Je me rends compte que je lis pas mal de livres pas encore traduits et j'en suis désolée pour les non bilingues parmi ceux qui me lisent (donc probablement pas grand monde, en fait). When Dimple met Rishi (traduisez "Quand Dimple rencontre Rishi") m'a été recommandé par Goodreads parce que j'avais lu The Hate U Give. J'ignore pourquoi, vu que le seul rapport entre les deux histoires est que les protagonistes ne sont pas blancs, mais le synopsis avait l'air sympa et les critiques très élogieuses alors j'ai profité d'un chèque cadeau Amazon pour me faire une idée. Ben c'était pas mal. Sympathique, mais pas extraordinaire. Disons que ça ne deviendra pas un de mes livres préférés, même si j'ai apprécié ma lecture. Le titre fait référence à Quand Harry rencontre Sally et ça annonce directement la couleur. Ceci est une comédie romantique, avec tous les clichés du genre. Tout le côté création d'appli est mis de côté et l'Insomnia Con n'est rien de plus que le cadre de la romance entre Dimple et Rishi. Vous êtes prévenus, donc lancez-vous en connaissance de cause: si vous cherchez un livre où on parle de codage, When Dimple met Rishi n'est absolument PAS le livre qu'il vous faut. On ne parle quasiment pas de la création d'appli dans ce livre, le focus est vraiment sur la romance. Comme tout roman "romantique" (sans mauvais jeu de mots), le charme de When Dimple met Rishi repose en grande partie sur ses deux personnages principaux, Dimple et Rishi, donc. Ce qui fonctionne plutôt bien parce qu'ils sont tous les deux très attachants. Dimple est une jeune femme drôle et indépendante, plus intéressée par l'informatique que par le mariage, au grand désespoir de ses parents. Rishi est un jeune homme adorable et maladroit qui envie un peu le mariage de ses parents et écrit des comics en secret. Le point de vue alterne régulièrement entre les deux personnages, mais aucune chance de perdre le fil, leur nom est écrit en gros à chaque changement. Il y a bien quelques personnages secondaires qui apparaissent, mais les projecteurs sont vraiment sur la relation entre les deux personnages principaux, je précise même "la relation amoureuse" parce que leur relation de travail n'est que très peu abordée. Ce n'est pas dérangeant, mais je trouve un peu dommage de négliger le cadre, en particulier pour Dimple. Son rêve est de remporter l'Insomnia Con mais on n'en parle finalement que très peu. L'inclusion de la culture indienne, en plus de l'influence qu'elle a sur la rencontre des deux personnages principaux, apporte de la fraîcheur dans un genre littéraire quand même assez formaté. Elle rend la scène de la rencontre assez originale et ça me plait, d'autant que je l'ai trouvée très drôle. J'aime aussi que l'auteure ait inclus des mots indiens dans le texte. Je trouve que ça apporte de l'authenticité aux dialogues avec les parents et c'est fait de manière à ce qu'on puisse comprendre le sens de la phrase quand même. De manière plus générale, je suis contente de voir un livre où une culture différente de la mienne est si présente. Je trouve que ça manque vraiment dans le paysage littéraire et même s'il aurait pu être meilleur, je suis contente que ce livre existe. Mon seul regret reste que cette histoire de mariage arrangé disparaisse aussi rapidement dans l'intrigue pour redevenir une romance lambda. Je pense qu'on aurait pu faire mieux. Parce qu'il faut toujours des "méchants" dans une histoire, parmi les participants à l'Insomnia Con, nous avons des... Ben des petits cons, disons le franchement. Des gosses de riches qui se croient tout permis parce que Papa et Maman sont blindés. "Opposants" qui auraient pu être plus intéressants s'ils avaient ne serait-ce qu'une seule qualité rédemptrice, soit dit en passant. Pas de chance pour Dimple, l'un d'eux est le partenaire de sa colocataire, donc elle est "obligée" de les fréquenter un minimum, mais finalement, c'est l'inverse qui se passe et j'y reviendrai dans les spoilers. En attendant, je suis folle de Rishi: loin de se laisser faire, il n'hésite pas à tacler sévèrement en réponse à leurs remarques déplacées. Mon héros. Je suis d'ailleurs assez surprise que ce ne soit pas l'inverse: Dimple, qui ne se laisse jamais marcher sur les pieds au point de rembarrer sa propre mère, préfère encaisser leurs remarques grossières en silence, alors que Rishi, le gentil garçon un peu timide, refuse de courber l'échine. Ah. OK, pourquoi pas. Spoilers! Même si je trouve la colère de Dimple au début tout à fait justifiée, je la trouve aussi mal dirigée. Je me rends bien compte de ce que ça doit être pour elle d'avoir cru un moment que ses parents avaient accepté de l'envoyer à Insomnia Con parce qu'ils comprenaient que c'était important pour elle, et finalement apprendre qu'en fait, c'était juste une manière de diriger sa vie sans qu'elle ne s'en rende compte. La déception n'est que plus brutale du fait qu'elle a vraiment cru que pour une fois, ses parents faisaient passer son bonheur avant les traditions qu'ils essayaient de lui imposer depuis toujours. Mais le pauvre Rishi en prend plein la figure alors qu'il n'y est pour rien. Lui, il est aussi surpris qu'elle, et probablement dix fois plus embarrassé. Il ne méritait vraiment pas qu'elle l'agresse comme ça. Heureusement, parce que je n'aurais pas eu la patience de la supporter dans le cas contraire, elle se calme rapidement et accepte, à défaut de lui sauter au cou, son amitié et son aide pour développer son appli. De là, on suit le développement de leur amitié, puis de leur amour. C'est mignon, c'est plein de papillons dans le ventre et de sourires qui illuminent les visages, bref, c'est guimauve à souhait. On aime ou on n'aime pas, mais c'est romantique. Je me suis laissée prendre, même si honnêtement, ils se connaissent depuis à peine deux semaines et ils sont déjà en couple. Rishi semble avoir eu un petit coup de foudre (coucou InstaLove) et Dimple, malgré tous ses discours sur son choix de rester célibataire pour travailler sur son appli et sa carrière, ne met pas bien longtemps à céder. Premier baiser p.180, après la Little Comic Con, donc... une semaine après leur arrivée? Quelque chose comme ça. Pour une fille aussi déterminée à ne pas se laisser distraire par un garçon et à qui Rishi a fait une si mauvaise première impression au début du roman, Dimple se laisse convaincre bien vite, je trouve. Et comme 370 pages avec juste Dimple et Rishi, ça ferait long, l'auteure a compris environ deux tiers dans le livre (p.242) qu'elle avait besoin de personnages secondaires, donc on ramène Ashish, le petit frère de Rishi, et on lui fait rencontrer Celia, la colocataire de Dimple. Il était temps. Parce que Dimple et Rishi sont très mignons, hein, mais c'est quand même peu probable qu'ils ne se lient avec personne d'autre de significatif. Celia était déjà là, bien sûr, mais elle était honteusement négligée du fait qu'elle était plutôt amie avec les Aberzombies. Ashish, lui, avait eu quelques pages de présentation rapide au début du roman et salut. Donc c'était une petite bouffée d'air frais de les voir arriver. Mais si je suis contente de l'inclusion d'Ashish et de Celia, je les trouve tout de même largement sous exploités. Quand je dis qu'il n'y en a que pour la romance Dimple/Rishi, je suis sérieuse. Il n'y a de la place pour RIEN d'autre. Du coup, c'est dommage que Celia et Ashish n'aient pas été vraiment inclus avant le dernier tiers du livre, parce que je les trouve vraiment intéressants. La "rivalité" entre Ashish et Rishi est expédiée très rapidement, d'autant qu'on l'a à peine vue, et la mise en couple avec Celia bat carrément le record InstaLove, parce que cette explication rapide sur leur première rencontre ne m'a pas convaincue du tout. Ashish, que Rishi décrit comme un tombeur, tombe raide dingue de cette fille qu'il ne connait presque pas, couche avec elle dans les premières dix minutes, et "c'est la bonne"? Si Ashish était arrivé au début, avec Rishi, ça m'aurait paru beaucoup plus plausible. Je n'ai pas compris l'intérêt du talent show. Ce sont des codeurs, pas des artistes, et ils doivent monter un numéro en une semaine pour décrocher mille dollars pour leur appli. Pourquoi? Pourquoi un talent show? Pourquoi pas un truc en rapport avec le codage? D'autant qu'ils n'ont que six semaines pour créer leur appli, pourquoi leur demander de consacrer du temps à quelque chose qui n'a rien à voir et ne les aidera pas dans leur projet? Mais c'est pas grave, Dimple se découvre un talent de danseuse et Rishi et elle vont le remporter de toute façon. Tu parles d'une surprise. Parce que les surprises, on aurait pu en avoir plusieurs sympas, mais non. Nada. J'aurais aimé un plot twist du genre "Rishi tombe en fait amoureux de Celia et Dimple craque pour Ashish" ou "en fait les parents de Dimple se sont rendu compte qu'elle se sentait seule et ceux de Rishi qu'il lui manquait le courage de suivre sa passion donc on va les faire se rencontrer pour qu'ils se poussent l'un l'autre dans la bonne direction, mais ce n'était pas pour qu'ils se marient". Mais non. Ils étaient juste faits l'un pour l'autre. Kismet, comme ils disent. Oh well. Je signale aussi, bien sûr, la présence de la petite scène "je cours te chercher à l'aéroport avant ton départ mais tu m'attends là où moi, je devais être, alors on repart triste et on se croise par hasard et on se tombe dans les bras", parce que c'est cliché à souhait. Ce n'est pas hyper grave, c'est juste complètement attendu. Finalement, c'est la force et la faiblesse de ce roman: c'est une romance adorable qui respecte tous les critères du genre, mais justement parce que ça coche toutes les cases, on n'a aucune surprise. Il y a bien le côté mariage arrangé et la culture indienne qui ne sont pas forcément répandus, mais ces éléments ont trop peu de poids dans l'intrigue pour que ça bouscule vraiment les codes. C'est limite écrit en suivant le manuel de la parfaite comédie romantique. Les amateurs du genre vont probablement être ravis, mais moi, je trouve ça presque scolaire. La fin montre une tentative de sortir des clichés en ne faisant pas gagner Dimple et Rishi. Sauf qu'on enfonce le clou "c'est trop injuste, ils ont gagné juste parce qu'ils sont privilégiés" en insistant bien sur le fait que Hari et Evan ont acheté leur victoire au lieu de la devoir à leur talent. Mais heureusement, Jenny Lindt n'est pas dupe et a repéré le potentiel de Dimple, au point de lui proposer de développer son appli à elle au lieu de celle des gagnants. Donc déjà ça ne marche pas. Dimple a quand même gagné, et en plus, très honnêtement, je ne comprends pas pourquoi. Aussi sympa que soit son appli, elle ne ne concerne que les diabétiques, qui ne représentent qu'une petite part de marché (j'ai vérifié), alors qu'on n'a qu'un nom pour celle d'Evan et Hari, et la parole de Dimple comme quoi cette appli est stupide. Si ça se trouve, elle peut toucher un public beaucoup plus large et donc se vendre mieux, d'où leur victoire. On n'en sait rien mais on doit partir du principe que l'appli de Dimple est la meilleure, qu'Evan et Hari sont des gosses de riches pourris gâtés, prétentieux et vulgaires donc leur idée était forcément débile et leurs compétences proches de zéro (???) et que la défaite de Dimple est injuste. Ce qui est confirmé par Jenny Lindt avec sa proposition pour développer son appli au lieu de l'autre, parce que c'est évidemment comme ça que ça doit se terminer. Alors que Jenny aurait pu apparaitre pour lui dire qu'elle était très douée, mais que malheureusement, la concurrence était meilleure, mais qu'elle ne devait pas abandonner, le pep talk habituel, et Dimple serait partie à Stanford avec les encouragements de son idole et la maturité d'encaisser un échec. Même au niveau développement du personnage, ça m'aurait paru plus intéressant. De son côté, par contre, Rishi ne reçoit aucune nouvelle de Leo Tilden pour ses dessins, ce que je trouve franchement dommage parce que des deux, il me semblait le plus talentueux, probablement parce que lui, on l'a vu à l’œuvre. On l'a vu dessiner, on sait ce dont il est capable, on a pu constater avec quelle passion il le fait, contrairement à Dimple, qu'on n'a jamais vue coder. Je crois que c'est ça qui me donne cette impression que Rishi est plus méritant. Lui, on l'a vu travailler sur sa passion. Pour de vrai, pas juste en parler. J'aurais préféré que ce soit lui qui s'en sorte le mieux à la fin. Mais l'espoir est permis. Et je rajoute une mention pour l'inclusion de minorités, et pas juste Dimple, Rishi et leur famille. Hari est d'origine indienne aussi, Celia est d'origine hispanique et au moins bisexuelle (elle mentionne une ex petite amie, à un moment) et Leo Tilden est sourd. C'est juste dommage que personne ne soit aussi travaillé que Dimple et Rishi. C'est un roman sympa, mais qui aurait pu être bien meilleur. L'auteure marche en-dehors des clous mais en restant juste à côté, donc ça se veut original, mais finalement, ça ne l'est pas. Et si on enlève le côté diversité, on n'a plus qu'une romance avec un cadre et des personnages plutôt lacunaires. C'est agréable à lire, mais ce n'est pas suffisant. Ma note Je vais donner 5/10. C'est bien écrit mais si le principe de base se veut différent, le contenu reste le même que dans n'importe quel autre livre du genre. On reste beaucoup trop près des tropes de la comédie romantique, donc on n'a aucune surprise. Et tout ce qui ne concerne pas directement la romance est trop négligé à mon goût. Le mois prochain J'ai choisi Moi, Simon, 16 ans, Homo Sapiens, de Becky Albertalli, parce que ça fait déjà deux fois que je le remets à plus tard et c'est pas sérieux.
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