Un grand merci à Penguin et NetGalley de m'avoir envoyé une copie de ce roman en échange d'une critique honnête. La provenance de ce livre n'influence pas mon opinion. Pour ceux qui préfèrent lire en français, il vient d'être publié chez Grasset en janvier, sous le même titre. Ce roman aurait dû m'arracher le cœur. Pourtant, la sauce n'a pas pris, et j'ai mis beaucoup plus de temps que je n'aurais dû pour le lire, même si je ne compte pas la très longue pause que j'ai faite entre les chapitres 1 et 2. C'est rare que je doive me forcer à ce point pour continuer un livre, qui en plus de ça n'est pas du tout un mauvais roman. Déjà, si vous vous intéressez à ce livre pour les portes magiques, vous perdez votre temps. Il n'y a aucune magie là-dedans, ces portes ne sont que des représentations romancées des itinéraires des passeurs de migrants. Si on veut traverser, il faut soit trouver une porte, soit payer le passeur d'une porte qui existe déjà. C'est vraiment la seule touche de magie du roman, qui en fait n'en est même pas une, donc on est hyper loin de Narnia, vous êtes prévenus. Ce n'est pas non plus un récit poignant sur la difficulté d'être réfugié. On en parle, oui, mais ça sert de cadre à la relation entre Saeed et Nadia. Tout le roman tourne autour d'un parallèle entre la migration et les grands changements de la vie. Comment la vie impacte les gens et comment l'évolution des personnes impacte les relations qu'ils ont avec les autres. Peu de réelle intrigue, on s'intéresse surtout aux personnages et c'est un angle intéressant. Malheureusement je ne peux pas dire que j'ai aimé. C'est simple: la plume est très sophistiquée. Hamid sait écrire, ça se remarque tout de suite. Par contre il y a vraiment très peu, presque pas, même, de dialogue, et c'est quelque chose qui me dérange dans un livre. Je veux voir ce qu'il se passe, pas qu'on me le raconte. Je trouve que sans dialogue, ça manque de vie. On nous raconte l'histoire de Nadia et Saeed, on ne nous la fait pas vivre, et je trouve ça dommage. J'ai l'impression que l'auteur avait vraiment l'intention de raconter l'histoire comme un conteur et si j'avais écouté le livre audio à la place, j'aurais pu aimer. Je pense que c'est ça qui a condamné le roman pour moi, quasiment dès le début. Du coup, c'était super bien écrit, mais niveau appréciation personnelle, je suis passée complètement à côté. Sans dialogue, je m'ennuie. Du coup j'ai eu une succession de belles phrases qui ne me transmettaient quasiment rien. C'est vraiment dommage. Donc on a Saeed et Nadia, deux jeunes adultes dans un pays du Moyen-Orient en guerre, qui se rencontrent et commencent à se fréquenter. Saeed est un mec bien, sympa, un peu générique, qui adore ses parents et est attaché à la tradition. Nadia est une jeune femme moderne qui quitte sa famille traditionaliste pour s'installer seule. Ils vivent dans une ville non spécifiée, en proie au conflit au début, puis ce conflit s'escalade jusqu'à une véritable guerre civile, avec des attentats, des représailles, un couvre-feu, la totale. Nadia et Saeed n'ont donc plus le choix: ils doivent fuir. Et c'est ce qu'ils vont vivre au fil de leur voyage qui va les faire évoluer en tant que personnes et impacter leur relation. Spoilers! Mon Dieu que c'était long. Je naviguais à travers les chapitres tous plus hermétiques les uns que les autres en voyant Saeed et Nadia s'éloigner sans voir où l'auteur voulait en venir, et c'est seulement à la fin que j'ai fini par piger. Saeed et Nadia auraient peut-être pu rester ensemble dans leur ville d'origine, mais les évènements qu'ils ont vécu les ont façonnés différemment l'un de l'autre, jusqu'à les rendre incompatibles. Je l'ai remarqué de manière flagrante à Londres, où Nadia voulait partir alors que Saeed était satisfait de la vie qu'il leur construisait sur place et n'a accepté que pour elle. J'ai même été étonnée qu'il dise oui tout de suite, sans même essayer de discuter. Saeed et Nadia ont une vue d'outsider sur les pays qu'ils visitent, ce qui rend leur voyage vraiment intéressant. J'ai en particulier apprécié les pages sur les US, parce que Saeed parles des Indiens d'Amérique et des Afro-Américains, les premiers en tant que réels natifs, les seconds en tant qu'immigrants à cause de l'esclavage, et toujours victimes de la violence des immigrants anglais qui se proclament natifs. J'ai aussi trouvé la différence de perception de la robe de Nadia très parlante. Dans son pays, Nadia la portait non pas par conviction mais pour la protection qu'elle lui offrait. Mais à San Francisco, cette robe attisait la méfiance, voire l'hostilité. Finalement je n'ai pas grand chose à dire, du fait que je suis passée majoritairement à côté. C'est vraiment dommage, je pensais vraiment que j'adorerais ce livre. Ma note Je donne 5/10, parce que je ne peux pas mettre moins, vu que techniquement, l'auteur est un excellent écrivain. Mais Exit West n'a jamais réussi à capturer mon attention, au point qu'il m'a fallu plusieurs semaines pour lire les 240 pages. Pas pour moi.
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