Depuis We are the Ants, Shaun David Hutchinson est un des rares auteurs sur ma liste "achat automatique". Donc un nouveau roman, qu'en plus on me vend comme un genre de Pushing Daisies? Banco. J'ai même précommandé le hardback des mois à l'avance pour l'occasion. J'ai beaucoup aimé. J'ai trouvé que c'était un solide roman d'amitié et je l'ai dévoré. Niveau ambiance, on est à des années-lumière de We Are the Ants. Alors que We Are the Ants est plus dans l'optique "je t'arrache le cœur, je le jette par terre, je le piétine, j'y fous le feu et je me casse en lui faisant un doigt", The Past and Other Things that should stay buried (que j'appellerai juste The Past pour le reste de cet article parce que j'ai la flemme de tout réécrire à chaque fois) est plutôt doux-amer. C'est triste, bien sûr, July est morte, la pauvre, mais c'est aussi plein de vie, d'humour et d'espoir. C'est un virage inattendu dans le travail de SDH mais pas du tout désagréable et je suis curieuse de voir quelle direction vont prendre ses prochains romans. Au niveau des personnages, le double point de vue, qui alterne Dino et July, nous donne un aperçu de leur perception respective de la fin de leur amitié. J'ai apprécié Dino d'entrée de jeu, mais j'ai eu un peu plus de mal avec July. Pendant une bonne partie du roman, elle est juste détestable et je trouvais son amitié avec Dino plutôt toxique pour Dino. Je trouve ça dommage, parce qu'au lieu d'avoir une responsabilité plutôt équilibrée dans la fin de leur amitié, on dirait que la majeure partie de la faute revient à July. Les quelques reproches qu'on pourrait faire à Dino pâlissent en comparaison et j'aurais préféré que les torts soient mieux répartis. Pas d'inquiétude, ceci dit, le fait qu'elle parte de plus loin fait qu'elle a plus de marge d'évolution au cours du roman et elle ne déçoit pas. Sa qualité rédemptrice est qu'elle écoute, elle entend et elle apprend. J'avais personnellement beaucoup plus d'affection pour elle à la fin du roman. C'est une adolescente lambda, finalement, qui a un comportement d'adolescente, mais qui a un véritable bon fond. Et au final, j'ai trouvé que contrairement à ce à quoi je m'attendais, c'était elle, la vraie star du roman. L'intrigue, une fois que Dino a dépassé sa stupeur de voir July se lever de la table d'embaumement, sert surtout de prétexte à les voir régler leurs comptes. Ils étaient les meilleurs amis du monde mais cette amitié à pris un mauvais détour et ils se sont séparés en mauvais termes. Malheureusement pour Dino, les conséquences que pourraient avoir le retour de July ou la découverte de son cadavre on ne sait où une fois que ce qui l'a réveillée ne fera plus effet, le forcent à la suivre de près et à l'empêcher de faire n'importe quoi, comme aller traumatiser sa famille. Ils se retrouvent donc forcés l'un avec l'autre, en quelque sorte, ce qu'aucun des deux n'apprécie particulièrement, mais c'est finalement l'occasion pour eux de revenir sur leurs erreurs respectives et de faire amende honorable. C'est ça, vraiment, le thème du roman: une amitié s'est terminée, qui est à blâmer, pourquoi et est-ce que c'est réparable. Chacun doit prendre conscience de ses propres erreurs, chacun porte un peu de responsabilité dans ce qui est arrivé et chacun devra faire un pas vers l'autre pour remettre les compteurs à zéro. Spoilers! Comme d'habitude avec les livres de SDH, on a un peu de science qui pointe son nez. Ici, c'est le fait que la mort s'est arrêtée. Du moment où July s'est réveillée, les gens ont arrêté de mourir. Je trouve dommage que ce ne soit pas un peu plus poussé dans les explications, mais encore une fois, ce n'est pas vraiment le sujet. July est là parce qu'elle n'a pas fait le deuil de son amitié avec Dino, parce qu'elle l'a blessé et qu'elle s'en veut, parce qu'il l'a blessée et qu'elle lui en veut. Et elle ne trouvera pas le repos tant que ce ne sera pas réglé, et ça urge, parce que pendant qu'ils se chamaillent, July n'est pas revenue à la vie. Elle continue à se décomposer, plus à la manière de Laura dans American Gods (la série, je n'ai pas encore lu le roman) que de Chuck dans Pushing Daisies. Du coup, c'est un peu plus dégueulasse que prévu, mais il n'y a pas de question sur le fait que July doit mourir pour de bon, elle ne peut pas rester. En attendant, on a droit à des interactions drôles, tristes, pleines de fierté mais aussi d'honnêteté, et des situations rocambolesques, que ce soit Dino qui doive déterrer July après son enterrement parce qu'elle lui a envoyé des selfies depuis l'intérieur de son cercueil ou la course-poursuite avec Zora qui a failli très mal tourner. L'absurdité de la situation fait rire d'un sujet pas franchement marrant à la base et l"équilibre entre l'humour et le macabre est vraiment bien maitrisé. Il y a tout de même certaines situations où la limite entre ado et adulte se brouille et où on sent clairement que l'auteur essaye de faire passer un message important, mais je pense que la teneur du message peut excuser le manque de subtilité dans la manière de le faire passer au lecteur. La fin est des plus satisfaisantes. Bon, je reconnais que je trouve l'intégration de Zora sur la fin pas vraiment nécessaire, mais Dino avance et prend position pour son avenir, July trouve le moyen de dire adieu à sa famille, quand on considère le sujet de départ, on pouvait difficilement espérer une fin plus heureuse. Dans l'ensemble, c'est un très bon roman. Le seul véritable défaut, si je peux appeler ça un défaut, de The Past, c'est qu'il pâlit en comparaison de We Are the Ants. Il n'en reste pas moins agréable à lire et je suis contente de l'avoir précommandé. Ma note Je pense qu'un 7.5/10 est de rigueur. SDH m'a habituée à plus profond mais sa plume est toujours un de mes préférées et la dynamique entre Dino et July était rafraichissante. Le mois prochain J'ai choisi Girls with sharp sticks, de Suzanne Young, une dystopie décrite comme un mélange de Handmaid's Tale et Westworld. Pas mon style habituel mais très intrigant.
0 Commentaires
Laisser une réponse. |
Prochains articles:
White Smoke, de Tiffany D. Jackson.
Nos Jours Brûlés, de Laura Nsafou, en lecture commune avec:
Cadeau Muhayimana Moune La Booktillaise pour le Café Lithéraire Oddball, de Sarah Andersen.
Exemplaire numérique envoyé par Andrews McMeel Publishing (merci à eux!) Catégories
Tous
Archives
Décembre 2022
|