En gros, c'est vendu comme une enquête à la Scooby Doo bien sombre, avec de vrais monstres dignes de Lovecraft. En grande fan de Scooby Doo, forcément, ça a piqué mon intérêt, même si je n'ai toujours pas lu Lovecraft (je sais, ça manque à ma culture), et j'avais hâte de lire ce que cette revisite allait donner. Je suis très contente de ce roman, vraiment. Je trouve que Cantero a eu une excellente idée et qu'il a eu assez d'audace pour exécuter son concept jusqu'au bout, ce qui fait que le mélange a vraiment bien pris chez moi. J'étais nerveuse en commençant Meddling Kids à cause de ses nombreuses mauvaises critiques, mais après lecture du roman ET des critiques, je dois dire que je les trouve injustes. Je pense que beaucoup se sont lancés dans Meddling Kids en s'attendant à une vraie réécriture de Scooby-Doo avec des personnages calqués sur le Scooby-Gang et se sont retrouvés déçus parce que ce n'en est pas une. Meddling Kids s'inspire du schéma "club de détectives amateurs composé de deux garçons + deux filles + un chien" mais la ressemblance s'arrête là, pas de Fred, Daphné, Véra, Sammy et Scooby. Je ne trouve pas non plus que le roman présente une représentation dangereuse de la transsexualité parce que le méchant serait trans, ce qui est l'autre reproche fréquemment fait à Meddling Kids. Peut-être que je devrais la boucler sur ce point, n'étant pas trans moi-même, mais je n'ai pas l'impression que le méchant se considère comme trans, donc pour moi, il n'y a pas de représentation dangereuse de la transsexualité parce qu'il n'a pas de représentation de la transsexualité tout court. Je n'ai malheureusement pas eu l'occasion d'en discuter avec une personne plus concernée, donc je recommande tout de même la prudence si ça peut être un TW pour vous, mais dans le cas contraire, je vous encourage à laisser une chance à Meddling Kids. En revanche, je reconnais que le style d'écriture est très spécial. Je soupçonne que ce soit en partie un hommage à Lovecraft vu que Meddling Kids s'inscrit clairement dans cette tradition du horror pulp, mais je conçois qu'il ne plaise pas à tout le monde. On passe parfois en format scénario pour les dialogues, on a des métaphores plus ou moins perchées, comme les cheveux de Kerri régulièrement décrits comme vivants et conscients, et j'ai même trouvé une phrase, vers la fin, qui court sur une page entière. Et une page normale, hein, avec la phrase qui faisait 30-40 lignes, avec plein de virgules. Pour une scène d'action. Personnellement, ça ne m'a pas dérangée du tout, au contraire ça m'a même beaucoup plu, mais si c'est le genre de trucs qui vous sort de l'histoire, Meddling Kids ne sera probablement pas votre tasse de thé. Si c'est votre truc, foncez. Le début est beaucoup, beaucoup trop long. Comptez un bon tiers avant que l'intrigue ne décolle vraiment. Je me demandais sincèrement si je n'allais pas abandonner. Pas que c'était inintéressant en principe, mais je n'étais pas captivée par ce qui se passait, et surtout, j'étais impatiente qu'ils arrivent à Blyton Hills pour commencer leur enquête. Le road trip pour y arriver m'intéressait beaucoup moins. Une fois que les monstres se pointent, par contre, ça dépote. L'ambiance menaçante s'épaissit et on est absorbé, tout s'accélère, le danger se ressent vraiment et j'étais scotchée à mon livre. J'étais vraiment contente de ne pas avoir abandonné en cours de route parce que j'aurais loupé cet enchainement d'action haletant et surtout, surtout tellement fun. Spoilers! Le fait d'avoir des personnages adultes a de gros avantages, à commencer par l'appui de la police puis de l'armée, les compétences de Kerry en biologie qui lui permettent de tenir un rôle de légiste sur le cadavre d'un des monstres ou encore le fait que finalement, FINALEMENT, quelqu'un pense à prendre un fusil. C'est limite un running gag dans pas mal d'histoires et que j'ai encore vu le mois dernier dans une nouvelle, où un mec, dans un univers qui a des fusils, allait seul en forêt traquer et tuer une bête féroce... avec un arc et des flèches. Nate, lui, a eu la présence d'esprit d'emmener un fusil, et après la première apparition des monstres, les personnages ne vont nulle part sans au moins un revolver. C'est bien, les gars. J'ai quand même une question: pourquoi emmener le chien partout? Qu'il soit un membre du groupe, OK. Mais pour leur première exploration de la mine, je l'aurais laissé avec Captain Al pour deux raisons en particulier: son masque n'avait pas de réserve d'oxygène, donc c'était déjà dangereux de l'emmener, et en plus, l'ascenseur était apparemment hors service donc il a fallu porter le chien (et c'est un gros chien) pour descendre puis remonter une échelle. Descendre dans la mine était dangereux et les probabilités de rencontrer d'autres monstres étaient grandes, pourquoi faire courir un tel risque au chien et, à cause du handicap qu'il représente, aux autres membres du club? Que Nate, Andy, Kerri et Peter aient été des Vessels souillés par Deboën était un plot twist que j'ai trouvé très crédible. Ils sont tous été secoués par la nuit qu'ils ont passé dans la maison hantée et dès que le sujet des Vessels a été abordé, j'ai été persuadée qu'au moins Nate avait été touché par une entité maléfique. ça expliquait ses hallucinations, j'ai même envisagé qu'il était toujours possédé et que Peter était la manifestation de Deboën ou pire, de Thtaggoa. Du coup, je n'en ai été que plus surprise quand Dunia a annoncé qu'elle avait tout inventé. Je suis moins convaincue par l'explication "je n'ai fait que citer les trucs dont les jeunes se croient victimes de nos jours", un simple "j'ai continué à vous surveiller de loin" aurait tout de même été plus plausible. Tous les jeunes ne tombent pas dans l'alcool, la prison, les hallucinations et le suicide. Dunia, justement, était un excellent méchant. Deboën s'était déjà fait passer pour son "fils", j'aurais dû le soupçonner d'avoir refait pareil avec sa "fille". Un sorcier de plus de 150 ans capable de modifier son apparence pour en paraître 30, pourquoi il n'aurait pas aussi pu altérer son genre? C'est plausible d'une manière "j'aurais dû y penser avant" et ça me plait. Elle remplissait parfaitement son rôle et voir ce personnage désabusé revenir dans la partie en génie du mal était plutôt jouissif. C'était un redoutable adversaire qui avait du chien, même si ses justifications pour libérer Thtaggoa auraient pu être un peu plus logiques que "j'avais envie de voir ce qui se passerait". Enfin, on a le plot twist de Tim, qui est en fait Sean possédé par un avatar. Je ne sais pas trop quoi en penser, en fait. J'aimais bien l'idée du chien intelligent, limite personnifié, donc l'humaniser pour de vrai... Je ne suis pas contre, mais je ne suis pas particulièrement pour non plus. Je pense que j'aurais quand même préféré que Nate soit le Vessel et que Peter soit la manifestation de l'avatar. D'autant qu'au final, j'ignore ce qu'il s'est passé avec l'hallucination de Nate. Il est parti? Nate a recommencé à prendre ses médicaments, peut-être? Ou il est toujours là? Je ne sais pas, il n'a pas eu de scène de sortie donc pas la moindre idée. Au final, je trouve que Meddling Kids s'inscrit parfaitement dans le genre pulp horror un peu cheesy qu'on aime parce que c'est fun à lire. J'ai beaucoup aimé. Ma note Le premier tiers est vraiment trop long, mais le style est original et une fois que ça démarre vraiment, c'est un chouette hommage aux pulps rétros et tout aussi divertissant. 7.5/10. Au sujet de l'auteur Edgar Cantero est un auteur et dessinateur catalan. Meddling Kids est son second roman écrit en langue anglaise après Le Monde caché d'Axton House. Pour suivre son actualité, vous pouvez consulter son site officiel. Vous y trouverez aussi un lien vers le site de l'éditeur pour télécharger une version pdf de The Meddler, une nouvelle qui sert d'épilogue à Meddling Kids et que j'ai trouvée très sympa. Le mois prochain J'ai choisi Monday's Not Coming, de Tiffany D. Jackson.
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