J'attends Ninth House quasiment depuis son annonce, et je l'ai précommandé plus de six mois avant sa sortie. Bardugo avait annoncé un roman sombre, des fantômes, du sang, des sociétés secrètes à l'université et sans blague, vous avez vu cette couverture? Je n'ai même pas essayé de résister, il me le fallait. Et j'ai presque compté les jours en attendant de pouvoir le lire. Ben les amis, ça DÉCHIRE. J'ai beaucoup aimé et j'ai hâte de voir la suite débarquer. Je commence par la seule ombre au tableau: c'est très, très long à démarrer. C'est facile à comprendre, vu tout l'univers qu'il y a à mettre en place, mais ça peut décourager. L'univers, justement, est complexe. Il y a huit sociétés qui pratiquent chacune une forme de magie, plus Lethe qui s'assure que leurs rituels se passent bien. Donc ça commence avec pas mal d'infos sur le fonctionnement de la magie qu'ils utilisent et les explications de Darlington au sujet du rôle d'Alex en tant que représentante de Lethe. Même au niveau du meurtre de Tara, il faut prendre le temps de présenter Turner et son rôle, ainsi que celui de Dawes, donc ça fait beaucoup d'information à assimiler avant d'entrer dans le vif du sujet. C'est bien fait, on découvre tout ça à travers de vraies scènes qui servent aussi à explorer la personnalité d'Alex et de Darlington (le POV alterne entre eux deux pendant une partie du roman), donc on évite le gros écueil de l'infodumping, mais ça reste pas mal d'exposition, ce qui donne une impression de lenteur malgré la présence d'un prologue destiné à nous accrocher dès le début. Au niveau des personnages, je suis ravie. Alex est une anti-héroïne comme Bardugo sait les écrire, avec ses traumatismes et le caractère qu'elle a développé en réponse. C'est le genre de personnes avec qui je pourrais me lier d'amitié: son sens moral est certes un peu flexible, mais même si elle est prête à se salir les mains, elle ne perd pas de vue que la justice est son objectif. Darlington prend son rôle de représentant de Lethe très à cœur et apprend à apprécier Alex, malgré sa réticence première du fait qu'elle lui avait été imposée comme apprentie. Dawes est très touchante, et j'ai adoré voir son amitié avec Alex se développer au fil des évènements. Leur méfiance initiale à l'égard l'une de l'autre a joliment évolué. De son côté, Turner, un flic très droit, est plutôt hostile à Alex et sa manière de tordre les règles pour obtenir ce dont elle a besoin, ce qui ajoute un facteur tension très agréable. Au final, les trois personnages réagissent de manière complètement unique à l'arrivée d'Alex (curiosité, méfiance, hostilité) et ça rend leurs interactions savoureuses. Par contre, Bardugo ne s'est clairement pas fichu de nous en nous prévenant que ce serait assez dégueulasse. Sans ordre précis, on a: viols, dont une agression sur une enfant de 12 ans, prostitution d'une adolescente, usage de drogues diverses, overdose, meurtres à foison, violence en tout genre et même un personnage drogué pour lui faire manger des excréments (bon appétit!). Si ce sont des thèmes qui peuvent vous déranger, je ne vous recommande pas Ninth House. Après tout, la lecture est un plaisir et on n'est pas là pour se faire du mal. Spoilers! Si je devais décrire le thème principal du roman, je dirais que c'est le privilège. Les membres des sociétés sont riches, amenés à réussir dans la vie, et leur pratique de la magie les poussent à se croire plus importants que les autres. Un peu comme les riches américains, quoi. Qui méprisent les classes ouvrières, dont Alex est clairement issue. Ce mépris se retrouve dans la manière dont Tara est considérée. Sandows espère décourager Alex d'enquêter sur sa mort en argumentant que ce n'est une "townie", une habitante de New Haven, et pas une étudiante de Yale. C'est aussi la raison principale pour laquelle il l'a choisie pour la tuer. Il avait besoin d'une victime pour créer un nouveau nexus, alors il l'a choisie elle, une femme dont la mort ne ferait pas de vagues, qui en plus en savait trop sur les sociétés secrètes de Yale. Même les étudiantes hors sociétés sont vues comme sans importance, l'attitude de Blake envers Mercy et toutes les autres femmes qu'il a violées suffit à le prouver. Daisy elle-même est une privilégiée. Elle a commencé en tant que victime collatérale, mais en marchant sur les autres femmes, elle s'est hissée à un rang plus élevé au point d'oublier d'où elle vient. Par ambition, elle n'a pas hésité à faire subir le même destin qu'elle à d'autres femmes innocentes. Une assimilation qu'on retrouve pas mal chez d'autres catégories de population (je pense surtout à des citoyens américains pauvres qui soutiennent les riches non pas par masochisme mais parce qu'ils espèrent un jour faire partie de cette élite et considèrent que voter contre leurs intérêts actuels, c'est voter pour leurs futurs intérêts). Ce faisant, elle est responsable de la créations des nexus (nexi?) utilisés par Yale, donc je comprends très bien qu'Alex préfère garder cette information pour elle. Si ça se savait, combien de temps avant qu'Alex et les autres gens comme elle soient traqués et obligés à tuer pour continuer à enrichir des gens sans scrupule? Ou tués pour les empêcher de le faire? Un pouvoir aussi immense ne peut que susciter la peur et la convoitise. Pendant tout le roman, j'ai refusé de croire que Darlington était mort. Non, non, et re-non. Je ne sais pas ce que le "gentleman demon" va donner dans le prochain tome, mais je suis curieuse de voir ça. Le simple concept de ce que serait un démon dans cet univers, la manière dont cette transformation a modifié la personnalité de Darlington, mais aussi l'influence qu'il pourrait avoir sur une Alex qui commence à peine à découvrir l'étendue réelle de son pouvoir et comment elle pourrait l'utiliser à des fins néfastes. Je pense qu'il y a de quoi rendre cette storyline passionnante et j'ai hâte de voir ce que Bardugo va en faire. Pour résumer, c'est long à démarrer, mais ça vaut le coup de s'accrocher et c'est très prometteur pour le tome suivant. J'ai hâte qu'il sorte! Ma note Va pour un 9/10. J'aime beaucoup l'intrigue et où ça va, les personnages sont solides et l'univers est intrigant, mais le début est vraiment difficile à passer niveau exposition. Le mois prochain J'ai choisi Jolis jolis Monstres, de Julien Dufresne-Lamy.
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