Le livre du mois n'est pas très récent. D'ailleurs, il n'est pas non plus complètement inconnu, grâce à l'adaptation cinématographique. Bon à savoir: avant la sortir du film, le livre s'appelait Vivants en français. Si vous l'aviez à l'époque, ne vous embêtez pas à le racheter, apparemment c'est le même. Je précise aussi que l'auteur a annoncé travailler sur une suite et qu'il existe un prequel, "The New Hunger", disponible en anglais. J'avoue que j'avais peur. Très peur. Je me souviens être passée devant l'affiche du film, un jour, et m'être dit "ça sent la comédie romantique pour ados" (c'est quand même un couple avec un cœur dans le fond!) et quand je l'ai acheté, il y avait une citation de Stephenie Meyer sur un papier autour du livre. ça disait "l'histoire d'amour la plus inattendue que j'ai jamais lue". Outre le sentiment glaçant qui a accompagné la réalisation que Twilight est partout, j'ai tiqué devant cet énième rappel qu'il s'agit d'une histoire d'amour avant tout. Mais des belles histoires d'amour bien écrites, ça existe, alors j'ai fini par me lancer. La surprise est très bonne. Déjà, le livre est écrit du point de vue de R, pas de Julie. La narration suit donc sa manière de penser. Je trouve intéressant qu'on ait les impressions du personnage "de l'autre côté", pour une fois. R est un personnage attachant et j'ai apprécié qu'on puisse constater l'évolution de ses états d'âmes. Concernant Julie, j'ai été agréablement surprise de voir qu'elle ne tombait pas dans les bras du gentil monstre tout de suite. Contrairement à de nombreuses séries de livres sur le sujet, Julie n'a pas oublié que R est un zombie et qu'il mange des cerveaux pour survivre. Et même quand elle apprend à lui faire confiance, elle a toujours conscience que ses congénères restent une menace importante, ce que je trouve rafraichissant. Elle a son passé, ses propres blessures, souvent liées aux zombies d'ailleurs, ce qui la rend d'autant plus méfiante et perplexe face à l'attitude de R. M et Nora m'ont beaucoup plu aussi, à leur manière, ce sont des personnages secondaires utiles qui ont visiblement été travaillés. On m'avait aussi parlé d'un parallèle avec Roméo et Juliette, et ça me rendait nerveuse. Les références externes flagrantes me dérangent, j'ai déjà expliqué pourquoi dans mon article sur Coraline le mois dernier. Dans Warm Bodies, les noms sont les seuls véritables clins d’œil: R pour Roméo, Julie Cabernet pour Juliette Capulet, et je soupçonne M d'être Mercutio et Nora la nourrice. On a aussi une petite scène du balcon, sur le ton humoristique. En dehors de ces touches très légères, l'intrigue ne ressemble à rien que j'ai lu auparavant. Contrairement à ce que je pensais, et ce que l'affiche du film devenu couverture du livre laisse croire, il ne s'agit pas exactement d'une romance. La relation entre R et Julie est beaucoup plus complexe. L'amour est présent, oui, mais le fait qu'une relation s'établisse entre eux et plus important que la nature de cette relation. C'est une rencontre, l'histoire de deux êtres qui vont dépasser leurs instincts et leurs préjugés pour se sauver mutuellement. Si vous êtes allergiques aux romances surnaturelles qu'on nous sert à tout va depuis quelques années, vous devriez pouvoir encaisser Warm Bodies sans problème. Et maintenant, ATTENTION SPOILERS jusqu'au prochain titre. L'origine du fléau m'a plu. Je ne suis pas très versée dans ce genre de théories, d'habitude, mais ça ne m'a pas dérangée. La Mort et la Vie sont des concepts qui dépassent le simple état physique. Si on veut prendre un exemple, on peut opposer R, le Mort qui veut vivre au point de progressivement redevenir Vivant, et le père de Julie, le Vivant qui n'a plus le moindre espoir en lui au point qu'il est en fait déjà Mort. R n'est pas le véritable zombie, finalement. Julie le fait remarquer, d'ailleurs. Sa réaction face à sa fille à la fin montre bien qu'il n'a aucun espoir de voir les choses s'arranger, et même quand Rosso lui fait remarquer que ses yeux sont différents, il refuse catégoriquement de voir ce qui est littéralement juste devant lui. Il est aveuglé par ses préjugés et considère qu'un zombie n'est rien d'autre qu'un prédateur, comme les Osseux refusent le changement déclenché par R et Julie parce qu'ils ne voient les humains que comme des proies. Et sa mort, où il se désagrège en tas d'os sans même passer par le stade de Charnu, ne fait que renforcer ce point. La chair sur les Morts est proportionnelle à ce qui leur reste de vie au sens métaphorique et Grigio n'en a plus du tout depuis longtemps. Le remède n'est pas le fameux cliché "l'amour peut tout guérir", ce qui m'a personnellement ravie. A mon avis, R avait déjà entamé sa guérison avant de rencontrer Julie. Et c'est en ça que son amitié avec M a énormément d'importance, selon moi. Le remède n'est pas l'amour, c'est le fait de pouvoir se connecter à une autre personne. Si R et M sont les seuls zombies capables de s'exprimer à peu près correctement et de se rappeler en partie leur nom, c'est parce qu'ils sont plus proches de la Vie que les autres zombies, et ça, c'est parce qu'ils partagent une relation. Les gens ne sont pas devenus des zombies à cause d'une quelconque apocalypse. Ils se sont seulement coupés les uns des autres au point de ne même plus réagir au monde qui les entoure. Ce sont des gens seuls, qui n'arrivent plus à communiquer avec les autres. Peut-être même que c'est pour ça qu'ils mangent les cerveaux. Pour ressentir une connexion avec la personne qu'ils mangent, même si c'est illusoire et limité dans le temps. Au final, Warm Bodies n'est pas qu'un simple roman de zombies. Il nous amène à nous poser cette question à laquelle personne n'a vraiment envie de réfléchir: sommes-nous vraiment certains d'être des Vivants? Adaptation Le film est très différent du livre. Ils ont transformé l'histoire en une comédie romantique. C'est drôle, c'est mignon, on a tout ce qu'on est en droit d'attendre de ce genre de films, mais une bonne partie du roman est complètement occultée. Il faut aimer. Personnellement, j'ai apprécié, et je rajoute même un bon point pour l'actrice, Teresa Palmer, qui m'a fait penser à Kristen Stewart avec des expressions faciales. J'espère qu'on la reverra souvent. Si vous avez quelques minutes, prenez aussi le temps de voir la parodie par Hillywood Show. C'est très drôle et la scène de danse est à tomber. Ma note Je dirais 9/10. C'est un très bon roman, un coup de cœur, même. J'ai vraiment aimé l'histoire et la manière dont c'est écrit. Et les dessins de l'auteur sont superbes. Le mois prochain Je m'attaque enfin à un roman récent! Il s'agit de Love Letters to the Dead, d'Ava Dellaira, qui date de cette année et qui sort au format poche ce mois-ci.
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