J'attends ce bouquin depuis plus d'un an. Le synopsis m'avait accrochée immédiatement donc j'avais super hâte de pouvoir le lire. Et comme j'ai eu une chance monstrueuse, l'éditeur m'a envoyé un exemplaire numérique en avant-première, donc j'ai pu faire ma fangirl et me remettre un peu de mes émotions avant d'écrire mon article. Un grand merci à Flux et NetGalley, donc, pour l'exemplaire que j'ai reçu en échange d'une critique honnête. Pour résumer ce que j'en ai pensé: mindf*ck of EPIC proportion. J'avais des attentes énormes et Adam Sass les a comblées au centuple. Je savais que ce livre serait brutal, l'auteur a suffisamment prévenu, donc j'ai attendu d'être en état de le supporter. J'insiste à mon tour sur les TW pour homophobie/transphobie et agressions homophobes violentes qui vont jusqu'au meurtre, parce qu'en plus de se passer dans un camp de conversion, certains employés du camp sont particulièrement sadiques. Il y a aussi plusieurs relations à différents degrés de toxicité, d'Ario qui pousse Connor à faire son coming out alors qu'il n'est pas prêt, à un employé de Nightlight qui entretient une liaison avec un des campeurs. Sans être du trauma porn, ce n'est clairement pas un roman léger donc allez-y préparés. Le fait que des histoires comme Connor existent est juste terrifiant. Il est foutu dès le début, avec sa mère qui n'arrête pas d'essayer de lui faire reconnaitre un enfant qui n'est pas de lui. J'étais sciée de voir à quel point elle refusait de croire son propre fils juste pour se conforter dans l'idée que Connor n'est pas réellement gay. Moi qui me suis souvent demandé quel genre de parents pouvait envoyer son enfant se faire torturer, j'ai eu ma réponse. Des parents prêts à inventer les théories les plus invraisemblables pour refuser la vérité et justifier leurs actions. C'est terrifiant, ce niveau de délusion, en particulier chez les personnes qui ont une quelconque autorité sur nous. J'ai la chance d'avoir une mère formidable sur qui j'ai toujours pu compter dans ma vie, et imaginer devoir vivre sans ce soutien, ça me fait froid dans le dos. Je ne m'attendais pas à ce que l'intrigue concernant Ricky soit l'axe principale du roman, mais ça ne m'a pas dérangée. De cette manière, on voit toujours le quotidien du camp de conversion, mais il sert de cadre à une vraie enquête "policière", ce qui permet d'éviter de tomber dans le voyeurisme et le trauma porn. L'accent est clairement mis sur la manière de s'échapper et la recherche de ce qui est arrivé à Ricky, parce que les campeurs percutent rapidement que c'est sans doute la meilleure manière de faire tomber Nightlight. C'est plausible et ça fonctionne parfaitement. Spoilers! La mort de Drew m'a prise complètement par surprise. Je crois même avoir balancé un "HOLY F*CK!" en lisant ce passage parce que je ne l'avais vraiment pas vu venir. En revanche, je n'ai pas gobé une seconde l'hypothèse du suicide. Le timing était trop suspect, les cris aussi, et je ne voyais pas Drew se suicider au moment où il apprenait que sa famille le recherchait. Au contraire, c'était une motivation retrouvée pour aider Connor et s'enfuir avec les autres, donc le fait qu'il ait en plus décidé de se suicider là où Connor comptait aller chercher des indices? La coïncidence me paraissait trop belle. En revanche, j'admets que concernant le qui... Miss Manners avait déjà mentionné qu'elle n'était pas fan de la relation que Briggs entretenait avec Drew et je n'ai pas douté une seule seconde qu'elle était capable de tuer. Cette femme est juste monstrueuse. Et j'avais justement remarqué qu'elle n'était pas au déjeuner avec les autres, donc j'ai gobé facilement que c'était elle. C'est ce qui fait la force de Surrender Your Sons, d'ailleurs. Les indices se découvrent au compte-goutte, mais sans donner l'impression de stagner et sans non plus vendre la mèche avant le moment de tout révéler. Le mystère qui entoure le camp et sa relation avec Ricky se lève progressivement, d'une manière parfaitement maitrisée, avec des plot twists de dingue (le coup de l'urne, franchement...). Moi qui suis si friande d'intrigues complexes et bien menées, j'adore. Niveau réalisme, il y a un point négatif dont je vais me débarrasser tout de suite: les évènements au camp se passent sur une journée. Je trouve cette fenêtre de temps très, très courte. Trop courte. En particulier au niveau de la relation entre Connor et Marcos, qui se connaissent à peine. Par contre, Darcy est les autres campeurs aident à éviter un autre écueil qui aurait pu arriver: ça fait des mois qu'ils travaillent à leur fuite. Ils n'ont pas attendu que Connor arrive pour leur montrer la voie à suivre, ils se sont organisés et ont fureté autant que possible de leur côté pour faire tomber Nightlight bien avant que leur "sauveur" n'arrive. Et ça, c'est pas juste super cool, ça rend carrément la réussite de leur plan parfaitement crédible. Et même si j'étais sceptique au départ à l'idée que Miss Manners les laisse partir, en y réfléchissant... Le révérend est mort, elle n'a jamais apprécié Briggs, et si elle peut en profiter se débarrasser du danger que représente Bill à cause de sa cavale, c'est tout bénéfice pour elle. Lightlight est irrémédiablement tombé, mais en ce faisant, lui a présenté une opportunité en or de tout recommencer ailleurs, sans avoir à tolérer ce que le révérend lui imposait (Briggs en tête de liste). Et le message qu'elle a envoyé à Connor à la fin? Du pur sadisme, ce qui lui ressemble bien. J'ai espéré que la mère de Connor essaierait de faire amende honorable, mais je trouve que Sass a fait le bon choix concernant sa réaction. Elle a envoyé son propre fils à la mort, donc à moins d'être prête à accepter la culpabilité qui en découle, elle ne peut que s'enfoncer encore plus dans ses croyances pour se protéger. Je pense que l'idée d'avoir laissé son fils subir un tel calvaire est trop douloureuse pour qu'elle puisse l'accepter, donc elle se protège en se disant qu'elle a eu raison, que Connor ment, que rien de toute cette histoire n'est vrai. Quand même, ça en dit long sur la mère de voir qu'elle préfère croire que son propre fils est un assassin que d'accepter qu'elle a eu tort. Bienvenue chez les pro-Trump, qui préfèrent inventer des conspirations qu'admettre qu'ils ont tort. Donc c'est triste, mais ça a le mérite d'être réaliste jusqu'au bout. Ma note 9/10. Les évènements se passent sur une période trop courte pour ne pas me faire tiquer, mais à part ça, c'est un mystère qui tient en haleine et qui met en lumière la thérapie de conversion, une pratique indigne, d'autant plus dangereuse qu'elle est bien rodée et souvent bien cachée. Au sujet de la thérapie de conversion D'ailleurs, vous saviez que c'était pratiqué en France? Personnellement, je l'ignorais avant de faire quelques recherches sur le sujet. Pardonnez moi l'expression mais j'en suis restée sur le cul. C'est pratiqué par certaines communautés religieuses comme l'explique cet article du Huffington Post. Heureusement, un projet de loi sur le sujet a été déposé en juin par la député LREM Laurence Vanceunebrock et attend d'être examiné par l'Assemblée Nationale. Et autant vous dire que si ça ne passe pas, je vais être très, très colère.
0 Commentaires
Laisser une réponse. |
Prochains articles:
White Smoke, de Tiffany D. Jackson.
Nos Jours Brûlés, de Laura Nsafou, en lecture commune avec:
Cadeau Muhayimana Moune La Booktillaise pour le Café Lithéraire Oddball, de Sarah Andersen.
Exemplaire numérique envoyé par Andrews McMeel Publishing (merci à eux!) Catégories
Tous
Archives
Décembre 2022
|