Publication prévue le 07 Mars 2019. Depuis Clean, Juno Dawson fait partie des auteurs dont je compte bien lire toute la backlist ou presque. Sachant que j'adore les anthologies, une anthologie LGBTQ+ compilée par Juno Dawson allait forcément attirer mon attention. Je ne connaissais qu'un ou deux contributeurs de nom mais si Juno les a trouvé suffisamment bons pour les choisir, je ne me fais pas de souci. Un grand merci à Stripes Publishing et NetGalley de m'avoir gratuitement envoyé un exemplaire de ce livre en échange d'un avis honnête! Je suis très contente de ma lecture. J'ai trouvé le niveau plutôt consistant entre les différentes nouvelles et c'est quelque chose qui n'arrive pas très souvent, j'ai l'impression. Déjà, j'ai eu les larmes aux yeux dès l'avant-propos. Je n'ai pas connu les temps vraiment difficiles pour la communauté LGBTQ+ ni la crise du SIDA, donc je n'avais aucune idée de l'ampleur que l'homophobie avait prise à ce moment-là. Ce qui est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles j'encourage toujours à lire en-dehors de sa propre représentation, c'est incroyable le nombre de choses qu'on ne nous enseigne pas à l'école. Proud est parfait pour ça parce qu'il présente un éventail d'identités et d'orientations sexuelles différentes, ainsi qu'une partie des épreuves que ça représente, écrit et illustré par des créateurs LGBTQ+ originaires du Royaume-Uni. Pour avoir une vue d'ensemble, c'est franchement pas mal. Proud s'ouvre et se ferme sur des poèmes. Bon, pour moi, ça tombe un peu à côté, mais pour quelqu'un de plus sensible à la poésie, je suis persuadée que ça fera une belle ouverture et une belle fin. En ce qui concerne le genre (littéraire), en-dehors de ces deux poèmes et d'une nouvelle fantasy qui s'est glissée dans la sélection, on est dans le contemporain. Si vraiment je devais faire une critique, j'aurais aimé un peu plus de diversité (!) à ce niveau-là aussi, mais vu le niveau général très bon, ce serait vraiment pinailler. 12 nouvelles, 12 illustrations, vous connaissez la musique pour les anthologies: je les prends une par une en essayant de ne pas spoiler la fin de chaque, donc cette review est plutôt spoiler free. Go: Dive Bar, de Caroline Bird. Illustration par Saffa Khan. La poésie, c'est ma bête noire. Le langage poétique m'échappe complètement, je n'arrive pas à me concentrer sur la poésie, donc je vais m'abstenir de noter ce texte en particulier. Vu que le souci vient de moi, ce serait injuste de pénaliser l'auteure. Ceci dit, je pense qu'il est question de faire son coming out? Avec un baiser. C'est vraiment très imagé, donc il m'a fallu plusieurs lectures pour avoir une idée de ce qui se passait, et je ne suis même pas certaine d'avoir compris correctement. Au niveau construction, par contre, les parallélismes sont sympas, je peux au moins voir ça. Et c'est très court, seulement deux pages, mais c'est largement suffisant pour décrire un baiser. C'est étrange à mes oreilles mais pas déplaisant. Je comptais un peu sur l'illustration pour comprendre mais c'était encore plus flou. Oh well. Penguins, de Simon James Green. Illustration par Alice Oseman. J'adore cette histoire. J'ai trouvé que c'était une réflexion très juste sur le coming out et c'était chou comme tout. J'adore les pingouins qui font des trucs mignons, c'était plein d'humour, les personnages sont sympas, je suis hyper fan. Je pense que je vais me pencher sur les romans de Simon James green à l'avenir. Niveau ambiance, on est sur du Love, Simon, avec ce subtil mélange d'humour et d'émotion, donc en ajoutant des personnages intéressants qu'on a envie de soutenir, ça me plait forcément. Ma note: 8/10. L'illustration à la fin représente la dernière scène, c'est là aussi super adorable et j'apprécie qu'Alice Oseman ait pensé à inclure les pingouins. On the Run, de Kay Staples. Illustration par Alex Bertie. Je pense que c'est ma préférée de tout le recueil, et j'en suis restée sur le cul quand j'ai lu les biographies à la fin et vu que Kay Staples n'avait rien publié avant cette nouvelle. J'ai trouvé les personnages d'On the Run très émouvants, chacun à leur manière, et j'ai retenu mon souffle pour une fin heureuse qui me semblait si improbable. J'étais vraiment investie dans ce texte et, encore une fois, les personnages! Entre Nicky qui se cherche et Dean qui est à des années-lumière de l'image qu'il renvoie ... OMG je vais jamais m'en remettre tellement je les aime, excusez-moi pendant que je vais relire cette nouvelle, merci. Ma note: 10/10 avec une standing ovation. Je ne peux pas dire que je suis impressionnée par l'illustration d'Alex Bertie, que j'ai trouvée très minimaliste. C'est bien fait, hein, mais c'est pas transcendant, je trouve. The Phoenix's Fault, de Cynthia So. Illustration par Priyanka Meenakshi. Petite faiblesse avec celle-ci, qui n'est pas mauvaise non plus mais pas au même niveau que les deux précédentes. Le problème avec la fantasy, c'est que l'univers doit déchirer. Ici, les personnages étaient sympas, l'ambiance générale était très intéressante, mais les règles de cet univers, en particulier en ce qui concerne les phœnix, étaient trop floues, trop random. Et en même temps, j'ai trouvé qu'on passait trop de temps sur le phœnix et qu'on négligeait la construction du personnage principal. Quelque chose de plus intuitif aurait permis de passer moins de temps sur le contexte et de développer un peu plus l'élément principal, à savoir la relation entre les deux personnages. Ma note: 4/10. Quant à l'illustration, il y a beaucoup de noir et les traits sont très épais, donc je n'arrive pas à distinguer ce que c'est sensé représenter, désolée. En fait, à ce stade, je me demande si toutes les illustrations sont sensées être en noir et blanc, parce que la première aussi me laissait perplexe, donc je me dis que le problème ne vient peut-être pas des dessins mais de mon exemplaire? As the Philadelphia queer youth choir sings Katy Perry's "Firework"..., de David Levithan. Illustration par Steve Antony. Celle-ci était mignonne, mais le format m'a un peu déstabilisée. On suit les pensées d'une chorale queer pendant une représentation où ils chantent Firework et les pensées de chaque personnage sont différenciées par une indentation plus ou moins prononcée. Deux garçons flirtent, un autre se demande pourquoi celui qu'il a embrassé quelques jours avant l'ignore, un (ou une) se dit qu'ils devraient plutôt chanter Born This Way, un personnage trans réfléchit à sa relation avec son père, un autre repense à une audition qui s'était mal passée, ... On a une fenêtre ouverte sur chaque petite histoire et sur ce que ce moment représente pour chacun des personnages. C'est sympa, c'est original et les personnages ont chacun leur personnalité. Ma note: 8/10. L'illustration représente très bien la scène, c'est sympa aussi. Note à la relecture: si vous tenez à votre foie, évitez de faire un drinking game qui implique de boire un shot à chaque fois que je dis "sympa" dans cet article, j'ai pas envie d'avoir des comas éthyliques sur la conscience, merci. Almost certain, de Tanya Byrne. Illustration par Frank Duffy. Celle-ci m'a beaucoup plu aussi. On touche plus à l'anxiété qu'à l'orientation sexuelle mais j'ai trouvé qu'elle était vraiment belle et que la manière d'expliquer les crises d'angoisse était très touchante. La solitude et l'anxiété d'Orla sont palpables et prennent aux tripes et c'est d'autant plus parlant que les autres personnages sont en retrait. Le monologue intérieur sonne très juste, le deuil aussi, et la fin ouverte avec la rencontre de Reeba laisse le soin au lecteur d'imaginer comment Orla va évoluer maintenant qu'elle a trouvé quelqu'un à qui parler. Ma note: 9/10. J'ai aussi trouvé que l'illustration représentait parfaitement Orla et sa solitude, avec Reeba qui lui tend la main pour l'en sortir. The Other Team, de Michael Lee Richardson. Illustration par David Roberts. Encore une petite nouvelle chou comme tout avec des personnages sympas. J'ai adoré l'idée d'une équipe de foot queer et du soutien que ses membres se portent les uns aux autres. Je suis aussi ravie qu'ils ne se soient pas laissé abattre et que l'autre équipe ait été aussi fair-play. Ethan est attachant, ses coéquipiers le sont tout autant, Alistair en particulier est fabulous, et cet esprit de camaraderie qu'ils ont fait plaisir à voir. J'adore voir des amitiés masculines saines, en particulier dans le sport. Go MOSAIC! Ma note: 9/10. J'aurais préféré que l'illustration montre l'esprit d'équipe plutôt que le moment déplaisant de la nouvelle, avec l'entraineur au premier plan, mais les joueurs font front uni et ça me plait. I hate Darcy Pemberley, de Karen Lawler. Illustration par Kameron White. J'aime bien les réécritures de classiques. Orgueil et Préjugés a une base plutôt chouette, qu'on peut décliner en pas mal de versions intéressantes et I Hate Darcy Pemberley est un bon exemple de ça. On retrouve l'esprit des personnages de O&P, dans le contexte d'un lycée moderne et avec un Darcy gender-swapped. L'intrigue ne s'éloigne pas de l'originale, en se contentant de moderniser les évènements, comme avec le scandale de Lydia. C'est frais, c'est maitrisé, même si c'est un peu pauvre en-dehors de l'aspect réécriture. Ma note: 7/10. L'illustration est très sympa et très expressive, je trouve. Je l'aurais bien vue dans un comics. The Courage of Dragons, de Fox Benwell. Illustration par Kristen Van Dam. Sans être ma préférée, j'ai bien aimé ce parallèle avec Donjons & Dragons et l'aperçu de la vie des personnes non-binaires. C'est difficile pour quelqu'un qui ne l'est pas de se rendre compte de ce que c'est et je pense que je sors de cette nouvelle un peu plus instruite. Le côté quête était intéressant, même si j'ai trouvé que ça manquait un peu du danger que j'attendais, et j'ai trouvé que c'était une manière originale d'appréhender le sujet avec une revendication symbolique. Ma note: 7/10. L'illustration était très chouette, même si j'ai eu du mal à discerner l'alter ego de Scout à cause de l'aplat de blanc et du peu de contours. The Instructor, de Jess Vallance. Illustration par Kate Alizadeh. Pour moi, c'est une des nouvelles les plus faibles du recueil. Je trouve qu'elle manque de vie, d'un réel conflit ou concept, et malgré la longueur similaire aux autres, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup moins d'informations intéressantes dans ce texte. J'ai eu du mal à m'intéresser aux personnages et à ce qui leur arrivait et pour être être 100% franche, je ne pense pas que je me rappellerai de cette nouvelle d'ici une semaine ou deux. Désolée. Ma note: 2/10. L'illustration est très mignonne, mais plutôt générique. Love Poems to the City, de Moïra Fowley-Doyle. Illustration par Fatti Burke. C'est une de ces occasions où on voit bien que c'est superbement écrit, mais on passe un peu à côté. Je n'ai pas vraiment été touchée par cette histoire, mais elle est très belle et l'auteur a beaucoup de talent. La première scène en particulier est visuellement forte, c'est juste que le reste ne m'a pas fait beaucoup d'effet. Je ne doute pas qu'elle sera très appréciée par d'autres lecteurs et je salue tout de même la plume. Ma note: 7/10. L'illustration rappelle les tracts que le personnage principal et ses amis distribuent dans la nouvelle, ça la rend pertinente, et elle est aussi douce-amère que le texte, je trouve. How to come out as gay, de Dean Atta. Illustration par Leo Greenfield. Et on termine avec un poème. Donc comme au début, je ne peux pas vraiment donner d'opinion vu que la poésie me passe à des kilomètres au-dessus de la tête. C'est une faiblesse que je n'ai jamais autant regrettée qu'aujourd'hui. Je remarque quand même qu'il est encore une fois question de coming out, comme pour le premier poème, donc la boucle est bouclée avec une interprétation différente d'un même thème. J'aime beaucoup le style de l'illustration et les choix faits par le dessinateur, on dirait vraiment une œuvre d'art. Probablement ma préférée du recueil. Comme je disais, donc, le niveau est plutôt consistant d'une nouvelle à l'autre. Je relirai avec plaisir On The Run, ou The Other Team et je vais suivre de près quelques uns des auteurs que j'ai découverts dans Proud. Ma note Je vais donner 8/10. C'est un très bon recueil, avec de très bons textes, mais c'est aussi un recueil important qui couvre pas mal de sujets et laisse la parole à ceux dont c'est l'histoire. Je ne peux que soutenir l'initiative.
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