Je suis tombée sur ce livre complètement par hasard, dans une librairie de Canterbury. Je passais tranquillement entre les tables recouvertes de livres quand mon œil de Whovian l'a repéré sur un présentoir. J'ai évidemment foncé pour voir de quoi il s'agissait exactement et j'ai été très séduite par le concept. Des contes de fées de Seigneurs du Temps. C'est génial. J'adore. Le livre lui-même est plutôt sympa. On dirait un album, même si le format n'est pas aussi grand. Papier épais, couverture en relief, il ne manque que le petit ruban de tissu pour marquer sa page. J'aime qu'ils aient poussé le sens du détail au point d'engager un dessinateur exprès pour les lettres ornées au début de chaque conte. Les illustrations sont très travaillées, en voici d'ailleurs quelques exemples: Il s'agit donc de quinze contes de fées, soit inventés comme The Garden of Statues, soit revisités à la sauce Doctor Who comme Little Rose Riding Hood. Surtout revisités, en fait, j'en ai reconnu dix. Je vous laisse chercher lesquels, et si vous en avez reconnu d'autres, je serais curieuse de les connaitre. Et petit défaut au sujet de l'édition: j'ai repéré plusieurs coquilles. Franchement? Je suis un peu déçue. Le livre n'est pas mauvais, j'en parlerai plus tard, mais c'est surtout que j'ai l'impression d'avoir été flouée. Je n'ai pas ce qu'il y a écrit sur la boîte. On me promet des contes "pleins de terreurs cauchemardesques et de triomphes héroïques" comme on en raconterait aux enfants Seigneurs du Temps et je me retrouve avec quinze nouvelles, dont deux tiers sont inspirées de nos propres contes de fées. Le concept de base n'est pas du tout respecté. Et c'est parti pour les spoilers. On retrouve avec bonheur beaucoup des extra-terrestres que l'on connait de la série. Anges Pleureurs, Sontariens, Cybermen, Zygons, ... MAIS, à ma grande déception, des créatures citées dans la série comme faisant partie de contes de fées n'apparaissent pas. Exit les Toclafanes et les Shakri, pourtant désignés comme étant respectivement des créatures de contes de fées dans la saison 3 et des créatures mythiques dans la saison 7. J'ignore pourquoi on a jugé préférable de nous présenter une énième réécriture de contes humains version Doctor Who au lieu d'histoires faisant officiellement partie de la mythologie de la série, mais je dois bien admettre que ce choix ne me plait pas. Surtout que ce n'est pas comme ça qu'on m'a vendu le livre. Je reste perplexe face au fait qu'absolument aucun de ces contes ne présente une morale. Ce n'est évidemment pas obligatoire dans un conte, mais il y avait des opportunités de nous en présenter quelques unes. Un conte avec les Reapers pour que les enfants Seigneurs du Temps fassent attention aux paradoxes temporels. S'inspirer de l'épisode The Wedding of River Song pour leur apprendre à respecter les points fixes. Les possibilités sont nombreuses, et pourtant, aucune n'a été exploitée. D'ailleurs, pour des contes sensés être destinés aux enfants, je n'ai pas non plus l'impression d'avoir vu beaucoup de contenu les concernant directement. Les Vashta Nerada brillent par leur absence alors que tous les enfants ont peur du noir à un moment de leur vie. Les épisodes Night Terrors et The Eleventh Hour auraient aussi pu inspirer un conte sur les monstres qui vivent dans les placards ou rôdent dans la maison. J'avoue que je ne comprends pas ce choix. Le Docteur, lui, est bien présent, par contre, et je ne peux pas dire que cette présence m'a ravie. J'aurais au contraire préféré qu'il n'intervienne pas dans ces contes, qu'on exploite le concept des contes de fées qu'on raconte aux enfants Seigneurs du Temps jusqu'au bout. Donc sans personnage "réel". A la limite, si on nous avait donné un conte racontant un grand exploit du Docteur, ce serait passé, mais je n'ai pas aimé la manière dont il était introduit dans les quelques contes où il est présent. Trop ordinaire pour des contes de fées, et surtout, dans plusieurs contes, il se charge de tout le boulot alors que les "protagonistes" font presque de la figuration. Autre détail qui m'a fait tiquer, le livre est clairement destiné aux spectateurs de la nouvelle série. Oh, bien sûr, il y a une apparition du Second Docteur et un ou deux aliens qui ne sont pas présents dans la nouvelle série, mais, et traitez moi de parano si vous le voulez, j'ai la désagréable impression que ça a été fait justement pour se défendre de ce genre de sectarisme. Comme les gens qui disent "je ne suis pas raciste, j'ai un ami noir". Pourquoi, alors que la série existe depuis les années 60, ne voyons nous quasiment que des races qui ont fait une apparition post 2005? C'est quand même dommage de négliger une aussi grande partie du matériau d'origine quand on fait un produit dérivé. D'autant que ça aurait justement pu donner envie aux "néo-whovians" de découvrir les classiques. Ceci dit, ce n'est pas désagréable à lire pour autant. Je ne vais évidemment pas faire une critique des quinze contes du livre, mais je vais tout de même en mentionner quelques uns qui sortent un peu du lot, en bien ou en mal. The Garden of Statues est mon préféré. L'histoire est très plaisante, la chute inattendue et surtout, l'intrigue a été pensée pour les Anges Pleureurs. J'ai l'impression qu'elle a été écrite spécialement autour d'eux et ça me plait. Peu d'action et une fin très rapide, mais on a du suspense et c'est un des deux contes qui me laisseront un bon souvenir. Cinderella and the Magic Box me plait moins. Le fait est que j'ai été ravie de revoir les Saturnyniens, une race alien que j'aime énormément, mais dans ce conte, de simples vampires auraient fait autant (voire même plus) l'affaire et on aurait même pu croire que c'en étaient s'il n'y avait pas l'illustration. Je trouve que leur potentiel est gâché dans ce conte, comme si on l'avait écrit juste pour pouvoir proposer une version Doctor Who de Cendrillon, sans vraiment prêter attention à l'intrigue. J'aurais trouvé plus agréable et plus logique de les trouver dans une réécriture de la Petite Sirène, en fait. The Little Rose Riding Hood m'a plu, bien qu'il s'inspire clairement du Petit Chaperon Rouge, pour la simple et bonne raison qu'il a ce que beaucoup d'autres contes du livre n'ont pas, à savoir une fin satisfaisante. En plus, remplacer le loup qui se déguise par un alien métamorphe fait que la composante alien passe plutôt bien. Ils s'intègrent beaucoup mieux à l'histoire que les Saturnyniens de Cinderella and the Magic Box. Même le Docteur, exceptionnellement, s'intègre bien en "chasseur". The Gingerbread Trap aurait pu fonctionner avec le même parallélisme entre un Krillitane et la sorcière du conte Hansel et Gretel. Les deux font manger les enfants avec une motivation cachée (développer leurs capacités intellectuelles pour l'un, les engraisser pour l'autre) et se nourrissent d'humains, malheureusement, l'histoire n'a rien d'original parce qu'elle est très similaire dans les faits à l'intrigue de l'épisode School Reunion. J'ai aussi trouvé dommage que l'auteur n'ait pas saisi l'occasion de pousser le Krillitane dans la friteuse comme Hansel pousse la sorcière dans le four. Quitte à faire dans la référence, autant le faire jusqu'au bout. Finalement, même si j'ai quand même apprécié ma lecture, je reste sur ma faim parce que j'ai l'impression qu'on est passé à côté de pleins de choses. J'aurais pu passer outre cette impression si tous les contes avaient été excellents. Malheureusement, ce n'est pas le cas. D'abord parce que beaucoup de contes se finissaient très abruptement, sans vraiment clôturer l'histoire, aussi parce que certains ne présentaient peu ou pas d'action, comme si on n'avait pas eu le temps de la développer. Ce n'est pas aussi facile que ça en a l'air, d'écrire des récits courts mais structurés et complets, et j'ai l'impression que Mr Justin Richards n'a pas vraiment réussi à le faire. Mais on pardonne parce que c'est un produit dérivé de Doctor Who. Les fans l'achètent avant tout pour retrouver l'univers de la série qu'ils connaissent, pas pour lire un chef-d’œuvre littéraire. Ils se vendront très bien, ces contes, et une grosse majorité des fans sera ravie. En plus Une version audio des contes, lues par des acteurs de la série, est aussi disponible. Ma note En tant que produit dérivé de la série, c'est très sympa et ça mérite une très bonne note. Le livre est très beau. Mais ici, je note le contenu, pas l'objet lui-même. 3.5/10 parce que, littérairement parlant, sans être mauvais, c'est tout de même très loin d'être excellent. Le mois prochain Sans rapport avec mon célibat pour la Saint Valentin, c'est juré, j'ai choisi l'Immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes, de Karine Lambert. Je suis sûre qu'il sera très sympa à lire dans un bain moussant.
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