Publication prévue le 27 Juin 2019. Patron Saints of Nothing a tout de suite attiré mon attention grâce à cette couverture. Un coup d'oeil au synopsis et je l'avais précommandé. Du coup, quand j'ai eu la possibilité de le lire en avant-première, j'ai sauté sur l'occasion. Merci infiniment à Stripes Publishing et NetGalley de m'avoir envoyé un exemplaire numérique gratuit en échange d'une critique honnête! J'ai adoré ce roman, je l'ai lu sur une journée tellement j'avais besoin de connaitre la suite. Je ne m'attendais pas à être à ce point émue. Alors déjà, j'ai super honte de mon ignorance sur l'opération Takhong. Depuis sa mise en œuvre en Juillet 2016, le nombre de morts qui en ont résulté a passé la barre des 5 000 en Novembre 2018. Enfin, si on en croit les sources officielles, parce que les associations humanitaires situent le nombre entre 12 000 et 20 000 sur la même période (source: cet article du Guardian). Et je ne savais même pas ce que c'était. Cette politique a fait au moins 5 000 morts en deux ans et demi, dont une bonne partie abattue sans sommation, et j'étais dans l'ignorance la plus totale. J'ai été aussi choquée que Jay, je pense. Le roman ne se focalise pas uniquement sur cet aspect des Philippines, heureusement. Jay rencontre Mia, une ado de 19 ans qui veut devenir journaliste, et d'autres personnages qui oeuvrent différemment pour débarrasser les Philippines d'autres problèmes, comme l'esclavage sexuel avec Reyna, par exemple, et le travail de sa Tita Chato. On visite les beaux quartiers comme les bidonvilles et des habitations entre les deux, donc sans fermer les yeux sur la partie de misère des Philippines, on ne nous la présente pas comme unique style de vie du coin. Le cadre varie en fonction du voyage de Jay, de la belle maison de Tito Maning à celle plus modeste de Tita Chato, puis à l'habitation de fortune de Reyna et enfin, la maison de ses grands-parents. On a un portrait nuancé du pays, dans le cadre tant que dans l'ambiance. Ma deuxième scène préférée, après une que je mentionnerai dans les spoilers, est celle du karaoké chez Tita Chato. La convivialité du voisinnage m'a fait chaud au coeur. Outre le cadre spatio-temporel, j'ai vraiment aimé découvrir la personnalité et la vie de Jun au fil de l'enquête de Jay. Plus il avance, plus il en apprend sur les dernières années de Jun et sur comment il en est arrivé à se faire abattre dans une rue. Et en apprenant qui était son cousin, Jay découvre aussi qui il est. Il se rapproche de son héritage, grandit en tant que personne en chemin et se rapproche de sa famille et de la culture de son père. Au final, ce voyage est autant la découverte de la personnalité de Jay que de celle de Jun, pour lui-même comme pour le lecteur. Lui qui n'était qu'un ado plutôt quelconque et sans aspirations particulières voit sans cesse ses opinions remises en question et se retrouve face à des choix qui vont forger l'homme qu'il deviendra, tandis qu'en parallèle, Jun a suivi un chemin similaire, même si son chemin à lui l'a mené ailleurs. Le choc des cultures entre Jay et la famille de son oncle m'a mise très mal à l'aise parce que je ne peux pas m'empêcher de penser qu'ils sont bourrés de préjugés. Le mépris dont Tito Maning fait preuve envers l'éducation de Jay me rendait folle de rage, mais c'est aussi un personnage extrêmement imposant qui m'a renvoyé une telle impression de brutalité que même si je suis du genre à dire ce que je pense sans prendre de gants, si j'avais été à la place de Jay, je ne l'aurais pas ramenée non plus. Les autres personnages sont plus mesurés et moins horripilants. Mia est un excellent binôme pour Jay et j'aime beaucoup Grace. Les tantes de Jay sont tout aussi adorables. Par contre je trouve tout de même étonnant que les parents de Jay, qui étaient plutôt réticents à le laisser partir seuls, ne se soient pas manifestés un peu plus bruyamment quand il a arrêté de leur téléphoner. Si ça avait été ma propre mère, que je sois chez de la famille n'aurait rien changé, elle m'aurait passé un sacré savon, voire elle aurait carrément débarqué pour me ramener à la maison par la peau du cou. Mais bon, c'est peut-être juste ma mère. Spoilers! Même si je suis triste que Jun ait effectivement été accro à la drogue et un dealer, je n'en suis pas moins peinée par sa mort. L'addiction est un fléau terrible et Jun a certes fait de mauvais choix, mais il ne méritait pas de mourir exécuté par son gouvernement. J'ai été très touchée par la veillée finalement organisée par la famille, en particulier par la présence de Tito Maning. Qu'un homme aussi fanatique de son gouvernement ait finalement choisi d'honorer son fils, tout drogué/dealer qu'il était, ça m'a émue. Je pense aussi que c'était une belle manière de rappeler que derrière le chef de la police fier de son président, il y a aussi un être humain et un père qui vient de perdre son fils. Peut-être même qu'il s'est d'autant plus réfugié dans son soutien à Duterte justement parce que remettre en doute sa politique serait reconnaitre l'atrocité de la mort de Jun et qu'il n'en a pas (encore?) la force. D'après ce qu'on sait du personnage, ce n'était certainement pas un enfant de choeur avant, mais après avoir lu la scène de la veillée, je suis prête à lui laisser le bénéfice du doute. Même si Lola gagne un point en badasserie pour avoir empêché Tito Maning de tuer Jay en lui tirant l'oreille. Comme quoi, peu importe l'âge qu'on a, on n'est jamais à l'abri de se faire défoncer par sa mère. Un détail que j'apprécie énormément est qu'il n'y a pas vraiment de romance dans Patron Saints of Nothing. On a Grace et Jessa, discrètes, mais la relation entre Jay et Mia est amicale, même si on laisse la possibilité que cette situation évolue après la fin du roman. Au lieu de les pousser dans une relation éphémère et pas hyper crédible (Jay n'est resté que dix jours, après tout), je suis contente qu'ils aient appris à se connaitre et qu'ils soient devenus amis, surtout que Jay avait à mon sens besoin d'espace pour se chercher avant de se lancer dans une relation quelconque. Le focus était vraiment sur la vie de Jun. Au final, on ne saura jamais qui a assassiné Jun. Apparemment, c'était un citoyen ordinaire qu'on ne retrouvera probablement jamais, et même si ça arrivait, il ne sera jamais puni. Au contraire, il a été récompensé pour avoir débarrassé la société d'un dealer. C'est horrible. Mais même si on n'aura jamais le fin mot de cette histoire, je trouve que ce n'est pas important dans l'intrigue parce que la famille a pu faire son deuil. Jun est mort. C'est injuste. C'est déchirant. C'est révoltant. Mais je garderai le souvenir de la tendresse que l'auteur m'a fait éprouver pour lui, plus que de la rancoeur que j'ai éprouvée pour son meurtrier. Donc je termine le roman sur cette note douce-amère (et une boîte de mouchoirs, parce que je suis moi). Pour résumer, je suis conquise. J'ai adoré et je le recommande à tous ceux qu'il intéresse. Ma note 9.5/10. C'est un très bon roman, avec un personnage principal qui grandit et trouve sa voie en redécouvrant ses racines. C'est touchant et très bien écrit.
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