J'ai même été choquée quand une réalisation m'a frappée: je me demandais comment les Irlandais pouvaient perdurer si neuf adolescents sur dix n'atteignaient pas l'âge d'avoir des enfants, et en fait... C'est le but. La société n'est pas stabilisée du tout, à la manière de Hunger Games, les humains en Irlande sont en voie d'extinction et c'est fait exprès. Les Sidhe veulent les exterminer jusqu'au dernier pour récupérer leur Terre. Personne n'est à l'abri, pas même les "survivants", que je mets entre guillemets parce qu'il faut voir dans quel état ils reviennent. Le but ultime, c'est qu'ils y restent tous. ça rend l'idée de massacrer les ados particulièrement ingénieuse, parce qu'avec la chute démographique que ça entraine, les Irlandais sont décimés. Ceci dit, je n'ai pas trouvé la vie de ces ados particulièrement passionnante. Les intrigues du pensionnat ont eu du mal à retenir mon attention et du côté des Sidhe, je trouve qu'ils ont manqué d'un traitement plus complexe. Dans chaque guerre, il y a au moins deux versions de l'histoire. Il est mentionné à un moment que c'était un peuple natif de l'Irlande, et qu'ils ont été massacrés et bannis dans une endroit horrible, par les humains. Leur rancœur est légitime, même si leur manière de l'exprimer est atroce. Ils étaient chez eux, en Irlande, ils étaient les victimes au départ et je trouve dommage que cette ambigüité morale n'ait pas été plus exploitée. Sans me donner envie de les apprécier, faut pas déconner, il y avait au moins matière à me faire compatir, donc j'ai une impression d'occasion manquée. Le point de vue de l'un(e) d'entre eux aurait peut-être permis d'avoir une perspective différente. Spoilers pour The Call! La personnalité et la fin de Conor m'ont rappelé cette série danoise, qui avait été diffusée sur France 4 et que j'avais beaucoup aimée, Heartless. Conor a beaucoup de points communs avec Ditlev, je trouve, en particulier sa mort. Je n'ai pas ressenti pour Conor la pitié extrême que j'avais ressenti pour Ditlev quand il avait agressé Sofie (et l'avait payé cher) parce que je n'ai pas vu de douleur chez Conor. C'est dommage parce qu'on avait des chapitres de son point de vue, mais on n'a vu aucune qualité rédemptrice ou qui aurait au moins pu susciter autre chose que du dégoût envers lui. Que de la colère, de l'arrogance et un gros manque de compassion. Je trouve que c'est le défaut majeur de cette duologie, les protagonistes sont moralement gris mais les antagonistes, eux, sont 100% noirs. Un peu plus de nuance, dans le traitement de Conor comme dans celui des Sidhe, m'aurait plu. Megan a du style et c'était probablement la plus maligne de tous. Non seulement elle est morte presque en crachant au visage des Sidhe, mais en plus, face à la mort, elle a eu la présence d'esprit non pas d'essayer de se tuer, mais de graver sur son bras une information précieuse pour son école pour que même morte, elle puisse bousiller leur plan. Tu parles d'un bras d'honneur! Le courage, le sang-froid et l'intelligence nécessaires pour réussir penser à un truc pareil dans de telles circonstances méritent une standing ovation et font d'elle un des personnages les plus badass que j'ai jamais eu le plaisir de lire. RIP Megan. Tu déchires. Je ne peux malheureusement pas dire que la véritable identité du professeur "Frankenstein" soit une réelle surprise. Pour le coup, l'auteur a un peu manqué de subtilité à la page 50, quand Anto demande "What do you mean by your Darwin, sir?" Je n'avais pas remarqué le pronom utilisé par le professeur, mais quand Anto a mis le doigt dessus, j'ai percuté tout de suite. "Votre" Darwin, sous entendu "pas le mien". Le professeur n'était donc pas humain. En insistant sur ce lapsus aussi ouvertement, l'auteur a un peu gâché son suspense. Ces quelques couacs mis à part, j'ai trouvé que The Call était un bon roman, qui n'hésitait pas à dépeindre la violence d'une véritable guerre ni à maltraiter ses personnages principaux, qu'on a tendance à croire à l'abri dans la plupart des romans. Ce n'est pas parfait, mais c'est audacieux et le cadre est fascinant. Spoilers pour The Invasion! L'ambiance est complètement différente mais les éléments de base sont toujours là. On garde les deux personnages principaux survivants, Nessa et Anto, et on explore les conséquences du livre précédent en Irlande, tout en laissant le plan des Sidhe se dérouler dans le Grey Land. Et ce que j'ai vraiment trouvé intéressant, c'est qu'on a des explications sur l'arrivée des Sidhe et des Appels, pourquoi maintenant, comment ils font pour passer de plus en plus en Irlande, et que ça s'intègre parfaitement dans l'intrigue. Mieux, c'est même l'explication du phénomène qui va permettre de le combattre. J'adore. Du côté des personnages, si le point de vue de Nessa est toujours intéressant, celui d'Anto m'a laissée de glace, au début. J'ai trouvé que la manière de l'éloigner, artificielle, pour qu'il ne cherche pas Nessa, semblait aussi artificielle du point de vue de l'écriture, comme si l'auteur avait lui-même cherché une excuse pour l'éloigner de Nessa dans l'intrigue. Du coup, tous ses chapitres dans l'équipe militaire sonnaient creux alors qu'il reprend en intérêt quand il retrouve son ancien pensionnat. Sa présence y était logique, peut-être qu'il aurait mieux valu l'y envoyer dès le début. J'avoue aussi ne pas avoir cerné la personnalité de Liz, pourtant elle est intéressante. En revanche, j'ai apprécié de voir Aoife prendre en assurance et en importance. Du côté de Nessa, l'idée de la prison et des expérimentations m'a beaucoup plu et j'aurais aimé en voir plus. En particulier pour Angela, pour savoir si elle avait réussi à échapper au Grey Land et pourquoi elle n'avait pas été appelée dès le départ. En fait, je trouve que toute la partie sur la prison est passée un peu trop vite, et je me demande à quel point je n'aurais pas préféré que The Invasion soit en fait deux livres. Envoyer Nessa dans le Grey Land définitivement était aussi une idée intéressante. Ceci dit, plutôt qu'une création des Sidhe, comme allié, je lui aurais donné un Sidhe directement, pour en revenir à ce que je disais sur le fait qu'on n'avait à aucun moment leur point de vue sur la guerre. Avec "l'immunité" de Nessa, un Sidhe aurait pu l'accompagner sans pouvoir lui faire du mal, peut-être même en lui servant de garde du corps, et au fil des conversations, on aurait pu avoir la perspective de Sidhe sur la guerre et pourquoi ils estimaient avoir raison. Pour moi, il y avait une opportunité à saisir, là, et si Ambrosio était sympa, j'aurais tout de même préféré un compagnon Sidhe. Le concept des promesses qui relient les deux mondes était plausible et très inventif, et c'était malin de la part de Nessa de finalement tourner son attention sur ce point. Elle n'a pas seulement survécu quand tout le monde la considérait comme fichue d'avance, elle a été plus maligne que le roi des Sidhe et elle a sauvé toute l'Irlande. Quant à la réaction d'Anto, je ne sais pas, je dis toujours que 16-17 ans, c'est jeune pour prendre une décision qui impactera le reste de sa vie sans possibilité de reculer, mais après tout ce qu'ils ont vécu... Pourquoi pas. En plus, j'ai trouvé l'épilogue vraiment sympa, d'autant que je m'étais vraiment attachée à Aoife dans ce tome et que les conséquences d'une telle guerre ne sont pas simplement balayées sous le tapis. Un happy ending un peu doux-amer, je pense que c'était ce qu'on pouvait attendre de plus heureux pour une duologie aussi sombre et brutale. Je suis convaincue. C'est une duologie que je recommanderai à pas mal de monde, je pense. Ma note The Call mérite un bon 8/10. C'est un excellent concept, très inventif et plutôt bien exécuté dans l'ensemble. Quant à The Invasion, je vais plutôt donner un 7/10. C'était une digne continuation du premier livre, même si j'ai eu l'impression que deux livres avaient été réunis en un. Ce qui donne une moyenne très sympa de 7.5/10 pour la duologie. Le mois prochain J'ai pas mal d'options intéressantes pour Halloween, cette année, mais j'ai choisi d'écrire sur Strange Grace, de Tessa Gratton.
0 Commentaires
Laisser une réponse. |
Prochains articles:
White Smoke, de Tiffany D. Jackson.
Nos Jours Brûlés, de Laura Nsafou, en lecture commune avec:
Cadeau Muhayimana Moune La Booktillaise pour le Café Lithéraire Oddball, de Sarah Andersen.
Exemplaire numérique envoyé par Andrews McMeel Publishing (merci à eux!) Catégories
Tous
Archives
Décembre 2022
|