J'avoue avoir failli passer à côté de Miss Peregrine et les enfants particuliers. Je vais être honnête, suite à une indigestion colossale de romans sur la WWII au lycée, j'ai maintenant tendance à éviter les livres qui en parlent. C'est dommage pour moi, parce que je suis persuadée que j'en rate des excellents, mais je n'ai juste plus la force de les lire. J'ai finalement décidé de laisser une chance à celui-ci parce que la bande-annonce du film avait l'air très sympa et complètement différente de l'idée que je m'étais faite du livre. Eh bien... Je ne suis pas aussi impressionnée que je l'aurais voulu. Ce n'est pas mauvais du tout, hein, c'est juste que j'y ai vu beaucoup de défauts majeurs, ce qui fait que j'ai du mal à voir ce que les lecteurs lui trouvent de si extraordinaire. J'espérais mieux. Mon principal grief est que c'est très long à se mettre en place. Le grand-père meurt relativement vite, mais entre ce moment et celui où Jacob croise enfin la route des enfants particuliers, il y a une bonne centaine de pages des pensées de Jacob et de visite de l'île. Puis, encore une bonne centaine de présentation du pensionnat avant que l'intrigue ne commence vraiment à bouger en introduisant les monstres. Ce n'est pas inintéressant, d'autant que ça permet de poser les bases de la trilogie, mais c'est long et pas très équilibré pour le roman seul (je reviendrai sur le fait que c'est une trilogie). Au niveau de l'analyse, le père de Jacob nous donne un axe de lecture dès le début. Les histoires d'Abraham Portman se passaient pendant la Seconde Guerre Mondiale, ce qui laisse penser à son fils que les enfants particuliers sont une version romancée des Juifs et les monstres des nazis. Dans cette optique, j'imagine que les estres peuvent éventuellement représenter les collabos et les ombrunes les gens qui cachaient les Juifs. C'est une comparaison intéressante qui, je l'espère, sera reprise et creusée dans les deux tomes suivants parce que je trouve qu'il y a beaucoup de potentiel et qu'elle permet d'aborder la WWII de manière "édulcorée" dans un roman jeunesse. Ce n'est pas particulièrement novateur mais ça fonctionne et l'univers est suffisamment bien construit pour qu'on marche à côté sans se manger les horreurs de la guerre en pleine figure, ce que j'apprécie beaucoup. Je ne me suis pas beaucoup attachée aux personnages. Dans un livre, je les distingue par leur personnalité et malheureusement, le manque d'action des deux premiers tiers du livre a fait qu'ils n'ont pas eu beaucoup d'occasions de manifester la leur, sauf Jacob qui était le seul personnage ou presque dans les cent premières pages. Je saurais reconnaitre les noms des principaux enfants particuliers, comme Emma, Millard, Bronwyn et Enoch, mais pour les autres, il faudrait que je vérifie pour être certaine et même si je ne m'en souvenais, ce ne serait que par leur particularité. Je pense que ce problème vient du fait que, comme je le disais, on n'en est qu'au début de l'intrigue. J'espère vraiment qu'on leur accordera un peu d'importance dans les tomes suivants, histoire de sortir du côté catalogue. Les photos apportent une touche originale et retro. Ayant l'habitude des effets spéciaux et montages Photoshop en tout genre, c'est difficile d'être impressionnée par des trucages d'époque. On a une impression de kitsch, comme quand on découvre à quoi ressemblaient les Cybermen dans les Doctor Who classiques après avoir vu la nouvelle série mais ça a un certain charme. Par contre, j'aurais préféré qu'on ne les décrive pas dans le récit, comme "il me montra une photo de machine, qui ressemblait à...". On les a, les photos. C'est inutile de nous les décrire. Attention, gros spoilers! La mythologie n'est pas encore très fournie, mais ce qui est présenté dans ce tome tient la route. L'origine des Sépulcreux est acceptable, le risque de fin du monde suffisamment réel pour justifier que les enfants se lancent au secours des ombrunes. J'espère que ça va s'étoffer un peu dans le tome suivant parce que je trouve qu'il y a du potentiel. Je suis assez fan de l'idée de la boucle temporelle avec les enfants qui en ont conscience. Par contre, ce qui me chiffonne, c'est que les enfants n'ont pas leur âge. Je m'explique. Les enfants particuliers ont un corps d'enfant parce qu'ils revivent sans cesse la même journée. MAIS ils en ont conscience, ce qui signifie que leur esprit, lui, évolue et vieillit. Donc on devrait avoir un jeune homme de seize ans, Jacob, qui débarque au milieu d'adultes dans des corps d'enfants. Je n'en ai pas eu l'impression dans ce tome parce qu'ils adoptent Jacob comme leader. OK, il voit les monstres, mais vous voyez vraiment une bande d'adultes choisir un gamin de seize ans pour les diriger? J'espère qu'il va y avoir de l'évolution de ce côté-là, et aussi qu'on aura des questions à se poser au sujet des boucles. Parce que, honnêtement, échapper aux monstres, c'est bien joli, mais s'enfermer et passer toute sa vie en tant qu'enfant, est-ce vraiment préférable? La romance me dérange. Pas en elle-même, mais parce que je n'ai vu aucune alchimie entre Jacob et Emma et que je ne vois pas d'où ça sort. Du côté d'Emma, à la limite, OK. Elle était folle amoureuse du grand-père de Jacob et Jacob lui ressemble beaucoup. Qu'elle ait été attirée par lui, puis se soit intéressée à lui, je peux le concevoir. Mais Jacob? On est dans sa tête. On suit son point de vue, et je n'ai pas compris pourquoi d'un coup, il est raide dingue d'Emma. En plus, c'est moi qui ai compris de travers ou ils ne se connaissent que depuis quelques jours? Ce n'est pas un peu tôt pour se poser des questions sur l'inceste? De toute façon ce n'est pas comme s'ils avaient un lien de parenté, et si on accepte que Captain America sorte avec la nièce de son ex, on peut bien accepter qu'Emma tombe amoureuse du petit fils de son premier amour. Le retournement de situation concernant la particularité de Jacob est excellent. On ne s'en rend même pas compte avant qu'on nous le dise parce que c'est mentionné de manière tellement normale qu'on ne comprend pas que c'est un talent. Il voit les monstres, la belle affaire. Comme on n'a que son point de vue à lui, nous aussi, on a vu le monstre. De là à en déduire que tout le monde peut les voir, il n'y a qu'un petit pas que j'ai personnellement vite fait de franchir, ce qui fait que j'en suis restée coite quand Emma a dit que non, ce n'est pas le cas. Et c'est logique, quelque part, parce que l'ami de Jacob n'avait pas vu celui qui avait attaqué son grand père, mais j'ai pensé que c'était parce qu'il n'était pas particulier. Donc oui, le plot twist fonctionne bien. Le docteur, par contre, je l'ai flairé trop vite. Je n'ai pas gobé son histoire de sœur à l'aéroport. Mais c'était bien essayé. L'action se précipite enfin environ cent pages avant la fin, et là, ça devient haletant. J'ai été incapable de poser le livre une fois arrivée à cette partie. C'est là qu'on voit l'enjeu de la trilogie se dessiner, ce qui confirme mes soupçons: il s'agit d'une grande intrigue qui s'étale sur trois romans. La fin confirme encore cette impression parce qu'on laisse les enfants sur une défaite relative. Donc d'accord, je comprends mieux le choix de structure. Mais n'empêche que c'est long. Adaptation Une adaptation au cinéma est prévue pour le 5 Octobre en France. Le film sera réalisé par Tim Burton (YES!) et Asa Butterfield et Eva Green figurent au casting. Dire que j'ai hâte de le voir serait un doux euphémisme... Ma note Les deux premiers tiers du romans ont été plutôt laborieux pour moi, mais je vais quand même mettre 6/10. L'univers est intéressant et l'intrigue est prometteuse mais les personnages manquent de personnalité à mon goût. Je lirai la suite à l'occasion pour voir si ça s'améliore mais ce n'est pas une priorité. Le mois prochain J'ai choisi Sortie des Sables, de Victoriane Vadi. Il s'agit de romance homosexuelle un chouïa explicite, donc si ce n'est pas votre truc, ne vous forcez pas.
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