This is Halloween, folks! Vous savez ce que ça implique: un livre flippant. Enfin, aussi flippant que je peux le supporter, donc pas tant que ça, en fait. Mais c'est l'intention qui compte, non? Bref. The Creeper Man (And the Trees crept in, aux US) est le second livre de Dawn Kurtagich (ne me demandez pas comment ça se prononce...). Des lecteurs refusaient de le finir tellement ils avaient peur et R.L. Stine et Christopher Pike vantaient son premier, donc j'ai sauté sur une promo. Je n'ai pas vu de traduction française pour cette auteure, désolée. Mais j'imagine que vous commencez à avoir l'habitude. Bref, c'est Halloween, j'étais prête pour la peur. Sauf qu'elle n'est jamais venue. *silence incrédule* C'est ça que les gens appellent "effrayant"? Je suis tellement trouillarde que j'ai eu un mal de chien à passer la première saison de Supernatural et ce livre ne m'a même pas empêchée de fermer l’œil la nuit. WTF? Ce livre n'est pas effrayant. Il est oppressant, dérangeant à la limite, mais si on peut se retrouver bien dégoûté et un peu claustrophobe, il n'y a vraiment pas de quoi dormir avec la lumière allumée. En fait, je pense que je me suis un peu fait arnaquer parce qu'on m'a vendu la descente dans la folie de Silla comme une histoire horrifique de Slender Man alors qu'en fait, niveau horreur... Oh, on a bien quelques scènes plutôt stressantes, mine de rien. Mais plutôt que de l'imagerie gore, on est plus dans l'horreur d'ambiance. Il y a des éléments gothiques, le manoir, les bois, les parquets qui craquent, les bruits pendant la nuit, mais aussi des éléments de suggestion. C'est là qu'on va avoir les portes ouvertes alors que Silla les a fermées, les arbres qui se rapprochent dès qu'on ne les regarde plus, les éléments qui laissent penser qu'il y a une présence étrangère sans qu'on ne puisse la voir. Les passages écrits par Nori le confirment parce qu'elle, elle voit le Creeper Man. Dans la maison. Le souci, c'est que ces éléments soit perdent en efficacité par leur répétition, soit n'arrivent que trop rarement pour que la tension reste. Et vous savez par quoi cette tension est coupée? L'amouuuuuuuuuuuuuuur. Génial [insérer panneau "sarcasme"]. Par contre, je dois parler de la mise en page. The Creeper Man m'a été recommandé parce que j'avais acheté Fairytales for Wilde Girls et je comprends pourquoi. Par contre, contrairement, à FTFWG, la mise en page étrange de The Creeper Man est complètement justifiée et les ajouts au récit s'insèrent parfaitement dans l'intrigue. Les petites comptines en début de chapitre sont enfantines mais dérangeantes, elles m'ont rappelée un peu les poèmes de Tim Burton (en passant, si vous n'avez pas lu La triste Fin du petit enfant huître, sautez dessus). D'ailleurs, j'ai mis le synopsis dans la présentation mais le quatrième de couverture de mon édition a une comptine à la place: There's a man in the trees, a man with no eyes, but still he watches, that's the surprise. Stay away from the woods, it couldn't be clearer, but the trees are creeping nearer and nearer... Beware the creeper man. Certains mots, dans certains chapitres, sont en gras. Ils peuvent paraitre choisis au hasard mais si on ne lit que ces mots, on trouve un second sens. Exemple avec quelques paragraphes du chapitre "Beautiful disposition" (p.45-47): "When/dark/and/absence/came/I/felt/empty/and/afraid/But/now/there's/only/the thing in the woods/and/a ghost". Et parmi les petites choses à décrypter, connaitre le morse peut aider. Nori l'utilise parfois pour communiquer à travers une porte ou un mur et le titre du chapitre 8 du livre 5, c'est "No". En morse, donc. Enfin, on a aussi des notes écrites sur des morceaux de papier, généralement par Silla, et on change de police d'écriture quand on passe au point de vue de Nori. Exemple des pages 60 et 61: J'avoue que je suis assez fan, parce que ça reste facile à suivre et c'est pertinent dans le récit. Une touche sympa. Au niveau de l'écriture, le style est agréable à lire et retransmet bien l'ambiance que l'auteure veut donner au roman. L'atmosphère est de plus en plus oppressante au fil de l'histoire. Non seulement les arbres se rapprochent, mais on commence aussi à douter de la santé mentale de Silla. Encore une fois, la mise en page aide à s'en rendre compte. Donc Silla et Nori. Nos deux personnages principaux. On comprend assez vite que Nori est muette (elle signe) et qu'elles arrivent chez leur tante Catherine parce que leur père est violent. En tout cas, c'est ce qu'on nous donne comme explication au début. On n'a pas vraiment l'occasion de bien connaitre Nori parce que Silla et Gowan, mais surtout Silla, prennent toute la place. Je trouve ça un peu dommage, d'ailleurs, mais ça reste plausible vu le dénouement. Silla est le personnage vedette et le roman est écrit de son point de vue, à l'exception des quelques passages écrits par Nori ou racontés par Cath. Elle écrit à la première personne et on peut suivre ses pensées, y compris celles qu'elle essaye de repousser. Ce qui est dommage, c'est qu'en-dehors de ce qu'elle vit au Manoir, on ne sait quasiment rien d'elle. Pas d'ancienne vie. Comme si elle n'avait jamais existé avant d'arriver chez Cath, à part le passage qui nous intéressera plus tard. Pas d'école, pas d'amis, rien. Sachant que Silla a 14 ans en 2013 (il me semble), le fait qu'elle n'ait même pas un téléphone portable semble assez étrange, mais j'y reviendrai dans les spoilers. D'ailleurs les voilà: attention spoilers. Vu le temps que Silla et Nori passent à La Baume sans la moindre nouvelle de leurs parents, c'est assez évident que quelque chose leur est arrivé. Sans blague, une ado a fugué avec sa petite sœur de quatre ans et s'est réfugiée au manoir de sa tante, dont elle exigeait sans cesse que sa mère lui parle. Si ça avait été moi, ma mère aurait frappé à la porte le soir même de mon arrivée, ou si elle n'avait pas pu, aurait envoyé les flics me chercher. Donc leurs parents auraient dû les retrouver très rapidement. Ma théorie première était que Papa avait tué Maman dans une scène de violence conjugale et qu'il ne savait pas où chercher ses filles. Il s'avère finalement que c'est bel et bien ça. Mais même là, ça gêne parce qu'elles avaient bien des voisins? Ou elles allaient à l'école? Non? Personne pour signaler leur disparition à la police? Parce que j'imagine que le manoir de leur seule tante encore vivante devait être parmi les premiers endroits où les chercher, surtout si Cath n'était pas joignable par téléphone. Pour moi, le fait que personne ne les cherche était suspect. Ce qui nous amène au "plot twist" de la fin, à savoir qu'en fait, ils sont tous morts. Silla, Nori, Cath et Gowan. Ben... Désolée mais quand on a vu Les Autres (entre autres), on s'y attend un peu. Surtout qu'en plus du fait que personne ne recherche deux jeunes fugueuses, Silla a passé deux ans sans sortir de la maison et sans que personne ne leur apporte des provisions. Même en étant anorexique, en mangeant très peu ou s'il y avait eu des provisions dignes d'un bunker anti zombie apocalypse à la cave, c'était peu probable qu'elle ne soit pas morte de faim depuis tout ce temps. Je pense que ce serait mieux passé si ça avait été quelques mois au lieu de deux ans. Et franchement, la faire mourir de faim auprès d'une Nori malade? Non. Pas en 2015. En 2015, les enfants malades, on les amène à l'hôpital. Ce qui est dommage, c'est que vu l'ambiance gothique et recluse que l'auteure a voulu donner à son livre, ça aurait été tout à fait possible de situer la mort de Nori et Silla au début du siècle dernier, juste avant la WWI, par exemple. L'époque moderne n'avait pas particulièrement prise sur le cadre (pas de téléphone, pas d'ordinateur, ...), donc pourquoi s'entêter à situer l'histoire dans cette période au lieu de la placer dans l'ambiance clairement recherchée par l'auteure? Les vieux manoirs hantés au milieu des bois, ce n'est pas très 21ème siècle, après tout, et vu que le fait de situer l'histoire à notre époque provoquait les incohérences que j'ai relevées sans rien apporter pour justifier ce choix, je pense que c'était une mauvaise idée. Du côté de Cath, c'était plus difficile à voir, surtout que Silla dit que le *creak* est le bruit du parquet qui craque sous les pas de Cath. Donc je n'avais pas vu venir le fait qu'elle s'était pendue et que le *creak* était en fait le bruit de la corde qui se balance. Par contre, je trouve qu'on a perdu une belle occasion de faire dans l'effrayant, justement. Silla aurait pu apercevoir de temps en temps une femme pendant au plafond d'une pièce ou d'un couloir. Les derniers mots que Cath avaient écrits sur le mur, "He's coming", auraient pu apparaitre ailleurs dans la maison. Un clignement d'yeux et plus rien. Est-ce que Silla hallucine? Est-ce que le manoir est hanté façon Amityville? Je pense que le suicide de Cath est un élément qui aurait vraiment pu ajouter de la tension au roman, ce qui aurait été appréciable parce que je trouve sincèrement qu'il en manquait. Après tout, le Creeper Man n'apparait pas souvent, et surtout, il est dans les bois. Certes, les bois se rapprochent, mais on a quand même le temps avant qu'ils n'atteignent la maison. Alors que si on ajoutait une vraie peur dans la maison, et pas juste ce trou dans le sol de je ne sais plus quelle pièce, un élément concret qu'on pourrait trouver au détour de n'importe quel couloir sans crier gare, là, on aurait eu une tension permanente et vraiment horrifique, ainsi qu'un dilemme pour Silla: rester dans cette maison hantée ou fuir à travers les bois où le Creeper Man se terre. Passons à Gowan. le mystérieux jeune homme qui traverse les bois pour venir rendre visite aux filles sous prétexte qu'il a grandi là à l'époque où c'était un orphelinat. Mouais. Je n'étais déjà pas hyper convaincue au départ, mais quand Silla a traversé les bois pour déboucher sur une ville fantôme où plus personne ne vivait, c'est devenu plus que suspect. Si personne ne vit en ville, d'où vient Gowan? Encore un suspense raté. J'ai cru à un jeune garçon mort dans le manoir à l'époque de l'orphelinat. J'ai bien envisagé qu'il puisse être le Creeper Man pendant un instant, quand on a parlé du Creeper Man comme étant un protecteur. J'ai grandi avec les films de Burton, il y a bien longtemps que j'ai appris qu'un monstre effrayant n'était pas forcément méchant. Toujours est-il que pour moi, il ne voulait clairement pas de mal à Silla et Nori, même si je me demandais ce qu'il pouvait bien faire là. Il s'avère que c'est en fait le vieil homme mort au début du deuxième livre. Pourquoi pas. Pour le Creeper Man, une fois établi qu'il était bel et bien méchant, j'ai soupçonné le père de Silla, puis celui de Cath. J'ai pensé que peut-être, il avait tué sa fille Anne et que son fantôme hantait le manoir. Mais non, en fait, c'était Silla qui devait se pardonner à elle-même. *soupir* Je n'ai pas aimé dans un autre livre il y a quelques mois, ce n'est pas pour le laisser passer dans The Creeper Man, surtout que là, c'est pire: on m'a vendu un livre d'horreur avec un monstre qui n'est même pas un vrai monstre! Quelle déception. Et qui a tué Anne, alors? Enfin, à ce stade du livre, de toute façon, je ne pigeais plus rien, donc très franchement, ça ne m'intéressait plus que moyennement. Du moment où il a fallu chercher Nori dans les bois, ça a pris une direction tellement WTF à mes yeux que j'ai carrément décroché et que je ne faisais plus qu'attendre la fin. On est partis complètement dans la métaphore et la peur était tellement absente que Silla a même pris le temps de s'envoyer Gowan. OK. Moi aussi, quand ma petite sœur de six ans vient de se faire kidnapper par un monstre qui va probablement la tuer, j'aime bien m'arrêter pour une partie de jambes en l'air. Why not *eyeroll* J'imagine qu'il fallait coucher avec Gowan AVANT de le soupçonner d'être le Creeper Man, une fois que ce n'était plus du tout logique, parce que... Drama? Je ne sais même pas. Toujours est-il que toute la tension qu'on avait difficilement construite dans les deux premiers tiers du livre est complètement retombée juste avant le dénouement ET en fait y avait pas de vrai monstre. Worst soufflé ever. Et la fin... Donc ce cauchemar que vit Silla, elle le vit depuis 70 ou 80 ans en boucle, en pire chaque année, jusqu'à ce que son amoureux vienne finalement la sauver. Pour une raison qu'on ignore, elle a entrainé Cath et Nori avec elle, mais c'est fini, maintenant, Gowan est revenu la délivrer de son Enfer personnel. En quelque sorte, lui aussi s'est retrouvé à affronter sa culpabilité après sa mort et maintenant, ils peuvent repartir sur Terre (?) pour avoir une nouvelle chance de se bécoter quand Silla n'est pas couverte de moisi et en train de cracher toutes ses dents pourries une par une. Romantique. Voilà, tout ça pour ça. C'est vraiment dommage parce qu'il y avait beaucoup de potentiel mais je suis restée sur ma faim. Ce n'est pas un livre d'horreur, ce n'est pas non plus une romance paranormale, en fait, c'est une intrigue un peu bâtarde entre les deux et le mélange n'a pas pris avec moi. Ceci dit, le style de l'auteure est vraiment intéressant donc je pense que Dawn Kurtagich est à suivre de près. Ma note 5/10. C'est pas mal dans le style "descente dans la folie" et c'est très bien écrit, mais j'ai trouvé le côté horreur plutôt mal maitrisé et plusieurs retournements de situation beaucoup trop faciles à comprendre quand on a un minimum d'expérience du genre. Le mois prochain J'ai choisi Wonder Woman: Warbringer, de Leigh Bardugo, qui je viens de commencer et qui me parait très prometteur.
Et je vous prépare un article sur Laisse-moi entrer, de John Ajvide Lindqvist, que j'ai terminé récemment et qui s'avère plus approprié à mes yeux pour Halloween.
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