Publication prévue le 08 Février 2018. En début de mois, j'ai eu la surprise d'être approuvée pour un ARC (Advance Reader Copy) de ce roman. Le but d'un ARC étant de le lire avant sa sortie officielle, je ne peux pas le choisir comme livre du mois, vu que je préfère choisir des livres que tout le monde peut déjà se procurer. The Seven Deaths of Evelyn Harcastle, de Stuart Turton, occasionne donc une nouvelle catégorie d'articles appropriée. Je remercie NetGalley et Bloomsbury Publishing Plc de m'avoir envoyé ce livre en échange d'un avis honnête. Je précise aussi que la provenance de cet exemplaire n'influence en rien mon opinion. Mr Turton est un dingue. Et un génie. Parce que c'était un concept hyper casse-gueule, mais il s'en est sorti haut la main, ce qui fait de The Seven Deaths of Evelyn Hardcastle mon premier coup de cœur de 2018. Je suis difficile à satisfaire, niveau whodunnit, justement parce que les possibilités sont limitées et les personnages ne m'intéressent plus à force de se ressembler. Raison pour laquelle j'en lis peu. Il faut vraiment une approche nouvelle pour m'intéresser et c'est ce qui m'a attirée dans The Seven Deaths of Evelyn Hardcastle. Le principe de reconstituer la journée entière en la faisant recommencer d'un point de vue différent à chaque fois me paraissait novateur et intriguant, donc j'étais curieuse de savoir s'il tiendrait ses promesses. Je suis très impressionnée. Le mélange des genres était hautement volatile mais Turton maitrise clairement son expérimentation. Il y a deux axes principaux. Le protagoniste, Aiden Bishop (on apprend son nom à la fin du chapitre 16 et c'est dans le synopsis de toute façon) doit découvrir qui a tué Evelyn Hardcastle. Jusque là, tout va bien. Là où ça se corse, c'est qu'il n'est pas le seul sur le coup: deux autres personnes sont prisonnières de la même boucle temporelle et seul celui qui trouvera la réponse en premier en sera libéré. Aiden doit donc, en plus d'enquêter, échapper aux assauts d'un de ses rivaux, qui veut s'assurer la victoire en tuant tous ses hôtes l'un après l'autre. Pensez Cluedo version Un Jour sans fin, avec un meurtrier à vos trousses et en changeant vos cartes à chaque tour. Pour s'échapper définitivement de cette boucle temporelle, Aiden a huit jours et huit hôtes et doit survivre assez longtemps pour démasquer l'assassin d'Evelyn et rapporter la réponse à l'énigmatique docteur au masque de peste, le marionnettiste de ce théâtre macabre. Tous les jours, donc, Aiden se réveille dans le corps d'une personne différente, ce qui lui offre une perspective fraiche sur le meurtre grâce à l'éventail de compétences varié de ses hôtes. Heureusement pour lui (et pour nous parce que sinon, ce serait un peu chiant), sa mémoire ne revient pas à zéro à chaque fois qu'il change de corps. Le principe est parfait pour une enquête policière, parce qu'il peut continuer à enquêter chaque jour avec un regard neuf et de nouvelles connaissances des évènements qui l'amèneront à la solution. En revanche, la frontière entre sa personnalité et celle de ses hôtes est de plus en plus floue tandis qu'il progresse dans la semaine, ce qui fait que ses hôtes peuvent lui mettre des bâtons dans les roues à des moments où il ne peut vraiment pas se permettre ce genre de handicap. Suspense! Le revers de la médaille, c'est que ce n'est pas facile à suivre quand on n'est pas concentré. Quelque part, ça m'a rappelé un épisode de Doctor Who, The Big Bang, parce que des évènements du présent découlent d'actions futures dont on n'a pas encore connaissance, comme quand le Docteur navigue entre le passé et le présent très rapidement pour mettre en place des évènements nécessaires qui ont amené à ce présent. Anna a même un journal de leurs interactions parce qu'elle rencontre les hôtes dans le désordre, comme River. J'ai trouvé ce détail amusant et j'ai beau être difficile à contenter en ce qui concerne les histoires de voyage dans le temps, je reconnais que les boucles temporelles, elles, m'amusent beaucoup. En particulier quand le personnage est responsable d'une chose qui lui est arrivé "la veille". Le tout donne une impression de puzzle géant qu'il faut regarder de plusieurs côtés différents pour discerner l'image. C'est fascinant de voir tout se mettre en place mais il faut savoir se représenter l'histoire. Au niveau des personnages, on apprend à les connaitre à travers les différents regards d'Aiden et on a une galerie franchement sympa. J'ai une tendresse particulière pour Lucy, la servante, et je trouve que Cunningham porte vraiment bien son nom. Il est malin, plein de ressources et je trouve qu'il a du répondant. C'était très sympa de voir les personnages "non hôtes" montrer une facette différente de leur personnalité en fonction de l'hôte avec lequel ils interagissent. Je trouve aussi que les différents hôtes d'Aiden ont chacun leur intérêt et j'ai été étonnée de voir à quel point je pouvais discerner Aiden dans chacune de leur personnalité. C'est vraiment un travail d'orfèvre qui a été fait et je tire mon chapeau à l'auteur, parce que l'exercice était vraiment périlleux. La date butoir et les attaques du Footman, qui arrivent sans crier gare, amènent une tension, un sentiment d'urgence. Le Footman m'a vraiment effrayée et ça m'arrive encore de me réveiller la nuit, un peu mal à l'aise, en l'imaginant rôder dans l'ombre. C'est un excellent antagoniste, intelligent et stressant. Au niveau de l'enquête elle-même, j'ai apprécié le fait que même si l'auteur avait toujours quelques longueurs d'avance sur moi, il ne m'a jamais larguée en route. Jamais je ne me suis dit "c'est trop tiré par les cheveux, je laisse tomber, je verrai bien ce qui se passe à la fin". J'ai vraiment été happée par l'histoire, j'ai suivi dans tous les virages, en repensant mes théories à chaque indice et retournement de situation, j'ai vraiment eu l'impression d'enquêter. C'est exactement ce que j'attends d'un policier, et plus encore. J'ai terminé le roman avec la même satisfaction que quand je passe la ligne d'arrivée de Rainbow Road. Du fait que les théories évoluent souvent, je pense que ça pourrait être un livre sympa à lire en même temps que des amis, pour comparer les points de vue au fur et à mesure qu'on avance dans l'histoire. Si vous aimez les mystères et que vous avez envie d'un "buddy read", vous avez des chances de bien vous éclater avec The Seven Deaths of Evelyn Hardcastle parce qu'en plus d'être très prenant, c'est bourré de plot twists. Spoilers! Le gros intérêt de cette intrigue, c'est de pouvoir suivre l'enquête d'Aiden et faire nos propres théories. On est catapulté dans l'histoire dès le début, tout comme Aiden, et on doit suivre le déroulement avec les mêmes infos que lui. Aiden n'a aucun souvenir de qui il est, donc il n'a aucune connaissance externe à l'énigme, comme un enquêteur traditionnel en aurait. Et en plus, il s'élance direct dans la forêt pour sauver une jeune femme sur le point d'être assassinée, pour finalement se faire lui-même surprendre par le meurtrier. J'ai trouvé amusant que le début fasse aussi bien écho à l'intrigue du roman entier, d'autant que ça nous donne une idée de ce que le roman va donner. Une course pour sauver la jeune femme, mais aussi pour échapper à un assassin. Sauver Anna, poursuivi par le Footman. Je reconnais volontiers avoir peu soupçonné Daniel avant d'arriver à Rashton. En voyant le nom de Rashton au septième jour, j'ai cru m'être trompée sur le nombre d'hôtes, parce que je m'étais figuré que Gold serait le septième et Daniel le huitième. Et après avoir vérifié que c'était bien huit hôtes et pas neuf, j'ai eu le même raisonnement qu'Aiden: si Rashton est le septième hôte et qu'on est sûr que Gold doit encore passer, Gold sera forcément le huitième et dernier. Alors qui est Daniel? De là, on doit se poser une autre question: Anna et Daniel sont clairement au courant de ce qui se passe et Aiden n'a que deux rivaux. Alors qui est le Footman? En faire un simple homme de paille était vraiment intelligent, parce que ça permettait à Daniel d'approcher Aiden sans éveiller ses soupçons ou les nôtres. Je suis tombée en plein dans le panneau. Du coup, tant qu'on est sur les hôtes, j'ai fait un petit récapitulatif: Chapitres 1 à 8 : Dr Sebastian Bell. Chapitres 9, 13, 21, 27, 33, 39, 42 puis 57 : Roger Collins, le majordome. Chapitres 10 puis 52 : Donald Davies. Chapitres 11, 12, puis 13 à 20 : Lord Cecil Ravencourt. Chapitres 22 à 26, puis 28 à 31 : Jonathan Derby. Chapitres 32, puis 34 à 38, puis 40 à 41 : Edward Dance. Chapitres 43 à 51 : Jim Rashton. Chapitres 53 à 56, puis 58 à la fin : Gregory Gold. Anna et Daniel, quant à eux, n'avaient que deux hôtes, et heureusement parce que ça aurait été une vraie galère de tenir les comptes pour eux aussi. Et ça aurait vraiment fait beaucoup de personnages. L'explication de ce favoritisme envers Aiden est tout de même un peu simple, mais c'est ce qui fonctionne le mieux pour qu'il y ait un véritable antagoniste et un réel enjeu pour Aiden. Niveau plot twists, je suis contente de dire que j'ai été baladée pratiquement du début à la fin. Parce qu'à l'exception d'Evelyn qui a tué Thomas et Keith, je n'avais pas bon sur grand chose. Quasiment RIEN n'était ce qu'il semblait, et même quand je pensais avoir découvert quelque chose, ben j'avais tort aussi. Par exemple, j'ai pensé que l'absence d'Elena était dû au fait que c'était elle qu'on avait kidnappée pour convaincre Evelyn de se suicider. Chaque fois je faisais de nouvelles théories, pour les voir s'effondrer un peu plus tard. Me connaissant, ça aurait dû me frustrer, mais au contraire, j'ai trouvé ça passionnant de m'enfoncer de plus en plus dans les secrets de Blakheath. Comme Aiden, une fois entrée, je ne pouvais plus en sortir sans avoir la clé du mystère. J'ai savouré ce casse-tête du début à la fin. Et je précommande une version finale, parce que ce roman doit devenir un bestseller et parce que j'aurai sûrement envie de le relire, maintenant que je sais tout, pour voir les indices que j'ai manqués. Ma note C'est audacieux, surprenant, intelligent et très prenant. 9.5/10 avec une standing ovation. Je me doute que Seven Deaths ne plaira pas à tout le monde, mais il a le mérite d'être unique et je suis à genoux.
PS: ça ferait une super mini-série sur la BBC. Just sayin'...
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