Publication le 07 Mars 2018. "Coup de foudre partagé par le monde de l’édition à l’international", "le livre qui vous fera pleurer de bonheur", "Un livre événement. Avant même sa parution, vendu dans 20 pays !", voilà ce que j'ai pu lire, en plus du synopsis, dans le descriptif du livre. J'ai donc naturellement été curieuse de voir s'il tenait ses promesses. Merci à NetGalley et Calmann-Lévy de m'avoir envoyé un ARC de ce roman avant la publication en échange d'une critique. La provenance de cet exemplaire n'influence en rien mon opinion. Bon. Faut que j'arrête de me laisser convaincre par les commentaires flatteurs de l'éditeur. C'était plaisant, mais très franchement, vu les éloges que j'ai cités plus haut, j'attendais beaucoup mieux. Déjà j'ai eu du mal à passer le début. Il y avait des choses intéressantes, mais je me suis bouffé une telle avalanche de clichés en pleine figure que si ça avait été un livre de bibliothèque, je l'aurais refermé et rendu sans une once de regret. Entre Louis qui nous dit de ne pas penser ce qu'il pense qu'on pense trois fois d'affilée en un seul petit chapitre et Thelma qui semble être le seul être humain décent dans la boîte où elle travaillait (vu les morceaux, j'aurais claqué ma démission dès le premier jour, faut pas déconner), ça avait des relents de "je combats les clichés, regardez!" pour planquer des faiblesses dans l'intrigue ou l'écriture. Thelma doit démissionner de son travail? Je sais, je vais rendre ses collègues et l'ambiance de travail absolument immondes pour qu'elle puisse le faire sans gros dilemme. Sauf que si ce job était si immonde, elle n'aurait jamais dû y rester dès le départ. J'aurais amplement préféré un patron compatissant qui lui propose un congé sabbatique pour digérer le traumatisme qu'elle venait de subir ou qu'elle donne sa démission parce qu'elle se rendait compte, plus tard dans le roman, que comme Louis, elle a des rêves, et préférait donc changer de carrière. Au lieu de ça, elle bosse pour et avec des porcs méprisants et méprisables depuis 15 ans et elle a beau enregistrer leurs remarques sexistes, au bout de QUINZE ANS, on est en droit de se demander si elle comptait vraiment s'en servir un jour. Le roman tourne majoritairement autour de Thelma, la mère, donc. Et s'il y a bien une chose que je retiendrai de La Chambre des Merveilles, c'est la justesse du choc et du désespoir d'une mère qui vient de perdre (enfin, presque) son enfant. C'est brutal, vraiment violent, ça prend aux tripes, et même une personne comme moi qui n'a pas d'enfants et donc aucune idée d'à quel point ça peut détruire quelqu'un, se retrouve avec le souffle coupé par la peine de Thelma. Sauf qu'à part ça, Thelma n'est rien. Absolument rien, le vide. Elle répète sans arrêt que sa vie entière tourne autour de son fils, et c'est tristement vrai. Elle n'a pas d'ami. Pas de partenaire. Elle parle à sa mère une fois par mois, pour que Louis puisse voir sa grand-mère. Pas d'autre famille. Elle vit pour un travail qui ne la passionne pas et où elle est traitée comme du poisson pourri. Aucun hobby mentionné. RIEN. Même pas quelques lignes de tricot le soir devant la télé. Et ce n'est même pas que ces choses prennent moins d'importance dans sa vie depuis l'accident, ce qui serait complètement compréhensible, c'est vraiment qu'il n'y a rien. Thelma n'est qu'une mère, elle n'existe même pas en tant qu'individu. Et là, problème pour moi, parce que ça fait carrément personnage unidimensionnel et ça me rebute. C'est dommage parce que son amour pour son fils est superbement écrit. Je ne m'y connais pas assez en matière de médecine et de coma pour savoir si les chapitres racontés du point de vue de Louis sont réalistes, mais leur présence est sympa. Vu ce que je viens de dire de Thelma, vous vous doutez bien qu'un point de vue alternatif par-ci par-là ne peut faire que du bien. Thelma se sert donc de la liste des merveilles de Louis, d'abord pour le convaincre de revenir, mais l'effet secondaire est le changement que ça amène dans sa propre vie. À ce niveau-là, La Chambre des Merveilles m'a rappelé Demain est un autre jour, un roman basé sur un principe vaguement similaire (une femme, la trentaine-quarantaine, doit suivre une liste de rêves d'enfant dans un délai précis et finit par complètement changer sa vie) et sur lequel j'avais écrit un article quand je l'avais lu. J'ai trouvé la Chambre des Merveilles plutôt en-dessous. Spoilers! OK, c'est pas forcément logique que Thelma réalise les rêves de son fils. MAIS. Un peu avant la moitié du livre, cette fameuse liste donne lieu à des situations plutôt cocasses et j'ai apprécié que Thelma saisisse l'opportunité de rire. J'en aurais presque oublié Louis dans le coma tellement Thelma était pleine de vie. Je savais qu'il risquait toujours de mourir, le compte à rebours en début de chaque chapitre ne le laisse jamais oublier, mais les passages racontés de son point de vue à lui, qui montraient qu'il était toujours vivant, et le décalage entre les rêves d'un ado et la manière dont sa mère essaye de les réaliser ont apporté beaucoup de légèreté et d'humour dans un roman à la prémisse si déprimante. Ce qui me dérange, là-dedans, c'est qu'à l'exception du voyage à Tokyo, où Thelma renoue avec sa mère, Thelma ne sort pas de ses expériences grandie en tant que personne. C'est juste une liste de choses à faire, comme on ferait ses courses au supermarché. Les seuls changements dans sa vie viennent d'autres personnes, pas de démarches personnelles, en tout cas jusqu'à la toute fin (et là aussi, je trouve à redire). Et finalement, le fait qu'elle suive les rêves de son fils m'a paru tout à fait approprié après l'énième rappel que toute sa vie tourne autour de Louis. *soupir* OK, je suis très mal placée pour savoir ce que ça fait d'être mère. Mais quand même. Elle s'est senti coupable de ne pas avoir pensé à son fils pendant vingt minutes. VINGT MINUTES. Et elle pète un plomb quand elle s'en rend compte. Par contre, et mon Dieu il était temps, elle finit par percuter. Qu'elle est une coquille vide, je veux dire. Il aura fallu un stage de foot et les blagues d'une jeune fille pour le lui montrer, mais Thelma finit ENFIN par se rendre compte qu'elle est "absente de sa propre vie". Pas qu'elle y fasse quelque chose, hein, mais dans un futur qu'on ne nous raconte pas, l'espoir est permis. J'aimerais tout de même comprendre comment cette femme a passé UN MOIS à encaisser la potentielle mort de son fils unique sans que personne ne l'envoie voir un psy ou participer à un groupe de soutien. J'ai aussi du mal à accepter le fait qu'elle ne vire alcoolique que pendant quelques jours, jusqu'à ce que sa mère s'installe chez elle pour vider ses vins hors de prix dans l'évier et problème réglé. On parle de deuil, là. De désespoir, possiblement de dépression. Mais Thelma n'a aucun suivi psychologique, quel qu'il soit. Sujet ô combien casse-gueule. Et on est passé à côté comme une balle. Et comme par hasard, elle rencontre l'amoûûûûûûûûûûr. En la personne de l'entraineur de foot de son fils, père de la copine de son fils ET frère de l'infirmière qui soigne son fils. Qui habite à trois rues de chez elle. Le monde est petit, hein? Ils sont fous l'un de l'autre au bout d'une semaine et quand, deux semaines plus tard, Thelma envisage sa vie dans dix ans, elle l'envisage avec Edgar. Un homme qu'elle a donc rencontré deux semaines plus tôt. Moui. Moui moui. OK. Juste... nope. Et enfin, la fin. Mais qu'est-ce que c'est que cette fin? Louis se réveille. OK, on s'en doutait, mais on est content quand même parce que tuer un gamine visiblement toujours vivant d'après les chapitres de son point de vue, ça aurait été dégueulasse. Il ne se rappelle pas de sa mère. Bon. Pourquoi pas. Et c'est tout? Rien de plus? Juste cette lettre à la future Thelma qui nous montre un futur fantasmé? On ne saura pas ce qu'ils deviennent, pas vraiment? Et Isa qui préfère le foot à la danse, Thelma l'imagine reprendre l'école de danse de sa mère? Le père de Louis, on ne saura pas comment ils se sont "réconciliés"? Finalement, la première chose que je me suis dite en arrivant aux remerciements, c'était "j'aurais pas passé quelques pages?" mais non, c'était bien la fin. Ah. Underwhelming. Au final, j'en suis navrée, mais je ne vois pas vraiment ce que ce roman en particulier a de plus que les centaines d'autres drames contemporains qui sont publiés chaque année. Il n'est pas mauvais, certes, mais il ne me parait pas exceptionnel non plus et je trouve qu'il manque de profondeur. Ma note 3/10. J'aurais voulu être aussi conquise que les autres, mais il semblerait que ce roman n'est pas fait pour moi. Il n'est pas du tout à la hauteur de mes espérances. Désolée.
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