Je reconnais que je l'attendais, celui-là. Outre le fait que la couverture (je la trouve sublime!) et le titre avaient piqué ma curiosité, il a été presque unanimement acclamé. J'ai un peu trainé pour le lire, vu que la personne qui l'avait emprunté à la bibliothèque avant moi a mis une éternité à le ramener, mais j'ai fini par pourvoir m'y mettre. Je suis conquise. J'ai eu quelques expériences malheureuses avec des livres portés aux nues par la blogosphère donc j'avais un peu peur d'être déçue mais mes attentes ont largement été comblées. J'ai généralement peur des romans soutenus uniquement par leurs personnages parce que si les personnages ne vont pas, il n'y a rien d'autre pour le sauver et ça va au mieux m'ennuyer, au pire me mettre carrément de mauvais poil. Pour que ça prenne, il me faut des personnages cohérents, qui évoluent vraiment au fil du livre. J'ai trouvé exactement ça, et même plus, avec Aristote et Dante. Le livre est écrit du point de vue d'Ari, qui nous livre ses pensées et crée une connexion instantanée avec le lecteur. C'est un adolescent solitaire, qui se sent différent des autres garçons de son âge et n'arrive pas à communiquer avec ses parents. Dante, lui, est un jeune garçon absolument adorable qui me rappelle vaguement un chaton, probablement parce qu'il donne envie de lui faire un câlin. Il est confiant et optimiste, presque comme un enfant. D'ailleurs j'ai eu du mal à intégrer le fait qu'ils ont le même âge. Donc deux personnages principaux particulièrement attachants. Mais ce ne sont pas les seuls. Ce que j'aime, et qui ne me semble pas très courant dans les romans pour ados, c'est la place des parents. Ils existent, ils sont présents et les relations qu'ils entretiennent avec leur fils respectif sont très bien écrites. Des parents qui sont des personnes à part entière, pas juste "les parents de Machin", je suis carrément preneuse. Quand en plus ils sont importants pour l'intrigue, si on peut parler d'intrigue pour ce roman, c'est encore mieux. Seules les sœurs d'Ari m'ont paru dispensables, mais c'est sûrement parce qu'elles ne sont apparues que dans une ou deux scènes. Au niveau du style, j'ai trouvé le roman très agréable à lire. On se laisse facilement entrainer, ce dont j'ai fait l'expérience dès le début en me disant "je vais lire une cinquantaine de pages pour me mettre dans le bain" et en ne lâchant le livre qu'après le triple. Bon, je reconnais que la mise en page doit y être pour quelque chose: les chapitres sont courts et espacés, ce qui fait qu'on arrive vite au bout malgré les 350 pages et quelques du roman. Mais à aucun moment je ne me suis ennuyée. J'ai pris le livre et en route. J'ai dû m'arrêter une fois parce qu'il se faisait tard et que j'allais m'endormir sur le livre (ce qui m'aurait rappelé bien des souvenirs d'enfance, soit dit en passant), mais j'ai repris le lendemain et j'ai été incapable de le poser, même pour aller chercher un paquet de mouchoirs. De toute façon, je n'avais pas vraiment besoin de ces mouchoirs. Après tout, à quoi ça sert d'avoir des sweat-shirts à manches trop longues si on peut pas se moucher dedans? Hein? Bref. De toute façon, fallait que je fasse la lessive. Attention spoilers. J'ai été assez surprise qu'il ait fallu autant de temps à Ari pour se rendre compte qu'il aimait Dante. Pour le lecteur, ça devient évident très vite. Pas à cause de l'accident, mais de ses pensées. Même quand Dante n'est pas là, Ari rapporte tout ce qu'il voit à lui. Quand il découvre quelque chose, il se dit "Dante aurait aimé", des choses de ce genre. Je me suis même demandé ce qu'il espérait de sa relation avec Ileana, parce que même dans le chapitre où il s'intéressait à elle, ça sonnait faux par contraste avec sa relation avec Dante. Mais je pense qu'il s'en doutait et qu'il avait juste besoin que ses parents le rassurent. Sur leur amour inconditionnel, mais aussi sur le fait que malgré ses rejets répétés, Dante l'attendait toujours. Parce que c'est Dante. Les parents sont merveilleux. Ceux d'Ari sont émouvants avec leurs blessures, ceux de Dante montrent à Ari le chemin pour communiquer avec eux. Finalement, tous les Mendoza vivent dans la honte. La mère avec le regret de son fils en prison, le père avec le souvenir du frère d'armes qu'il n'a pas pu sauver, Ari avec ses sentiments qu'il n'arrive pas à exprimer, même le grand frère en prison qui refuse de communiquer avec sa famille. La seule qui n'avait plus de secret était la tante Ophelia, qui avait été reniée par le reste de la famille pour ça. Chez Dante, c'est l'inverse. C'est Dante qui n'ose pas avouer à ses parents qu'il est gay de peur de les décevoir et ses parents lui offrent un soutien sans faille quand ils l'apprennent. Soledad va même jusqu'à discuter avec Ari de sa relation avec Dante. Tous les quatre, finalement, ils sont exactement ce dont leurs fils ont besoin et leur approbation est d'autant plus importante qu'Ari et Dante s'étaient mis la pression concernant leurs attentes, Ari par rapport à son frère et Dante concernant sa sexualité. Gina et Susie, bien que peu présentes dans l'histoire, m'ont paru très sympathiques. Elles sont ce qu'Ari a de plus proche d'un ami, en-dehors de Dante, et non seulement elles l'aident même quand elles n'approuvent pas ses choix (comme en se renseignant sur Ileana, par exemple), mais en plus elles le soutiennent sans le juger. Leur réaction après avoir rencontré Dante m'a beaucoup plus parce que pour une fois, elles n'insistent pas (trop). Elles se rendent compte que c'est un sujet qu'Ari n'a pas envie d'aborder et elles ont la jugeote et la courtoisie de lâcher l'affaire. Ari ne se rend pas compte de la chance qu'il a de les avoir. Pour rester dans les personnages secondaires, je n'ai finalement pas de réelle rancune envers Daniel. Honnêtement, seul avec Dante face à quatre brutes décidées à casser de l'homo, qui à part Dante n'aurait pas essayé de fuir? Je le comprends. Je le déteste d'avoir abandonné Dante et de ne même pas s'en être excusé en allant le voir et je le déteste par principe parce Ari et Dante étaient faits l'un pour l'autre depuis le début et ça m'agaçait qu'il s'incruste dans le tableau, mais je ne peux pas lui en vouloir d'avoir un instinct de survie. Je n'ai juste pas de réelle sympathie pour lui parce que, soyons honnêtes, il était l'Ileana de Dante et cette relation n'avait aucune importance. La mère de Dante elle-même enfonce le clou en parlant de substitut et c'est exactement ce que Daniel et Ileana étaient. Parce qu'Ari ne se serait pas enfui, pas uniquement parce qu'il n'a pas peur de se battre, mais parce que laisser Dante aurait été au-dessus de ses forces. Si Ari a un peu de mal à accepter son homosexualité, du côté de Dante, c'est surtout son identité ethnique qui lui pose problème. Bien qu'il soit bel et bien d'origine mexicaine, il a du mal à se voir comme tel. Il ne parle pas espagnol, donc ne se considère pas mexicain, mais en même temps, son origine et celle de ses parents l'empêchent de se sentir complètement américain. Il ne se retrouve en ni l'un ni l'autre, finalement, et a un peu de mal à trouver sa place entre les deux. Comme quoi, il a beau être plus extraverti qu'Ari, il a lui aussi son complexe. Bref, c'était beau, c'était touchant, j'ai adoré. En plus, j'ai lu qu'une suite était en cours d'écriture, donc je l'attends avec impatience, en espérant qu'elle me plaira autant. Ma note 9/10. Sans la moindre hésitation. Le mois prochain Je m'attaque à un gros morceau: Une Place à prendre, de J. K. Rowling. J'ai lu quelques pages pour me faire une vague idée et ça me parait prometteur.
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