Depuis le temps que je pensais à le faire, finalement je l'ai fait! Si vous êtes passé à côté de Drag Race France cet été, COUREZ regarder les huit épisodes de cette première saison sur FranceTV! Un tag? Des recommandations? Je ne sais pas vraiment. Mais je savais dès le premier épisode diffusé que je voulais faire un article en rapport avec Drag Race France. OK, ça m'aura pris plus de temps que je l'aurais cru, mais c'est un mal pour un bien parce que ça m'a permis de me faire une idée plus précise du style des candidates pour affiner mes choix de livres. Est-ce que c'est 100% accurate? Probablement pas, ça reste basé sur la perception que j'ai eue des différentes queens au fil des épisodes. Mais j'ai fait de mon mieux. Le principe est simple: une queen = un roman. Choisi en fonction de ce que m'inspire la queen en question. Prêts? Alors go! Kam Hugh => Fashion Victime, de Juno Dawson. Kam Hugh est définitivement une fashion queen. Les looks qu'elle a présentés, dans les challenges comme aux défilés, étaient tous particulièrement soignés et elle a l’œil pour les belles choses. C'est dommage qu'elle n'ait pas eu l'occasion de briller dans d'autres challenges, mais je pense qu'elle est capable de plus que ce qu'elle a montré dans l'émission. Et quoi de mieux pour illustrer la profondeur derrière la façade de la mode que Fashion Victime, le roman choc de Juno Dawson? On y suit Jana, une jeune femme repérée par une agence de mannequinat, qui nous emmène découvrir l'envers du décors des photoshoots, défilés et unes des journaux. Et on ne va pas se mentir, le milieu de la mode est beaucoup moins reluisant une fois les paillettes démaquillées. Heureusement pour Kam, la comparaison s'arrête là parce que même out of drag, elle reste très jolie. La Big Bertha => Les Petites Reines, de Clémentine Beauvais. De son propre aveu, La Big Bertha, c'est "la charcutière". Elle aime la bonne bouffe, assume totalement ses rondeurs, les revendique, même. Et c'est un aspect de sa personnalité qu'elle partage avec Mireille, l'héroïne des Petites Reines, qui se lance avec deux camarades de classe dans un trajet à vélo à travers la France en vendant du boudin après avoir été élues "Boudin d'Or", "Boudin d'Argent" et "Boudin de Bronze" de leur lycée. On retrouve la même assurance, le même "oui, je suis grosse, et donc?", et même la charcuterie! Avec de l'humour et de l'optimisme. Donc comme dirait Bertha: Bon Appétit! Ellips => Dernière Nuit à Everland, de Sophie Cameron. Il y a quelque chose de fascinant chez Ellips. Un mystère. Essayer de la définir, c'est se vouer à l'échec. C'est son choix de look pour le thème Ma France à Moi, qui m'a fait penser à Dernière Nuit à Everland, de Sophie Cameron. Une tenue plutôt sobre au départ, mais quand elle l'entrouvre et nous laisse voir ce qu'il y a derrière le rideau, c'est une explosion de couleurs et de fierté d'être queer. Everland, le monde alternatif qu'on découvre derrière des portails qui paraissent tout à fait banals dans le paysage, me donne cette même impression d'un univers magique et plein de joie dissimulé dans notre monde. Un univers joyeux, brillant et magique. Comme Ellips quand on la voit sur scène. Lolita Banana => Summer in the City of Roses, de Michelle Ruiz Keil. Lolita, elle déchire. Elle danse comme une reine, elle est hilarante et si elle parait un petit peu connasse à première vue, on se rend vite compte qu'elle a du talent à revendre et un cœur d'or. Elle a aussi plusieurs looks absolument iconiques au compteur, dont la robe Gilet Jaune, le look Mylène avec son message important sur le VIH et son makeover absolument parfait (sérieux, le jugement de cet épisode est un véritable SCANDALE). Mais un de ses meilleurs looks reste la robe de sa cousine Viva la Vidrag! Parce que Lolita, c'est aussi la famille. Donc la famille, une personnalité solaire et un héritage latino? Summer in the City of Roses s'est imposé à moi comme une évidence. C'est une réécriture libre du mythe d'Iphigénie, avec une héroïne qui se lance à la recherche de son frère autiste, qui a fugué. C'est sensible, c'est queer, c'est magnifique, bref, c'est tout Lolita. Et la plume de Michelle Ruiz Keil est trempée dans l'or liquide. Soa de Muse => The Gilded Ones, de Namina Forna. Soa, c'est une guerrière. Banlieusarde revendiquée, fière, affirmée, elle transcende le genre (out of drag, Soa est non binaire). Clairement, c'est une star. Qui de mieux que Deka, une jeune femme qui rejoint une puissante armée grâce à son sang doré, pour la représenter en roman? Un talent inné, des aptitudes extraordinaires, une communauté de féroces guerrières autour d'elle, cette description pourrait leur convenir à toutes les deux. Je suis persuadée qu'elles s'entendraient à merveille. Et quiconque aime les romans de fantasy et Soa de Muse, adorera The Gilded Ones. La Grande Dame => Girls with Sharp Sticks, de Suzanne Young. Je vais être franche, à part le côté très mannequin de La Grande Dame, je n'arrive pas du tout à la cerner. J'en suis la première navrée mais je ne saurais pas la décrire autrement que comme une beauté froide. Du coup, j'ai dû bien me creuser la tête, mais j'ai finalement trouvé que Girls With Sharp Sticks était un bon équivalent livresque. Une académie où les jeunes filles sont poussées à la perfection la plus absolue, qui ne jurerait pas à côté du soin que La Grande Dame apporte à ses looks. On pourrait presque la croire sortie de l'Innovations Academy. Lova La Diva => Gatsby le Magnifique, de F. Scott Fitzgerald. On va pas se mentir, Lova s'est plus ou moins ramassé la tronche sur tous les challenges. MAIS. Il y a quelque chose chez elle qui fait qu'on l'aime. Elle est franche, drôle et c'est un vrai bonheur de la voir. Je regrette sincèrement de ne pas avoir pu la voir briller, surtout qu'elle comptait faire Maïté au Snatch Game! Ce que j'aurais donné pour voir ça... Ceci dit, ce choix appuie un fait qu'elle-même revendique: c'est une queen old school. Et pour cette raison, j'ai choisi un classique de la littérature qui m'a touché autant que Lova: Gatsby le Magnifique. C'est un roman qu'on adore ou qu'on déteste, mais j'ai été très émue quand je l'ai lu. C'est une tragédie au sens classique du terme qui met une claque dans la tronche de l'élitisme, qui n'a eu que peu de reconnaissance au moment de sa sortie, mais dont la qualité ne fait aucun doute. Comme Lova. La Kahena => Sirem et l'Oiseau maudit, de Yasmine Djebel. La Kahena se décrit elle-même comme un personnage mi-femme, mi-déesse guerrière. Et comme elle revendique ouvertement de s'inspirer en partie de l'Histoire, je ne peux pas m'empêcher de me demander si son nom est, entre autres, un hommage à la reine Dihya, une reine guerrière berbère du VIIème siècle (merci Wikipedia parce que je suis d'une inculture crasse en Histoire, mais promis, je vais faire des recherches parce qu'elle a l'air extraordinaire!). Mais le surnom "Kahena" faisait référence à un don de divination que la reine aurait eu. Cette notion de prophétie, associée à une culture berbère, m'a fait penser à un roman qui va paraître en Janvier 2023 chez Rageot: Sirem et l'Oiseau Maudit. J'ai tellement hâte de le lire et je suis persuadée que si vous avez eu un coup de coeur pour La Kahena cette saison, ce roman est pour vous. La Briochée => The Heartbreak Bakery, d'A. R. Capetta. Que ce soit pour son nom ou pour la tenue qu'elle portait quand elle a franchi le seuil de Drag Race France, comment ne pas associer La Briochée à la pâtisserie? Ce que j'aime en particulier chez elle, c'est qu'il y a un côté romantique dans son drag. Sa chanson pendant le talent show, son interprétation de Marion Cotillard/ Édith Piaf, il y a un aspect vieille France romancée qui m'a dirigée vers une histoire d'amour. Dans The Heart-Break Bakery, un chagrin d'amour s'insinue dans une fournée de gâteaux qui se mettent à provoquer des ruptures. Ce qui pousse l'héroïne à essayer de raccommoder les couples déchirés. C'est doux, c'est fun, c'est gourmand, ... c'est La Briochée. Paloma => Scream All Night, de Derek Milman. La dernière à faire son entrée, mais pas la moindre: Paloma, notre Madame Cinéma. Son drag est d'une intelligence particulièrement fine, influencé par son immense culture cinématographique. Difficile donc de négliger cet aspect dans le choix d'un roman, c'est pourquoi j'ai choisi Scream All Night, de Derek Milman.On y suit Dario (une référence à Argento?), le fils d'un célèbre réalisateur de films d'horreur, qui accepte de rejoindre son frère pour le tournage d'un film en hommage à leur père. De quoi suivre Paloma out of drag, derrière la caméra! Clap de fin pour cette première saison de Drag Race France! Mais même si on est triste qu'elle se termine, on peut toujours aller voir les queens en spectacle et/ou se renseigner sur les spectacles de drag dans nos alentours. Et on a de la lecture en attendant la saison 2.
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